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La tombe de Chateaubriand est menacée par l'érosion de la côte bretonne

On ne peut plus faire le tour de la tombe de Chateaubriand, posée au bord d'un rocher. Le maire de Saint-Malo s'en est ému et a commandé une étude.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
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La tombe de Chateaubriand sur l'îlot du Grand Bé, à Saint-Malo (14 novembre 2023). (DAMIEN MEYER / AFP)

La célèbre tombe de Chateaubriand est en péril : la dernière demeure de l'écrivain, bâtie selon son vœu sur un écueil en face des remparts de Saint-Malo, est menacée par l'érosion, une situation qui a poussé la mairie à engager un diagnostic.

"En montant par le chemin, je me suis dit que la tombe ne va pas rester éternellement là", constate Véronique Callot, touriste francilienne venue admirer la tombe de ce pionnier du romantisme (1768-1848), qui jouit d'un panorama sublime sur les flots de la côte d'Émeraude et sur la cité corsaire.

En scrutant de près la tombe sur l'îlot inhabité du Grand Bé, accessible seulement quelques heures par jour à marée basse, on s'aperçoit que l'un des piliers en granite flirte dangereusement avec l'à-pic.

On ne peut plus faire le tour de la tombe

"Le côté droit de la tombe est au bord de la falaise alors qu'il y a 15-20 ans, on pouvait faire le tour de la tombe à pied", soupire le maire Gilles Lurton, 50 ans.

Michel Désir, administrateur du Souvenir de Chateaubriand, association qui a pour but de faire connaître l'œuvre de l'écrivain, est également inquiet. "À ce jour, il m'est désormais impossible d'accéder par l'arrière du tombeau pour fixer sur la croix la gerbe de blé et de fleurs des champs, pose traditionnelle du 4 juillet, anniversaire de la mort de l'écrivain."

"Il y a deux ans, je pouvais me glisser avec précaution. L'année dernière, je pouvais passer un pied en me tenant à la grille. Cette année, j'ai escaladé la grille. L'année prochaine ?", s'interroge-t-il.

Devant la tombe, protégée par un fil de sécurité, de nombreux touristes étrangers passent sans savoir qu'ils ont sous leurs yeux la dernière demeure de l'un des plus grands écrivains français, car ni date ni nom ne figure sur cette dalle de granite anonyme surmontée d'une imposante croix.

Faut-il déplacer la tombe ?

Seule une plaque, apposée sur un muret à proximité, rend hommage à l'auteur des Mémoires d'outre-tombe avec ces mots : "Un grand écrivain français a voulu reposer ici pour n'entendre que la mer et le vent. Passant, respecte sa dernière volonté."

Si le risque d'effondrement n'est pas imminent, la mairie, propriétaire de la tombe, a décidé de réaliser une étude. "On a pris la décision de lancer une mission de diagnostic et après, on demandera l'avis de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac)", explique Gilles Lurton, précisant que les résultats devraient être connus en 2024.

Peut-on envisager de déplacer un jour la tombe et la dépouille de "l'enchanteur" ? Et peut-on l'imaginer loin du Grand Bé ? "Ailleurs que sur le Grand Bé, ça me paraît compliqué. Pour moi, s'il faut la déplacer, il faut la reculer, mais je m'avance beaucoup en disant cela : si des fois, on devait déplacer la tombe, ça devient un événement national", relève le maire.

La côte s'effrite

Venus du Finistère, Cathy et Antoine, la cinquantaine, ne sont pas étonnés de l'aspect de la tombe et du péril qui la guette. "Avec les coups de tabac, la côte s'effrite de plus en plus. Sur le GR34 (le sentier qui parcourt la côte bretonne, NDLR), il y a de plus en plus de portions fermées. Le trait de côte change, on s'habitue à l'érosion en Bretagne et on le voit même ici", se lamente Cathy.

Grand amateur du romantisme et du XIXe siècle, Frédéric, 36 ans, Parisien en week-end à Saint-Malo, se fait philosophe. "Je me demande ce que Chateaubriand aurait souhaité... Que le tombeau se laisse détruire par les phénomènes naturels ? Car pour les romantiques, l'homme est au centre d'une nature plus grande que lui et qui peut le terrasser."

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