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"Le P'tit Prince" : le classique de la littérature publié en occitan dans le cadre d'un programme de sauvegarde des langues régionales du CNRS

Le grand classique de la littérature, deuxième livre au monde le plus traduit après la Bible, continue son voyage dans les langues régionales. Il a cette fois été traduit par Anne-Marie Martin Guerre, habitante de Saint-Plantaire, à la frontière entre l'Indre et la Creuse, dans le patois de son village.
Article rédigé par Diego Caparros
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
"Le Petit Prince" est traduit en patois occitan par Anne-Marie Martin Guerre. (France 3 Nouvelle-Aquitaine)

Quand Le Petit Prince devient Le P'tit Prince. Comme le rapporte Le Progrès, en 2021 l'incontournable conte de Saint-Exupéry a été traduit dans plus de 382 langues et dialectes depuis sa publication en 1943. Un record qui le hisse sur le podium des livres les plus traduits au monde, juste derrière la Bible (traduite en 704 langues en 2020). Et Le Petit Prince continue son voyage dans les langues et les patois locaux en prenant cette fois-ci la direction du centre de la France, entre l'Indre et la Creuse. Là-bas, il a été transcrit par Anne-Marie Martin Guerre dans la langue de son enfance, l'occitan.

"Le P'tit Prince" : le classique de la littérature publié en occitan dans le cadre d'un programme de sauvegarde du CNRS
"Le P'tit Prince" : le classique de la littérature publié en occitan dans le cadre d'un programme de sauvegarde du CNRS "Le P'tit Prince" : le classique de la littérature publié en occitan dans le cadre d'un programme de sauvegarde du CNRS (France 3 Nouvelle-Aquitaine : A. Jegat / C. Maillard / M. Haranger)

"A la maison, on ne parlait que patois, quand je suis allée à l'école pour la première fois, je ne savais pas parler français", explique Anne-Marie. Une traduction très symbolique pour cette dernière.

"Pour moi, c'est rendre hommage à mes parents et à mes grands-parents, à ceux qui ont parlé le patois avant moi"

Anne-Marie Martin Guerre

traductrice du "Petit Prince" en occitan

Cette dernière n'est pas traductrice de formation, mais a retranscrit chaque phrase du précieux ouvrage de mémoire, sans l'aide d'aucun dictionnaire. "La conjugaison des verbes, c'était costaud, souligne Anne-Marie. Une même traduction peut à la fois évoquer l'imparfait, le futur ou le présent, en fonction du contexte."

Une opération de sauvegarde des patois locaux

Sa traduction rejoint une vingtaine d'autres retranscriptions, toutes faites dans les parlers du croissant. Une zone linguistique ou occitan et langue d'oïl se mélangent, donnant lieu à des patois syncrétiques et singuliers. "Quand on monte du nord au sud, cela change assez vite. Parfois en cinq kilomètres, on change d'univers linguistique, les conjugaisons changent. Pour connaître les parlers du croissant, on n'a pas d'autres choix que d'en écrire autant que l'on peut", explique Nicolas Quint, linguiste et chercheur au CNRS.

Pour le CNRS, c'est une opération précieuse de conservation d'un patrimoine oral, qui comme tant d'autres, s'éteindra avec ses derniers locuteurs. Le Petit Prince, lui, continue sa traversée des langues et des patois. Certaines phrases restent pourtant universelles. Se vos plai... Dessenha-me un moton…

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