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Laurence Debray : itinéraire d'une "Fille de révolutionnaires"

Le 10 octobre 1967 le monde apprenait la mort de Che Guevara. Régis Debray a partagé son combat en Bolivie où il a été arrêté et torturé. 50 ans après, sa fille Laurence publie "Fille de révolutionnaires" chez Stock. Elle raconte son itinéraire personnel au coeur de la Grande Histoire dans l'ombre de ses parents révolutionnaires. Elle était l'invitée du Soir3.
Article rédigé par Jean-Michel Ogier
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Laurence Debray, fille de révolutionnaires
 (France 3 / Culturebox)
Laurence Debray vient de publier "Fille de révolutionnaires" chez Stock où elle raconte son itinéraire de vie entre ses deux parents, Régis Debray et Elizabeth Burgos, engagés dans un combat politique intense. Elle connaît leur histoire qui est aussi la sienne, mais quand elle revoit les images d'archives de 1967 retraçant l'itinéraire de son père en Bolivie dans les pas du Che, elle est encore émue. "Les 50 ans de la mort du Che c'est une période qu'on enterre. Une période d'idéologie, de guerre froide, de violence et aujourd'hui c'est 20 millions de T Shirts dans le monde (de Che Guevara) ...que je n'ai jamais porté", raconte-t-elle.

Elle qui a été photographiée à 10 ans une arme à la main dans un camp pionnier communiste à Cuba revient sur cette enfance particulière où elle a connu les entraînements militaires le matin et idéologiques l'après-midi. "Une enfance où tout était signifiant. On ne mangeait pas de corn-flakes et on ne buvait pas de Coca Cola parce que c'était américain". 

Pour écrire son livre, Laurence Debray a parcouru de nombreuses archives. Elle a découvert notamment dans le carnet du Che qu'il rêvait de fonder une famille malgré son combat : "Finalement, je suis arrivée après la révolution comme un élément de réinsertion à une vie plus prosaïque, tout aussi politique mais dans un engagement plus démocratique", dit-elle.

Régis Debray : itinéraire d'un révolutionnaire

Régis Debray a 25 ans quand il quitte le confort d'une famille d'avocats parisiens pour aller faire la révolution à Cuba et devenir le conseiller de Fidel Castro avant de suivre Che Guevara en Bolivie. Lui le théoricien du foquisme (la multiplication des foyers de guerilla) va être capturé par la police bolivienne et torturé en prison. A un reporter français il dit alors "Je dois me placer, si elle l'accepte, sous la protection de l'ambassade de France. Je crois que c'est ma seule sauvegarde étant donné les menaces de mort que j'ai reçues."
 
Malgré leurs différends, ses parents font le voyage depuis la France pour son procès.

Je me rapproche de lui confie alors son père. Sa mère, la réac n°1 comme il l'appelle se rapproche aussi de lui... Elle voit des choses qu'elle ne soupçonnait pas

Juste avant le jugement, Régis Debray affirme que l'armée bolivienne lui a proposé un marché : la liberté contre une rétractation idéologique publique et des informations pouvant "faciliter les choses".

Questions autour de la mort du Che

Le 10 octobre 1967, le corps du guérillero argentin Ernesto "Che" Guevara, mort la veille, est présenté à la presse dans une morgue improvisée à Villa Grande, dans le sud de la Bolivie, où il a échoué à lancer une nouvelle révolution. Il a laissé un journal. On y trouve une phrase qui fait référence à Régis Debray: "Il a été chargé d'une mission pour le compte de la guérilla... ".
 

Le régime bolivien a-t-il poussé Régis Debray à trahir le Che ? 50 ans après, le mystère demeure. Le philosophe, condamné alors à 30 ans de prison passera 4 ans dans les geôles boliviennes.

Dans son livre, Laurence Debray s'insurge contre ces allégations "complètement fausses". "Les Américains savaient déjà beaucoup de choses sur le Che. Son codétenu, l'Argentin Ciro Bustos, avait déjà dessiné les visages de ses compagnons de guerilla, il les avait déjà emmenés dans les planques de la guerilla. Même si mon livre n'est ni à charge ni à décharge je souhaite rétablir cette vérité là."

"Fille de révolutionnaires" de Laurence Debray

Fille de Régis Debray et d’Élizabeth Burgos, dont l’aventure commune a toujours gardé sa part de mystère, l’auteure les raconte, comme les héros d’un film d’aventure au scénario romantique, parfois dramatique. De Saint-Germain-des- Prés à Fidel Castro, le Che, les geôles boliviennes, la France de Mitterrand, la grande histoire est intimement mêlée à la leur, celle d’un couple, et d’une enfant, ensuite. Comment se construire entre ces monstres sacrés dont le combat politique et intellectuel fut l’unique obsession ? Avec la distance d’une historienne et la curiosité d’une fille, le regard d’une génération sur la précédente.

 


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