"Le mystère Goldman" : enquête sur une star si discrète
Pourquoi cet homme qui, sondage après sondage, demeure la personnalité des Français, cultive-t-il à ce point un "culte du secret" ? Et si c'était pour être tranquille, tout simplement ?
Depuis dix ans, Goldman a mis sa carrière entre parenthèses, se contentant d'écrire de temps en temps pour les autres, souvent avec beaucoup de réussite. Zaz, sa dernière protégée, peut en témoigner.
Eternel air d'adolescent, il ne vient à la télé qu'une fois l'an, pour diriger les "Enfoirés", ne fait jamais de déclaration fracassante, ne s'exprime ni sur Twitter ni sur Facebook, et n'apparaît pas au bras de top-models… Jean-Jacques Goldman habite Marseille, où il a récemment quitté son "modeste quatre pièces" pour une villa plus cossue dans un quartier confortable. Parent d'élève modèle, il s'investit dans la vie de l'école de ses enfants, et joue au tennis dans un club de quartier. Il est le cauchemar des paparazzis de France qui, tous, se sont cassé les dents sur son cas. L'artiste n'aime pas les signes extérieurs de richesse, son éducation et son tempérament l'amènent à ne jamais en rajouter.
"Le mystère Goldman" d'Eric Le Bourhis ne révèle donc pas grand-chose de nouveau. Ses innombrables succès, écrits et/ou interprétés, l'ont évidemment enrichi. Bien plus qu'un Johnny Hallyday, simple interprète. Et c'est son frère, Robert, qui gère avec poigne ses intérêts, obtenant pour lui les meilleurs taux de royalties de la scène française.
C'est plutôt sur le plan artistique que le livre présente un intérêt. Il raconte, avec moult détails, les débuts de ce jeune homme timide, les années Taï-Phong en particulier. Tout n'a pas été facile, loin de là, pour Goldman, qui a longtemps gardé un job en parallèle, dans son magasin de sports de Montrouge. La galère, il l'a connue, peinant à convaincre les maisons de disques de son potentiel. L'auteur raconte notamment qu'un dirigeant de major a jugé ses maquettes si désastreuses qu'il en a jeté la cassette par terre… Elle contenait déjà quelques-uns des immenses tubes du chanteur.
Goldman, lui-même, n'est pas toujours son plus grand fan. "Mon premier album, reconnaît-il, est hurlé du début à la fin. C'est insoutenable". Rappel utile, discrétion ne rime pas avec manque de caractère. Il reconnaît avoir la rancune tenace. Et les critiques de la presse ne laissent pas indifférent, il peut être très mordant.
Le mot-clé, c'est "contrôle". L'expérience aidant, Jean-Jacques Goldman aime de moins en moins les (mauvaises) surprises. Une interview ? Envoyez-lui d'abord des "éléments de motivation". Un engagement politique, une pétition ? Longtemps étiqueté rocardien, il est surtout d'une grande prudence vis-à-vis de tous les idéologues.
Jamais branché, toujours à l'écart des modes et des tendances éphémères, Jean-Jacques Goldman a construit une carrière unique, fruit d'une puissante alchimie entre l'artiste et son public. Avec un tel talent, on aurait peut-être aimé le voir prendre plus de risques, sortir davantage des sentiers battus. Reste pour l'homme discret, cet incroyable stock de tubes écrits pour lui ou pour d'autres, qui lui assure un fauteuil de taulier dans la chanson française.
"Le mystère Goldman" d'Eric Le Bourhis (Prisma) – 288 pages (et un cahier photo central de 12 pages) – 19,95 euros
En vente à partir du 11 septembre
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