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Mitterrand fou d'amour : parution d'un journal et de ses lettres à Anne Pingeot

"Ô désir de tes bras, de ton être, du feu et de la houle, du cri qui nous dépose aux bords d'un autre monde..." Cette lettre de François Mitterrand à son "Anne très chérie", est publiée le 13 octobre chez Gallimard parmi plus d'un millier d'autres missives adressées à sa maîtresse Anne Pingeot de 1962 à 1995. Un journal rempli de dessins et de collages "pour Anne" est également publié.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Francois Mitterrand avec sa maitresse Anne Pingeot se promènent, en janvier 1981, dans la propriété de Francois de Grossouvre dans la Nievre.
 (Villard / Sipa)

Au début, il a 46 ans elle en a 19

À lire "Lettres à Anne, 1962-1995", on est frappé par la qualité littéraire et le style du président-écrivain. Certaines lettres sont de vibrants poèmes d'amour.
 
La première, datée du 19 octobre 1962, est celle d'un amoureux timide. Alors sénateur de la Nièvre, il a 46 ans. Elle n'en a que 19. Face au regard de la loi, elle est encore mineure. François Mitterrand promet à "Mademoiselle Anne Pingeot" de lui envoyer son exemplaire de Socrate. "Ce petit livre sera le messager qui vous dira le souvenir fidèle que je garde de quelques heures d'un bel été".
 
Ils se sont rencontrés cet été-là dans la station balnéaire d'Hossegor (Landes). Depuis 1944, François Mitterrand, plusieurs fois ministre sous la IVe République, est marié à Danielle Gouze. Il a deux fils, Jean-Christophe et Gilbert.

Les missives se font toujours plus intimes

À partir de 1964, les missives se font plus intimes. "J'aime mes mains qui ont caressé ton corps, j'aime mes lèvres qui ont bu en toi...", écrit François Mitterrand en juillet de cette année-là.

Décembre 1965, François Mitterrand se présente pour la première fois à l'élection présidentielle mais il trouve encore le temps d'écrire à son "Anne chérie". Le jeudi précédent le second tour, il se plaint d'avoir manqué un rendez-vous. "Je suis triste, triste (...) un jour sans toi, c'est trop bête."

En janvier 1975, quelques jours après la naissance de sa fille, il écrira une lettre adressée à "Mazarine chérie". "J'écris pour la première fois ce nom. Je suis intimidé devant ce nouveau personnage sur la terre qui est toi..."

"Tu as été la chance de ma vie", écrit-il

À partir de 1981 et l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République, les missives deviennent plus rares. Dans une des très rares lettres publiées d'Anne Pingeot, on apprend que le 9 novembre 1981 le président lui a dit qu'il souffrait d'un cancer et que le pronostic vital était "entre trois mois et deux ans".
 
La lettre sans conteste la plus émouvante est la dernière. L'ancien président, très malade, se repose à Belle-Île. "Mon bonheur est de penser à toi et de t'aimer", a-t-il la force d'écrire. Ses derniers mots sont : "Tu as été la chance de ma vie. Comment ne pas t'aimer davantage?"

Le Journal pour Anne

Gallimard publie également le 13 octobre le "Journal pour Anne" que François Mitterrand a tenu entre 1964 et 1970. Il s'agit d'une longue déclaration d'amour mêlant écrits, collages et dessins, adressé à la future conservatrice de musée, dont l'influence a été déterminante sur le rapport du président à la culture. Un ovni ludique et passionnel qui éclaire l'homme d'État d'un jour nouveau. 

C'est Anne Pingeot elle-même qui a dévoilé cette correspondance (1218 lettres) et ce journal à Jean-Louis Champion, éditeur chez Gallimard. Elle s'est ensuite chargée de la retranscription et de l'édition des lettres et du journal, un travail colossal qu'elle a tenu à effectuer elle-même. Elle publie d'ailleurs des souvenirs et observations dans les marges. Elle livre même certaines de ses propres lettres. Pourtant, durant la promotion de ces archives sentimentales, celle qui était l'"Animour" du grand homme sera à l'étranger, absente des médias.

"Lettres à Anne, 1962-1995" et "Journal pour Anne" paraissent le 13 octobre chez Gallimard

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