Cet article date de plus de cinq ans.

Le New York Times bannit les caricatures politiques : Plantu inquiet pour la liberté d'expression

A la suite de la publication d'une caricature controversée, le quotidien américain a pris une mesure radicale dans laquelle Plantu voit une menace pour "l'avenir de nos démocraties".

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le dessinateur de presse Plantu devant des étudiants de Malakoff le 11 février 2015. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

"L'humour et les images dérangeantes font partie de nos démocraties", estime le dessinateur français Plantu. Fondateur de l'association Cartooning for peace, il a critiqué mardi la décision du New York Times de bannir les caricatures politiques de ses éditions internationales."C'est aussi crétin que si on demandait aux enfants le jour de la fête des mères de ne plus faire de dessins pour leurs mamans", a estimé le caricaturiste historique du journal Le Monde.

Une caricature à l'origine de la décision du journal

Le New York Times a annoncé lundi qu'il ne publierait plus de dessins politiques dans son édition internationale, après une récente polémique liée à une caricature jugée antisémite. Ces dessins sont déjà bannis de son édition américaine depuis plusieurs années. 

Fin avril, la publication d'un dessin représentant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président américain Donald Trump avait déclenché un tollé au sein de la communauté juive mais aussi au-delà. Le chef du gouvernement israélien était dessiné sous la forme d'un chien guide, portant un collier avec une étoile de David, et tenu en laisse par le président américain, aveugle, avec une kippa sur la tête. 

Mardi, Plantu s'est dit convaincu que le journal américain, qui s'est "aplati devant les réseaux sociaux en s'excusant plusieurs fois d'avoir publié un dessin", va "se ressaisir" et dire qu'il a eu "tort de se séparer des dessinateurs, car on ne peut pas imaginer des journaux sans les images d'opinion".

Le dessin de presse est un "droit humain fondamental" pour Plantu

A travers l'association Cartooning for peace (créée en 2006 avec Kofi Annan), et avec l'ONG Reporters sans frontières (RSF), Plantu mène justement une campagne pour que le dessin de presse soit reconnu par l'Unesco comme un droit humain fondamental. Il a donc exprimé sa solidarité à l'égard de ses confrères travaillant pour le New York Times parmi lesquels Antonio Moreira Antunes, dont la caricature est à l'origine de cette décision controversée. 

"Comme nous avons soutenu le dessinateur Antonio qui avait été censuré par le New York Times (...), l'association Cartooning for peace soutient le dessinateur Patrick Chappatte", l'un des dessinateurs vedettes du journal américain depuis une vingtaine d'années, a souligné le dessinateur. "Comme Patrick a un immense talent, nous ne sommes pas inquiets pour son avenir", mais en revanche "nous sommes inquiets pour l'avenir de nos démocraties et de la liberté d'opinion", a-t-il ajouté.

Les dessinateurs inquiets pour la démocratie

"Ces dernières années, certains des meilleurs dessinateurs de presse aux Etats-Unis (...) ont perdu leur travail parce que leurs éditeurs les trouvaient trop critiques envers (Donald) Trump", a déploré Patrick Chappatte lundi. "Peut-être devrions-nous commencer à nous inquiéter", a-t-il écrit. "Et nous rebeller. Les dessinateurs de presse sont nés avec la démocratie et lorsque les libertés sont menacées, ils le sont aussi."

Le responsable de la rubrique éditoriale du New York Times James Bennet a indiqué sur Twitter que le quotidien souhaitait continuer à travailler à l'avenir avec Patrick Chappatte et avec Heng Kim Song, son autre dessinateur vedette, sur d'autres formats.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.