"L’impossible retour" d’Amélie Nothomb au Japon

L’écrivaine belge est de retour chez elle, au pays de son enfance et de ses amours, malgré elle. De son séjour, elle en a fait un carnet de voyages drôle et caustique.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Portrait d'Amélie Nothomb, autrice de "L'impossible retour". (Pascal Ito)

Amélie Nothomb habite plusieurs territoires. La sédentaire, qui s’est fixée à Paris à sa propre surprise, ne voit pas de raisons pour voyager tant elle aime la capitale française. Alors, pourquoi partir ailleurs ? "Autant déclarer qu’on habite l’Eden et qu’on souhaite visiter les Enfers". Pourtant l’autrice belge accepte de retourner au Japon pour accompagner son amie photographe Pep Beni. Revenir donc "chez elle", au Japon, un pays qui la fascine et la torture. Un pays qui a fait Amélie Nothomb. La dernière fois qu’elle s’y est rendue remonte à 2012 à l’occasion d’un documentaire sur sa relation avec le Japon. Et la Parisienne de décréter, armée de sa peur panique : "Tout départ est une aberration. Je pense que je suis bien placée pour le savoir. Mes parents diplomates déménageaient sans cesse, emmenant une progéniture plus traumatisée à chaque fois". D’où une certaine aversion à l’idée du moindre départ.

"Oubliez le japonais"

L’impossible retour (Albin Michel) est une preuve d’amour, d’amours. Singulier, pluriel. Pour ce voyage, elle doit servir de guide pour son amie. "C’est mon pays préféré au monde, ma terre sacrée. La simple évocation de son nom suffit à me mettre en transe. Un tel amour ne me donne aucune compétence particulière et m’enlève tout droit à l’erreur". Les souvenirs affluent, invités par la nostalgie à occuper le présent. Ce voyage est un éternel aller-retour, passé-présent. Tout est opportunité à raviver la mémoire. Chaque rue, temple, nourriture ou encore comportement suscite en elle des émotions débordantes qui la plongent dans une grande mélancolie empreinte de sensibilité.

Dans ce récit, Amélie Nothomb voyage aussi dans sa propre mémoire. La réminiscence saisit l’autrice belge, elle qui voue un amour inconditionnel au Japon et à sa langue. "Le japonais est ma langue fantôme. Jusqu’à l’âge de cinq ans, je l’ai parlé couramment. Ensuite j’ai quitté le pays et j’ai oublié la langue". Temporairement, le temps de la retrouver plus tard lors de ses différents séjours. Amélie Nothomb se souvient de situations cocasses et savoureuses comme la fois où, employée dans une entreprise nippone, sa hiérarchie insatisfaite d’elle lui intime un ordre des plus étranges : "oubliez le japonais".

Le nouveau roman d'Amélie Nothomb est un carnet autobiographique d’une écrivaine à la sensibilité à fleur de peau, qui parfois est submergée par ses émotions pour des raisons les plus banales, comme lors de la perte d’un billet de transport qui vire au drame. Tous ces moments laissent éclater la sincérité de l’autrice. Que retenir de ce voyage ? L’impossible retour est un livre imprégné par la nostalgie d’un passé toujours présent, mais aussi un récit généreux, drôle et plein d’amour pour le pays de son enfance.

 

(L’impossible retour, Amélie Nothomb, Albin Michel, 18,90 euros)

Couverture du livre "L'impossible retour" d'Amélie Nothomb. (Editions Albin Michel)

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