Cet article date de plus de sept ans.

Littérature : la France aime Harlan Coben, qui aime la France

L’auteur américain de polars Harlan Coben est à Paris pour son dernier roman Intimidation. Avec 13,5 millions de livres déjà vendus en France, il a touché les lecteurs au cœur.

Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Harlan Coben, le 28 novembre 2016 à Paris. (DANIEL FOURAY / MAXPPP)

Les lecteurs français l’ont découvert y a une quinzaine d’années avec Ne le dis à personne, le film de Guillaume Canet adapté de l'un de ses premiers romans. L’auteur américain de polars Harlan Coben est à Paris, où franceinfo l’a rencontré.

La "petite larme" qui fait la différence avec le public français

Avec 70 millions de livres déjà vendus dans plus d'une quarantaine de pays, dont 13,5 millions en France, grands formats et poches confondus, le succès de l’écrivain ne tarit pas. Après Tu me manques, publié en poche l’an dernier, son dernier roman Intimidation, paru aux éditions Belfond en octobre 2016, figure lui aussi parmi les meilleures ventes de la rentrée. Bref, la France aime Coben qui aime la France.

"Les Français ont toujours été très bons avec moi. Je crois toujours que la différence du public français, c’est qu’il ne veut pas simplement un nouveau livre qui soit très rythmé, trépidant. Il veut aussi qu’il y ait quelque chose, un petit peu plus de cœur", confie l’écrivain.

Je pense qu’à la fin du livre on n’est pas simplement surpris. J’ai vraiment envie que le lecteur verse une petite larme et je crois que c’est vraiment ça qui fait la différence du public français

Harlan Coben

à franceinfo

Des personnages et des situations proches de nous

Les fans de Coben sont accros à une plume reconnaissable entre toutes. Le style Coben c’est un rythme rapide, une écriture très sobre, une relance de l’intrigue permanente, chapitre par chapitre, assez peu de violence et un sujet de prédilection : les honnêtes gens, les familles de la middle class de la Côte Est dont le destin bascule pour des petits riens ou des petits secrets qui reviennent du passé. Il est alors très facile pour le lecteur de s'identifier à ces personnages ou ces situations. Dans Intimidation Coben nous livre notamment une vision plutôt paranoïaque d’Internet et, en tout, cas effrayante.

"On a tous des secrets au fond de nous. On croit tous qu’on est très complexe et que les autres sont très simples, qu’on est de très bons lecteurs de l’âme humaine et que les autres n’arriveront jamais à nous comprendre. Mais aujourd’hui, avec Internet, plus personne n’est anonyme, en fin de compte. Et ce que l’on voudrait vraiment garder secret devient finalement exposé, explique Coben. Je suis un peu paranoïaque à propos d’Internet. Les élections américaines récentes ont révélé le rôle qu’ont eu les réseaux sociaux, les liens que l’on suppose être réels avec les autres. Internet change nos vies, change même la chimie de notre cerveau", poursuit-il.

Quand on va poster une photo sur Instagram, c’est pour avoir beaucoup de 'Like'. Ça active à peu près les mêmes circuits du cerveau que pour une souris qui veut obtenir des récompenses. Tout cela ne peut pas être bon pour notre santé.

Harlan Coben

à franceinfo

L’espoir à double tranchant

Dans la plupart des romans de Coben il est question de disparitions et, éventuellement, de retrouvailles, comme dans Ne le dis à personne. Mais ces retours sont loin d’être une promesse de vie paisible. "J’adore les disparitions, comme d’autres peuvent plutôt écrire des histoires de meurtres. Ce que j’aime bien, c’est que quand quelqu’un disparaît, il reste l’espoir, et avec l’espoir, il peut y avoir beaucoup de choses. Il peut y avoir l’espoir de la rédemption, c’est pour ça que c’est un très bon sujet pour moi", explique l’écrivain.

L’espoir peut vous élever, vous donner des ailes. Mais en même temps, l’espoir peut vous écraser le cœur comme un pauvre gobelet de polystyrène

Harlan Coben

franceinfo

Harlan Coben a tout du grand professionnel de l'écriture. Il adore ça et ne sait rien faire d’autre, dit-il. Il vit dans une relative solitude, enfermé chez lui, près de sa famille dans le New Jersey. Il n’a aucun hobby si ce n'est quelques vagues parties de golf. Seul petit changement à venir dans sa vie professionnelle, il promet de s’occuper un peu plus de cinéma. Car étonnamment, Harlan Coben n'a jusqu’à maintenant jamais vraiment intéressé le cinéma américain. Mais il discute actuellement avec l'actice américaine Julia Roberts pour l'adaptation de son dernier roman, pas encore publié en Europe.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.