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Rentrée littéraire : un cru 2023 sobre en temps de crise

Avec seulement 466 nouveaux romans, cette rentrée littéraire s'annonce comme la moins prolifique des années 2000. Mais de belles surprises attendent les lecteurs en librairie.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
La librairie Ombres Blanches à Toulouse, en août 2021. (SANDRINE MARTY / HANS LUCAS via Maxppp)

Le top départ est lancé. La rentrée littéraire, qui mobilise les libraires dès le lendemain du pont du 15 août, vient de débuter. Et le cru 2023 s'annonce sobre, avec un nombre resserré de parutions et des romans sérieux. Jamais au XXIe siècle il n'y avait eu aussi peu d'arrivages : seuls 466 romans sont attendus entre mi-août et fin octobre, selon le magazine spécialisé Livres Hebdo. C'est 5% de moins que l'année précédente, et surtout un tiers de moins que le record des 700 romans, établi en 2010.

Un marché dominé par le livre de poche

Une situation qui s'explique par différents facteurs. Le coût du papier, s'il a reculé par rapport aux sommets de la fin de l'an dernier, reste élevé. Et le pouvoir d'achat des lecteurs inquiète les professionnels du livre. Même si le milieu de l'édition se porte plutôt bien, en littérature le livre de poche tire le marché. L'an dernier, il s'en est vendu 81 millions en France, contre 78 millions d'exemplaires "grand format", celui des nouveautés, selon l'institut GfK, référence sur les ventes de livres.

Tirant le bilan de la rentrée de septembre 2022, GfK expliquait que dans l'"équation quantité/succès" (publier beaucoup pour s'assurer du volume, ou se focaliser sur quelques titres soigneusement choisis), "les lecteurs ont tranché". En d'autres termes : ils sont sélectifs et exigeants, notamment lorsqu'ils dépensent plus de 20€ dans un roman.

"Pour nos clients, même aisés, c'est un investissement", confirme à l'AFP Céline Maillard, libraire chez Richer, Rougier et Plé, à Angers. "On est en temps de crise, un grand format coûte cher, et potentiellement c'est un livre qui va rester dans une bibliothèque. Donc ce n'est pas un achat d'impulsion comme l'est un poche."

La course aux prix littéraires débute aussi

Sur les étals de cette librairie généraliste de centre-ville, la place n'est garantie que pour quelques écrivains très médiatisés. À l’instar d'Amélie Nothomb, l'auteure belge qui en est à sa 29e rentrée littéraire consécutive. Cette année elle livre Psychopompe (Albin Michel), l'un de ses meilleurs récits autobiographiques, dans lequel elle partage ses souvenirs d'une adolescence douloureuse et la naissance de sa vocation de romancière. Pour les autres écrivains, pas le choix : ils sont obligés de faire leurs preuves rapidement, au risque de tomber dans les oubliettes de la littérature.

Dès ce mercredi 16 août donc, des prétendants aux grands prix littéraires d'automne, dont le Goncourt, débarquent en librairie. Les éditions Grasset misent entre autres sur L'Enragé de Sorj Chalendon, récit d'un évadé d'une colonie pénitentiaire pour mineurs dans les années 30, et Perspective(s), roman épistolaire de Laurent Binet sur un meurtre dans la Florence de la Renaissance. C'est une rentrée particulière pour cette maison prestigieuse : elle va changer de propriétaire d'ici à octobre, ainsi que toute sa maison mère, Hachette Livre, reprise par le groupe Vivendi et le milliardaire Vincent Bolloré.

Mutinerie, violence sociale et héritage familial au programme

Jeudi 17 août, son rival Gallimard met en vente Panorama de Lilia Hassaine, roman social d'anticipation, et Sarah, Susanne et l'écrivain, effrayant récit de déchéance d'une épouse et mère, avec lequel Éric Reinhardt espère une des récompenses qui l'ont fui jusqu'ici.

Au rayon des nouveautés, on retrouve aussi des autrices phares de la littérature française : Sarah Chiche évoque le génie et la folie dans Les Alchimies (Seuil), Agnès Desarthe interroge l'héritage de Juifs réfugiés en France avec Le Château des rentiers (L'Olivier). Le scandale est aussi au rendez-vous avec la peinture de la violence sociale à Bondy, ville de banlieue parisienne que connaît bien Thomas B. Reverdy (Le Grand Secours, Flammarion).

Côté roman étranger, les thématiques abordées sont tout aussi graves. L'Américain David Grann rapporte le récit d'une mutinerie dans Les Naufragés du Wager (éditions du Sous-Sol), l'Espagnol Victor Del Arbol dresse le portrait d'une lignée d'assassins imaginaire dans Le Fils du père (Actes Sud).

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