La mort d'Alexandre Soljenitsyne
Intellectuel engagé et écrivain de renommée internationale, Alexandre Soljenitsyne est né le 11 décembre 1918 à Kislovodsk, en Russie.
_ Dissident pendant la longue période du bloc communiste, et détenu de 1945 à 1953 pour des critiques envers Staline, il est surtout connu du grand public pour son ouvrage "l'Archipel du Goulag", publié en France en 1973, dénonçant le totalitarisme.
Un livre d'ailleurs écrit entre 1958 et 1967, sur des minuscules feuilles de papier enterrées une à une dans des jardins d'amis, de peur d'être repéré par les autorités. Et c'est lorsqu'une de ses aides se retrouve pendue, après avoir avoué au KGB la cachette de l'oeuvre, qu'il décide de sa publication.
Mais ce n'était alors pas la première fois que son talent, et une écriture forcément personnelle éclairaient le monde littéraire, puisqu'il révélait déjà la réalité du système concentrationnaire soviétique dans ses ouvrages "Une journée d'Ivan Denissovitch" (1962) ou "Le premier cercle" (1955-1968).
En URSS, d'ailleurs, après son premier roman qui avait dû bénéficier de l'accord de Khrouchtchev en personne, il ne peut plus rien publier et ses ouvrages "sortent" en Occident.
Prix Nobel de littérature en 1970, il a été privé de sa citoyenneté soviétique en 1974 et expulsé d'URSS. Il a alors vécu en Allemagne, en Suisse puis aux Etats-Unis. Le 15 juillet 1975, il fut même invité à donner une conférence sur la situation mondiale au Sénat américain. Avant de revenir en Russie en 1994 après la chute de l'URSS.
Engagement international
Sa nationalité russe lui est alors restituée et, symbole fort bien qu'ironique, "l'Archipel du Goulag" est enfin publié dans son pays, près de quarante ans après sa rédaction. Jusqu'en 1998, il conserve une activité sociale intense, a sa propre émission de télévision, voyage à travers la Russie, rencontre une multitude de personnes. Avant que la maladie ne l'affaiblisse.
_ Selon son fils, cité par une agence de presse russe, l'écrivain est mort des suites d'une "insuffisance cardiaque aigue".
Pendant et après son exil, très sollicité pour son charisme et ses prises de position, il soutient les positions anti-communistes parfois les plus radicales. Ce qui le conduit par exemple à mener campagne pour l'intervention des USA au Vietnam, ou encore contre la Révolution des oeillets au Portugal en 1974.
Plus tard, il soutint également pendant la période Reagan la course aux armements, et l'intimidation à distance avec l'Union Soviétique, dont il affirmait que les moyens militaires ou atomiques étaient "5 à 7 fois plus nombreux" que ceux des Etats-Unis.
_ Cela étant, ses opinions forgées au fil du temps par un destin - de fait - atypique et douloureux, prenaient des directions parfois trop complexes pour devenir un "tout" et rentrer dans des schémas, politiques ou intellectuels. Récemment, il se prononçait pour une Russie "forte et indépendante", tout en dénonçant plusieurs fois la guerre en Tchétchénie.
"A la fin de ma vie, je peux espérer que le matériel historique (...) que
j'ai collecté entrera dans les consciences et la mémoire de mes compatriotes",
avait-il dit en 2007 alors que le président Vladimir Poutine venait de lui
remettre le prestigieux Prix d'Etat russe.
Matteu Maestracci
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