"Traversée du feu" : souvenirs d’un survivant du cancer, lumineux roman de Jean-Philippe Blondel
Quand le sort semble s’acharner, reste l’humour pour ne pas désespérer. La joie est combat, un éternel combat. Dans Traversée du feu (éditions L’Iconoclaste), Jean-Philippe Blondel a choisi de partager avec ses lecteurs une expérience personnelle, douloureuse et une bataille quotidienne contre un mal réputé incurable.
La mort, Jean-Philippe Blondel l’a pourtant côtoyée avant ce 31 mars 2021 quand le radiologue lui dit : "Bon, pas de bol, hein, c’est un lymphome." Comment vivre avec un cancer ? Comment l’annoncer à sa famille, à ses proches ? Comment affronter la mort, encore ? Avec une écriture simple, lucide, emplie d’humour et de dérision, mais aussi d’une forme de tendresse lumineuse, Jean-Philippe Blondel se met à nu. Il n’a rien voulu cacher, un exercice difficile.
"La joie"
"Deux fois, j'ai regardé la mort en face. Je n'en reviens pas d'être encore là. Ce que j'ai appris se résume en un mot : la joie", observe l’auteur de Passage de l’été (Actes Sud junior). Ainsi, à 56 ans, le professeur d’anglais, père de deux filles, a traversé le feu deux fois. À 21 ans, il se retrouve sans famille. Il a perdu ses parents et son frère dans deux accidents de voiture. "Il y a des gens qui ont un drôle de karma, et apparemment, je devais en faire partie." Et la culpabilité du survivant n’est jamais loin. Comme ce soir du 13 juillet 1982 où il avait décidé de prendre le train et pas la voiture, échappant ainsi à l'accident qui a emporté sa mère et son frère sur une route des Landes. Deux ans plus tard, un autre accident routier prend son père et le laisse définitivement orphelin.
"J’ai pris la situation comme l’arbre, de plein fouet." Jean-Philippe Blondel a le sens de la formule. Ses phrases, courtes, font tilt à chaque fois. Sa sincérité transparaît à chaque page. Il livre son quotidien dominé par le cancer. Soudainement, il se retrouve dans le mauvais camp, le camp de ceux atteints d'une maladie grave. "D’un seul coup, je me retrouve de l’autre côté – ceux qu’on regarde avec compassion dans les journaux du soir (…). On soupire, on murmure 'les pauvres gens' et on est plein de commisération pendant au moins trente secondes. On a tendance à changer de chaîne ensuite."
Traversée du feu est un témoignage bouleversant d’une personne qui a décidé de garder sa tête hors de l’océan de doutes, de peur et de douleurs. Traversée du feu est un livre intime qui touche à l’universel. Au bout, demeure la joie.
("Traversée du feu", Jean-Philippe Blondel, éditions L’Iconoclaste, 20,90 euros)
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