#marquepage du 13 avril 2022 : échos des livres glanés par Anne-Marie Revol

Un nouveau numéro de Marque-Page : l’auteur qui se dissimule derrière ses quatre clichés est un expert du crime… Stephanie Gauthard, libraire à la Brède, nous emmène à Chypre, avec L’île aux arbres disparus, d’Elif Shafak, publié chez Flammarion. Quant aux Instagrammeurs, ils nous replongent en pleine guerre d’Indochine avec le dernier roman d’Eric Vuillard, Une sortie honorable, édité chez Actes Sud.

Et c’est reparti pour un quizzzz !  

L’homme qui se raconte cette semaine en quatre photos est avant tout journaliste. Grand reporter à Radio France, il a, entre autres, "couvert" l’affaire Grégory, la chute du bloc soviétique et la guerre de Yougoslavie. Enorme bosseur, il devient successivement directeur des programmes d’M6, de Paris Première et de RTL. Aujourd’hui concentré sur son métier d’écrivain, il aime disséquer la face sombre de l’être humain. Auteur de dix-huit ouvrages dont plus de dix thrillers, il écrit aussi des scenarii pour le cinéma et la télévision. Son dernier roman, plus terrifiant – et jouissif ! – que jamais raconte l’histoire d’un homme à la haine recuite qui décide de se venger de sa bête noire le jour de ses 50 ans. Si j’ajoute à cela que le nom de cet auteur masqué est un... aptonyme synonyme de "pro" et de "connaisseur" vous devriez trouver les doigts dans le nez !

La libraire nous plonge en pleine guerre civile chypriote…  

Pour nous présenter le dernier roman de la romancière turque Elif Shapak, les premiers mots de Stéphanie Gauthard, libraire à la Brède, au Jardin des mots, sont les suivants : "On ne devrait jamais tomber amoureux pendant une guerre civile…" Cette phrase, à elle seule, résume à la perfection L’île aux arbres disparus, récemment paru chez Flammarion. En 1974, dans la Chypre déchirée par les combats et les attentats, Kostas qui est grec et Defne qui est turque, s'aiment d'amour fou. Pour échapper à la haine et à la violence de ses pairs, le jeune homme est exilé de force à Londres. Ville où ils se retrouveront et… se marieront bien des années plus tard. Dans les années 2010, Ada, leur fille de 15 ans, "essaye de comprendre ce que ses propres parents ont pu vivre. Pourquoi ils ont dû s’exiler puisque surtout on ne parle jamais de Chypre à la maison." Le récit de la jeune adolescente mal dans sa peau alterne avec les monologues d’un… figuier qui rythment le récit et insufflent une sagesse qui transcende les frontières et les souffrances de ce couple arraché à son pays. "Un livre poétique et rempli de magie." Un livre bouleversant. Et inoubliable.   

Les Bookstagrammeurs se passionnent pour l’Indochine et sa… guerre  

Ils sont unanimes lorsqu’il s’agit de nous inviter à lire le dernier roman d’Eric Vuillard, prix Goncourt 2017 pour L’ordre du jour. La guerre d'Indochine est l'une des plus longues guerres modernes. Pourtant, dans nos manuels scolaires, elle existe à peine. Une sortie honorable raconte comment, par un prodigieux renversement de l'histoire, deux des premières puissances du monde ont perdu contre un tout petit peuple, les Vietnamiens. Il nous plonge également au cœur de l'enchevêtrement d'intérêts qui conduira à la débâcle. "Des portraits ironiques de vieux décrépis installés depuis 50 ans au pouvoir, de nobles consanguins qui vivent en vase clos, de banquiers d'affaires sans scrupules…", précise non sans ironie @lepetitcoinlecturedenath. Un tableau historique éclairé, qui met "en lumière ces faits anecdotiques (…) exhumés des profondeurs de l'oubli et qui, une fois révélés, vous donnent à voir une réalité bien différente de celle des manuels d'Histoire", souligne @librarielegrenier. Un ouvrage brillant où tout est vrai même s’il se lit comme un roman. Captivant.