La philosophe Sylviane Agacinski a été accueillie à l'Académie française pour occuper le 19e fauteuil
Élue par 13 voix sur 23 votants (dont 7 croix, synonyme de refus et deux votes blancs), Sylviane Agacinski est la 23e titulaire du fauteuil 19, laissé vacant il y a quatre ans par le scénariste et parolier Jean-Loup Dabadie. La place avait été également celle de Chateaubriand, Paul Deschanel ou René Clair entre autres. Sylviane Agacinski s'est fait connaître du grand public à la suite de ses prises de position féministes contre la GPA (gestation pour autrui) qui reviendrait, selon elle, a une monétisation du corps de la femme.
L'essayiste a été accueillie sous la Coupole par l'académicien Marc Lambron qui a salué l'hommage rendu par la philosophe à son prédécesseur, retraçant ensuite son parcours, et faisant l'éloge de son "féminisme girondin".
Philosophie et féminisme
Née le 4 mai 1945 à Nades dans l'Allier, Sylviane Agacinski est agrégée de philosophie, elle a enseigné au Lycée de Soissons (1972-1977), puis au Lycée Carnot, à Paris, en classes préparatoires HEC (1978-1988). De 1986 à 1991, elle est Directeur de Programme au Collège international de philosophie, puis membre du Bureau exécutif. Elle enseigne en tant que professeur agrégée à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de 1991 à 2010. Membre du Comité de lecture de la Comédie française (2011-2015), et du Comité d’orientation du musée de l’Homme (2013-2014).
Sylviane Agacinski, 78 ans, a signé une œuvre prolixe sur l'altérité sexuelle, en se réclamant d'un "nouveau féminisme". Son ouvrage Femmes entre sexe et genre est salué en 2012 par le Grand Prix Moron de l’Académie française. Elle reçoit en 2018 le Prix Louis Pauwels pour Le Tiers-corps. Son dernier essai en date, Face à une guerre sainte (2022), est une réponse à ceux qui l'ont taxée d'islamophobe, accusation selon elle régulièrement brandie "pour masquer le prosélytisme islamiste". Elle obtient pour ce dernier le Prix des députés.
Opposée à la GPA
Épouse de l'ancien premier ministre Lionel Jospin, femme de gauche et féministe, Sylviane Agacinski s'est farouchement opposée à la GPA. Son ouvrage Corps en miettes réédité en 2013 pointe "Le baby business cherche partout des ventres à louer. La propagande en faveur de la GPA ne saurait masquer la violence d’une telle pratique. Au nom de la dignité de la personne humaine, ce livre appelle à résister". En 2019, elle publie un manifeste très engagé, L'Homme désincarné : du corps charnel au corps fabriqué, aux éditions Gallimard, où elle ne cachait pas son inquiétude quant à la loi sur la bioéthique qui doit être présentée fin septembre à l'Assemblée, et notamment sur la PMA pour toutes.
Interviewée sur l'antenne de France Inter, elle disait à l'époque : "Les femmes doivent s'interroger sur le fait de provoquer de manière artificielle la naissance d'un enfant a priori privé de géniteur"
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