« Les Enfants du paradis » s’exposent à la Cinémathèque française
Dès l’entrée, l’on est conquis. Conquis par cette façade reconstituée du Théâtre des funambules qui occupe tout le début du film, sa première époque, « Le Boulevard du crime », avec sa scène anthologique consacrée à cette ère épique de la scène française du romantisme 1830. Cette première salle est en même temps ornée de nombreuses affiches splendides, représentant chacun des protagonistes – de Garance (Arletty), à Jericho (Pierre Renoir), exécutées au fusain, avec au centre la caméra de Marcel Carné et un sunlight des années 40.
Une très belle scénographie reconstitue les ébauches de cette évocation du boulevard du Temple grandeur nature tout autour de la pièce : comment mieux s’imprégner du film d’emblée ? Une invitation parfaite au parcours qui va suivre, autour d’une œuvre unique, splendide et aux déboires nombreux dans le jalonnement de sa réalisation. Un parcours tout tapissé du velours rouge des théâtres, pour un film à propos duquel François Truffaut aurait dit : « Je donnerais tous mes films pour avoir réalisé ‘Les Enfants du paradis’ ».
Une collection magistraleIssues en grande partie du fonds de la Cinémathèque dédié au film de Carné - rassemblé grâce à l’amitié qui liait le réalisateur, le scénariste Jacques Prévert et le fondateur de l’institution, Henri Langlois -, suivent de nombreuses aquarelles signées du costumier Antoine Mayo. et les maquettes des décors signées Alexandre Trauner. Autant d’« incunables » inestimables sur la gestation du film, merveilleusement transposés à l’écran avec un soin méticuleux. A leurs côtés : une très belle toile de Kisling représentant Arletty nue en odalisque (l’actrice était modèle pour les peintres avant de passer devant la caméra), et un beau portrait expressionniste de Van Dongen. Après une salle consacrée aux documents épistolaires rendant compte des nombreux aléas que connût le tournage sur les deux ans de sa réalisation, de 1943 à 1945 (désaffection de la production italienne, dépassement de budget, arrêts dus aux coupures d’électricité, aux bombardements…), suit la très touchante exposition des costumes. Etonnant de constater l’état de conservation de ces vêtements portés par Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur, le chapeau défoncé de Pierre Renoir, sans parler de la magnifique robe d’apparat que porte Arletty dans la seconde partie du film, « L’Homme blanc ». Prolongations
Cet entretien de pièces maîtresses rejoint celui de la collection d’affiches, françaises et étrangères qui agrémentent cette exposition remarquable à plus d’un titre, et reflet du soin apporté à la promotion du film. Comme en témoignent également la beauté des albums publicitaires destinés aux distributeurs et exploitants, et autres photos.
L’exposition « Les Enfants du paradis » est complété par l’inauguration de la « salle des donateurs » où est rassemblée la collection Marcel Carné, qui évoque la carrière du grand cinéaste depuis sa collaboration inaugurale avec Jacques Feyder (« La Kermesse héroïque ») jusqu’à ses derniers films, en passant par « Hôtel du Nord », « Le Quai des brumes » (bientôt repris en version restaurée), « Les visiteurs du soir »... Affiches, photos, albums publicitaires (le plus luxueux étant celui des « Visiteurs du soir », enluminé tel « Les Riches heures du duc de Berry »), appareils de prises de vues, jusqu’au Lion d’or reçu à Venise remis pour l’ensemble de son œuvre agrémente cette salle…
Une rétrospective Carné et Jacques et Pierre Prévert se tient en parallèle à la cinémathèque, alors que « Les Enfants du paradis » sort dans une magnifique édition DVD et Blu-ray chez Pathé Gaumont, avec de nombreux bonus et un livret. Sans oublier diverses publications, notamment le catalogue de l’exposition, très bel album richement illustré pour rendre hommage à un cinéaste majeur, à, la tête d’œuvres magistrales, dont « Les Enfants du paradis » constitue un des sommets.Présentation de l'exposition par les commisaires Marianne de Fleury et Laurent Mannoni :
Exposition Les Enfants du paradis
du 24 octobre 2012 au 17 janvier 2013
Cinémathèque française
51, rue de Bercy 75012 Paris
Lundi, Mercredi à Samedi : 12h-19h
Nocturne le jeudi jusqu'à 22h
Dimanche 10h-20h
Fermeture le mardi
Fermeture de l'exposition à 18h lundi 24 décembre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.