Le centenaire de 1914 en librairie
En première ligne, les historiens qui ont posé un regard nouveau sur la guerre avec une approche culturelle du conflit. Ainsi, Stéphane Audoin-Rouzeau, figure de cette école de Péronne, retrace la façon dont la Grande Guerre a marqué de son empreinte trois générations de sa famille dans "Quelle histoire: un récit de filiation (1914-2004)", coédition EHESS-Gallimard-Seuil. "Ce n'est pas un récit de famille, je m'en suis tenu à ce que la guerre a fait aux miens (...), quitte à inscrire ses effets au-delà même de leur propre vie", dit-il.
Nicolas Mariot interroge, lui, l'osmose présumée entre classes sociales sous les obus dans "Tous unis dans la tranchée ? 1914-1918, les intellectuels rencontrent le peuple" (Seuil, 26 septembre). Relisant les écrits des intellectuels combattants, tels Apollinaire, Marc Bloch, Henri Barbusse ou Maurice Genevoix, ce sociologue et historien y repère les décalages entre leur expérience de la guerre et celle de la majorité des soldats.
Honneur néanmoins à "Ceux de 14" de Genevoix, l'un des plus grands classiques sur la Première guerre mondiale, qui paraît dans une nouvelle édition en grand format, augmentée d'un dossier et de photographies (Flammarion, 2 octobre). Le jeune Maurice, normalien de 24 ans, avait rejoint le 106e régiment d'infanterie le 2 août 1914 comme sous-lieutenant. Il sera grièvement blessé neuf mois plus tard et raconte son quotidien de fantassin à Verdun ou aux Eparges.
En rupture avec le récit militaire et la synthèse chronologique, les historiens André Loez et Nicolas Offenstadt offrent dans "La Grande Guerre. Carnet du Centenaire" (Albin Michel, 3 octobre) une perspective neuve, vivante et inédite sur le conflit, en restituant son ampleur mondiale, de la Nouvelle-Zélande à la Baltique, en passant par l'Afrique noire. Les auteurs proposent en neuf chapitres un autre regard sur cette guerre au travers de portraits décalés, d'objets et d'expressions qui l'ont accompagnée.
Eric Alary s'est penché pour sa part sur "La Grande Guerre des civils" (Perrin) et Jean-Michel Steg sur "Le jour le plus meurtrier de l'histoire de France: 22 août 1914" (Fayard).
L'historien Jean-Pierre Guéno propose lui dans "Les Poilus" (Librio, 16 octobre) un recueil inédit de lettres et témoignages de combattants mais aussi des voix de personnalités comme Apollinaire. La version illustrée est publiée aux éditions Les Arènes.
Quant à Jean-Noël Jeanneney, il analyse dans "La Grande Guerre, si loin, si proche" (Seuil) les enjeux civiques et politiques de ce centenaire, à la lumière de son expérience de président de la Mission du bicentenaire de la Révolution, et interroge: une commémoration pour quoi faire ?
Livres Hebdo a recensé exactement 126 parutions sur 14-18 entre août et décembre 2013, à la veille de la commémoration du déclenchement du premier conflit mondial. Les 16e Rendez-vous de l'Histoire, à Blois, du 10 au 13 octobre, auront aussi pour thème la guerre. Et si les lecteurs privilégient des romans, ils pourront se plonger dans "14" de Jean Echenoz, paru en 2012, ou "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaitre, qui vient de paraître. Ou bien relire les "Ecrits pacifistes" de Jean Giono...
La Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale, qui recense de nombreux événements officiels sur son portail "La mission du Centenaire", a labellisé certains de ces ouvrages. La Mission, la BNF et les Archives de France participent par ailleurs à une collecte internationale d'archives privées sur la Grande Guerre. Une partie est déjà disponible sur le site leur site internet Europeana 1914-1918.
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