La Bibliothèque nationale de France a du mal à trouver son nouveau président

Au moins deux candidats sont en lice pour lui succéder: Laurence Engel, actuelle "médiatrice du livre" (en charge notamment de la transparence au sein de la filière) et ancienne directrice de cabinet de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, ainsi qu'Olivier Poivre d'Arvor, diplomate et ancien patron de France Culture. Il s'agira de la première grande décision d'Audrey Azoulay, l'ancienne conseillère de François Hollande, nommée ministre de la Culture en février, contre l'avis de Manuel Valls qui voulait garder Fleur Pellerin dans son gouvernement.

Nomination mercredi prochain au conseil des ministres

Selon Le Figaro, Mme Engel, 49 ans, aurait les faveurs de Matignon, tandis que M. Poivre d'Arvor serait soutenu par le ministère de la Culture. Ces deux personnalités ont été reçues récemment au ministère. Ex-responsable des affaires culturelles de la Ville de Paris, Laurence Engel est la compagne d'Aquilino Morelle, ancien conseiller de François Hollande, qui a démissionné en 2014 après avoir été mis en cause sur une éventuelle prise illégale d'intérêts en lien avec des laboratoires pharmaceutiques.

Début mars, l'enquête préliminaire le visant a été classée sans suite. Olivier Poivre d'Arvor, 57 ans, a été évincé de France Culture par le PDG de Radio France Mathieu Gallet en juillet 2015, malgré des audiences en hausse. Très introduit dans le monde de la culture, il est le frère de Patrick Poivre d'Arvor. 

L'hebdomadaire Le Point soutient qu'un troisième nom pourrait émerger, celui de François Weil, recteur des académies de Paris et d'Ile-de-France. Le nom du successeur de Bruno Racine, qui fait ses adieux vendredi soir lors d'une réception à la BnF, doit être décidé en conseil des ministres, probablement mercredi.

Bilan, une politique ambitieuse de numérisation et de mécénat

A la fois discret et affable, ouvert au dialogue social (la Bnf compte 2.400 salariés), Bruno Racine, 64 ans, ancien patron de la Villa Médicis à Rome et du Centre Pompidou à Paris, dirige la BnF depuis 2007. Ancien conseiller culturel de Jacques Chirac à l'Elysée, normalien et énarque, ce conseiller-maître à la Cour des comptes, a été conseiller dans les cabinets d'Alain Juppé au Quai d'Orsay et à Matignon.
 
Mais c'est aussi un passionné de culture. Agrégé de lettres classiques, il a publié une dizaine de livres dont "Adieu à l'Italie" (Gallimard, 2012) où il évoquait discrètement la figure de son père, et "La voix de ma mère", publié en février toujours chez Gallimard.

A la tête de la BnF, Bruno Racine a mené une politique ambitieuse de numérisation de l'immense fonds de la Bibliothèque. Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF, proposait 70.000 documents à son arrivée. Elle en compte aujourd'hui 3 millions.

Foucault, Debord, Willem ou  Wolinski

Il a également développé le mécénat afin de multiplier les acquisitions, que ce soit des manuscrits anciens et rares ou des archives d'écrivains, en particulier les mémoires de Casanova, un événement au retentissement mondial. Il a aussi permis l'acquisition des fonds de Guy Debord, l'auteur de "La Société du spectacle", qui étaient convoités par l'université américaine de Yale, de Michel Foucault mais aussi des dessinateurs Willem et Wolinski.

Entre 2009 et 2015, neuf manuscrits ou ensemble d'archives classés trésors nationaux auront été achetés par la BnF, pour un montant de 32 millions d'euros. La BnF ne désespère pas d'acquérir le manuscrit de Nadja du surréaliste André Breton, estimé à 3 millions d'euros. Pierre Bergé l'a retiré de sa vente en décembre 2015, afin d'arriver à un accord avec la Bibliothèque nationale. C'est encore sous l'égide de Bruno Racine qu'a été menée la première phase de travaux sur le site Richelieu de la BnF. Berceau historique de la BnF, le site Richelieu doit rouvrir, entièrement rénové, à la fin de l'année.

La BnF est la plus importante bibliothèque au monde avec la British Library à Londres et la Bibliothèque du Congrès à Washington.