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Le monde rend un hommage (presque) unanime à Soljenitsyne

Au lendemain de la mort du grand écrivain russe, les hommages affluent du monde entier pour saluer son œuvre littéraire mais aussi son engagement politique contre le totalitarisme soviétique. Seul le Parti Communiste Français, amer, parle d'un {"grand dénonciateur"} qui a {"raté le rôle de grand réconciliateur et de défenseur des nouveaux opprimés"}.
Article rédigé par franceinfo
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Il a été "l'âme et le visage de la lutte contre le totalitarisme soviétique et son système concentrationnaire". La phrase est du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, mais elle résume bien la teneur des hommages qui affluent du monde politique. Plus que l'écrivain, c'est bien l'intellectuel engagé qui est salué.

"Figure de la liberté" aux yeux de Jacques Chirac, Alexandre Soljenitsyne était "un combattant de l'arbitraire" pour la chancelière allemande Angela Merkel, celui qui a "révélé la réalité du totalitarisme stalinien et du monde concentrationnaire" selon le Premier ministre François Fillon.

En Russie, le président Dmitri Medvedev salue "l'un des plus importants penseurs, écrivains et humanistes du XXe siècle" et son Premier ministre Poutine évoque une "grande perte pour toute la Russie". Sans aller plus avant dans les combats et les thèses de l'écrivain.

La critique sous l'hommage

Car l'hommage n'est pas aussi unanime qu'il n'y paraît. En se concentrant sur sa lutte contre le stalinisme, les hommages à Soljenitsyne occultent le plus souvent les écrits plus récents de l'auteur, où il apparaît davantage comme un conservateur orthodoxe et slavophile, voire nationaliste. Certains hommages laissent même affleurer la critique, sinon la polémique.

En France, la réaction la plus mitigée est sans nul doute celle du Parti Communiste Français : certes, Alexandre Soljenitsyne a été "un grand dénonciateur", mais "il a raté le rôle de grand réconciliateur et de défenseur des nouveaux opprimés". Celui qui a commencé par dénoncer la politique stalinienne pour ensuite devenir viscéralement anti-communiste était aux yeux du PCF "fasciné par une logique grand-russienne et slavophile pouvant friser avec un antisémitisme redevenu de saison".

Ainsi la ministre de la Culture Christine Albanel, tout en rendant hommage à "une voix de la liberté", juge-t-elle prudent de préciser qu'il "appartient à l'histoire et à la philosophie politique de discuter de ce qu'il pouvait y avoir dans cette voix d'archaïque, voire, parfois, de réactionnaire".

Céline Asselot

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