Cet article date de plus de six ans.
L'éditeur Jean-Claude Lattès est mort à 76 ans
Ecrivain et fondateur des éditions qui portent son nom, à la tête de nombreux best-sellers, Jean-Claude Lattès est décédé à l’âge de 76 ans, a annoncé dimanche Bernard Pivot à l’AFP.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Best-sellers
L'éditeur avait revendu il y a quelques années à Hachette sa maison d'édition JC Lattès, qui a notamment publié "Un sac de billes" de Joseph Joffo en 1973 ou "Louisiane" de Maurice Denuzière en 1977, mais aussi l'autobiographie de Jacques Mesrine "L'instinct de mort" la même année. Il a aussi édité "Le nabab" d'Irène Frain ou Amin Maalouf ("Léon l'Africain")."Il ne s'occupait plus depuis longtemps de la maison d'édition qu'il avait revendue", une maison créée avec son épouse Nicole, a rappelé Bernard Pivot qui était un proche et ami.
L'éditeur qui s'est lancé en 1968 en créant sa propre maison faisait ce qu'il est convenu d'appeler de la littérature générale, publiant des romans, comme des essais notamment. En 1979, il est le premier éditeur français à créer une filiale aux Etats-Unis. Avec un tempérament batailleur, Lattès avait une réputation d'homme de "coups" qui incarnait une nouvelle race d'éditeurs.
Jean-Claude Lattès avait "un don probablement lié à ses débuts dans le journalisme pour repérer des talents éclectiques", a rappelé le journaliste littéraire. L'annonce de la sortie en librairie de l"L'instinct de mort" avait provoqué, sur plainte du parquet, l'ouverture d'une information contre X et une perquisition chez l'éditeur. Le juge d'instruction voulait établir dans quelles conditions le manuscrit avait pu sortir de prison. Jean-Claude Lattès dira l'avoir reçu "anonymement".
Menaces de Mesrine
Né à Nice le 3 septembre 1941, cet ancien élève de l'Ecole supérieure de commerce de Paris avait notamment travaillé pour les pages culturelles de "Combat" dans les années 62-63. Il avait ensuite été collaborateur de "Candide" et des "Nouvelles Littéraires" puis chef du service "Promotion" des Editions Robert Laffont.La publication de "L'instinct de mort", dans lequel Mesrine se vantait d'avoir commis 39 crimes, avait à l'époque heurté une partie de l'opinion publique qui trouvait choquant qu'un criminel puisse gagner de l'argent grâce à la publication de ses méfaits. Pour l'éditeur ce livre était un "document exceptionnel". "Il s'agit d'un témoignage hors-série qui contribue à faire connaître l'un des aspects principaux de notre époque : la violence", avait-il fait valoir. Mais après avoir été l'objet de menaces de l'auteur, Jean-Claude Lattès décidait en 1979 de ne plus diffuser le livre de Mesrine. A cette époque, par précaution, l'entrée des éditions Lattès faisait l'objet d'une surveillance.
"Extraordinaire curiosité"
De 1981 à 1991, Lattès devenu directeur du groupe livre Hachette chapeaute les filiales du groupe : Hachette, Grasset, Stock, Lattès, Fayard. Sous son règne, Hachette confirme ses ambitions mondiales dans l'édition, face notamment à son concurrent direct de l'époque, le groupe de la Cité.L'éditeur a quitté Hachette à "la suite de divergences avec la direction sur la création d'une nouvelle forme de vente type France-Loisirs", rappelait dimanche Laurent Laffont, patron des éditions JC Lattès, qui n'avaient plus de lien avec leur fondateur.
"Il a laissé un catalogue et un héritage qui manifeste de son extraordinaire curiosité dans tous les domaines, sans aucun préjugé", a déclaré à l'AFP Laurent Laffont.
L'éditeur, père de deux garçons et qui s'était installé dans un vignoble en Provence, a écrit deux romans avec Éric Deschodt "Le seul amant" et "Marguerite et les enragés" ainsi qu'une biographie sur un roi.
"Un des grands découvreurs d'écrivains populaires" pour Emmanuel Macron
"Jean-Claude Lattès aura été un des grands découvreurs d'écrivains populaires de notre temps", souligne le chef de l'Etat dans un communiqué.
"Avec la maison Edition Spéciale qu'il fonda en 1968 puis les Editions Jean-Claude Lattès à partir de 1972, il publia des écrivains destinés à s'installer durablement dans le coeur du public, d'Irène Frain à Jean d'Ormesson, de Joseph Joffo à Philippe Labro, d'Amin Maalouf à Maurice Denuzière", rappelle-t-il.
"Avec la maison Edition Spéciale qu'il fonda en 1968 puis les Editions Jean-Claude Lattès à partir de 1972, il publia des écrivains destinés à s'installer durablement dans le coeur du public, d'Irène Frain à Jean d'Ormesson, de Joseph Joffo à Philippe Labro, d'Amin Maalouf à Maurice Denuzière", rappelle-t-il.
"Certains auront été des succès passagers, mais nombre d'entre eux font aujourd'hui partie des classiques scolaires ("Un sac de billes") ou des écrivains majeurs de notre époque", ajouteEmmanuel. Macron. "C'est que, pour Jean-Claude Lattès, la littérature populaire devait savoir trouver le chemin vers ses lecteurs sans jamais transiger sur la qualité littéraire".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.