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L'impact du français médiéval sur l'Angleterre : une expo à Cambridge
La langue française du Moyen-Age a eu "un énorme impact culturel et historique sur la vie quotidienne en Angleterre" mais aussi en Europe et au Moyen-Orient. Une exposition à la bibliothèque de l'université de Cambridge se penche sur le sujet. Parmi la cinquantaine de manuscrits rares présentés, on remarque un guide de conversation à l'usage des voyageurs anglais au langage savoureux.
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Si la langue française s'est imposée en Angleterre avec l'arrivée des Normands en 1066, elle était présente avant cette date et a continué à être utilisée jusqu'au XIVe siècle. Et malgré son lent déclin à partir du XIVe siècle, elle est restée longtemps prédominante dans le langage administratif.
"Le Français n'était pas à l'époque associé exclusivement à ce que nous appelons maintenant la France", soulignent les commissaires de l'exposition. Elle est restée une langue internationale de la royauté, de la politique et du commerce jusqu'à l'époque Tudor (dynastie royale régnante de 1485 à 1603). D'ailleurs, Henry VIII écrivait encore ses lettres d'amour à Anne Boleyn en français, rappellent-ils. Un guide du voyageur particulièrement savoureux
L'exposition présente notamment un manuscrit du XIIIe siècle sur les aventures de Lancelot et la quête du Saint Graal, resté 500 ans dans l'oubli avant d'être retrouvé.
Mais il présente aussi un guide de conversation à l'usage des voyageurs anglais qui amusera particulièrement les francophones. Ecrit en 1396 par un Anglais anonyme, "Manière de language" offre en effet un éventail d'expressions fleuries d'époque absolument réjouissantes, dignes des "Visiteurs".
"Sourdez vous le cul tost"
Le livre présente des exemples de dialogues correspondant à des situations très précises. Ainsi, le seigneur voyageant avec son valet pourra le rudoyer s'il n'est pas assez empressé: "Ore sourdez vous le cul tost et apareillez a diner". Mais la réciproque n'est jamais acceptable, prévient le guide, l'écuyer ne pouvant se montrer impoli qu'avec les gens de sa classe, comme par exemple un aubergiste.
Des disputes entre compagnons de voyage dormant dans la même auberge peuvent donner lieu à de vifs échanges, tels: "Tei te, senglant, merdous garçon, vilain mastif, meschant paillart cornart qui tu es".
Sur un registre plus tendre, un minimum d'égards s'impose à un seigneur qui courtise une demoiselle avant "que se couchera avecque s'amie en très grant joye et esbatement".
Viande et poisson au petit déjêuner
Ce guide, dont il existe quatre exemplaires au Royaume-Uni, fait aussi la part belle à la bonne chère.
L'auteur mentionne comme menu possible de petit déjeuner pas moins de 45 types de poissons et 19 sortes de viandes, tandis que les légumes sont quasiment absents, note Bill Burgwinkle, professeur de français médiéval au King's College de Cambridge, l'un des commissaires de l'exposition.
"Le Français n'était pas à l'époque associé exclusivement à ce que nous appelons maintenant la France", soulignent les commissaires de l'exposition. Elle est restée une langue internationale de la royauté, de la politique et du commerce jusqu'à l'époque Tudor (dynastie royale régnante de 1485 à 1603). D'ailleurs, Henry VIII écrivait encore ses lettres d'amour à Anne Boleyn en français, rappellent-ils. Un guide du voyageur particulièrement savoureux
L'exposition présente notamment un manuscrit du XIIIe siècle sur les aventures de Lancelot et la quête du Saint Graal, resté 500 ans dans l'oubli avant d'être retrouvé.
Mais il présente aussi un guide de conversation à l'usage des voyageurs anglais qui amusera particulièrement les francophones. Ecrit en 1396 par un Anglais anonyme, "Manière de language" offre en effet un éventail d'expressions fleuries d'époque absolument réjouissantes, dignes des "Visiteurs".
"Sourdez vous le cul tost"
Le livre présente des exemples de dialogues correspondant à des situations très précises. Ainsi, le seigneur voyageant avec son valet pourra le rudoyer s'il n'est pas assez empressé: "Ore sourdez vous le cul tost et apareillez a diner". Mais la réciproque n'est jamais acceptable, prévient le guide, l'écuyer ne pouvant se montrer impoli qu'avec les gens de sa classe, comme par exemple un aubergiste.
Des disputes entre compagnons de voyage dormant dans la même auberge peuvent donner lieu à de vifs échanges, tels: "Tei te, senglant, merdous garçon, vilain mastif, meschant paillart cornart qui tu es".
Sur un registre plus tendre, un minimum d'égards s'impose à un seigneur qui courtise une demoiselle avant "que se couchera avecque s'amie en très grant joye et esbatement".
Viande et poisson au petit déjêuner
Ce guide, dont il existe quatre exemplaires au Royaume-Uni, fait aussi la part belle à la bonne chère.
L'auteur mentionne comme menu possible de petit déjeuner pas moins de 45 types de poissons et 19 sortes de viandes, tandis que les légumes sont quasiment absents, note Bill Burgwinkle, professeur de français médiéval au King's College de Cambridge, l'un des commissaires de l'exposition.
"The moving word: French medieval manuscripts in Cambridge"
Bibliothèque de l'université de Cambridge
Jusqu'au 17 avril 2014
Bibliothèque de l'université de Cambridge
Jusqu'au 17 avril 2014
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