Mort de Gabriel Garcia Marquez, l'âme du "réalisme magique" latino-américain
Son décès, annoncé par les médias mexicains, a été confirmé par le président colombien Juan Manuel Santos. Garcia Marquez avait été hospitalisé le 31 mars à Mexico. Il souffrait d'une infection pulmonaire doublée d'une infection urinaire et de déshydratation. "Gabo" avait quitté l'hôpital neuf jours plus tard mais son état de santé inspirait de l'inquiétude. Le romancier, également journaliste, s'est éteint à Mexico où il vivait.
Deuil national
Quelques heures après l'annonce du décès du prix Nobel de littérature, sa famille a informé par un communiqué que le corps serait incinéré "en privé", sans donner de précisions sur la date ou le lieu de la crémation. La soeur de l'écrivain, Aída García Márquez, avait auparavant réclamé le retour du corps dans son pays d'origine, arguant que "Gabito est de Colombie", mais reconnaissant que la décision finale appartient à la veuve et aux enfants du défunt.
"En hommage à la mémoire de Gabriel Garcia Marquez, j'ai décrété un deuil national de trois jours", a déclaré M. Santos lors d'une brève allocution solennelle à la télévision. Le chef de l'Etat a également donné l'ordre de "mettre le drapeau en berne dans toutes les institutions publiques". "Nous espérons que les Colombiens feront de même dans leurs maisons", a-t-il ajouté.
Un imaginaire luxuriant
Il laisse derrière lui une oeuvre prolifique, baroque, dominée par "Cent Ans de solitude" et "L'Amour au temps du choléra". Ses romans se sont vendus à dizaines de millions d'exemplaires, ce qui faisait de lui l'un des auteurs les plus connus, sinon le plus connu, d'Amérique latine.
Auteur d'essais et de nouvelles dans les années 1950 et au début des années 1960, il rencontre un succès immédiat en 1967 avec "Cent ans de solitude", qui conte la vie de sept générations d'une famille originaire du village fictif de Macondo.
L'auteur mexicain Carlos Fuentes estimait que ce roman était l'équivalent latino-américain du Don Quichotte de Cervantès. C'est ce mélange de fantastique et de réalisme, d'un imaginaire luxuriant reflétant la vie et les confits du continent latino-américain, qu'avait récompensé l'académie des Nobel. "Cent ans de solitude", publié en 1967, a été traduit depuis en 35 langues et vendu à plus de 30 millions d'exemplaires.
"Un millier d'années de solitude et de tristesse à la mort du plus grand Colombien de tous les temps", a déclaré le président Juan Manuel Santos sur son compte Twitter. "La Colombie entière est en deuil, puisqu'est parti le compatriote le plus admiré et le plus aimé de tous les temps", a commenté M. Santos. "Il a été, et je n'exagère pas, le Colombien qui, dans toute l'histoire de notre pays, a porté le plus loin et le plus haut le nom de notre patrie", a-t-il poursuivi. "Pour nous Colombiens, Gabo n'a pas inventé le réalisme magique, il a été son plus grand illustrateur dans un pays qui représente lui-même le réalisme magique. Un pays qui combine la joie et la douleur, la poésie et le conflit", a affirmé M. Santos.
Mil años de soledad y tristeza por la muerte del más grande colombiano de todos los tiempos! Solidaridad y condolencias a la Gaba y familia
— Juan Manuel Santos (@JuanManSantos) April 17, 2014
Gabriel Garcia Marquez était né le 6 mars 1927 sur la côte caraïbe de la Colombie. Elevé par ses grands-parents maternels, ami de Fidel Castro, il n'avait jamais fait mystère de ses convictions de gauche. "La culture latino-américaine est en deuil, Gabriel Garcia Marquez est mort" écrit Granma, le journal du Parti communiste cubain, sur son site internet.Dans un communiqué publié par la Maison Blanche, le président américain Barack Obama a estimé que "le monde a perdu l'un des ses plus grands écrivains visionnaires, et l'un des mes préférés quand j'étais jeune".
Le président mexicain Enrique Peña Nieto a exprimé ses condoléances au nom du Mexique en soulignant sur son compte Twitter que, "né en Colombie, il avait fait depuis des décennies de Mexico son foyer, enrichissant ainsi notre vie nationale".
L'ex-président américain Bill Clinton a loué le "don unique d'imagination, de clarté de pensée et d'honnêteté émotionnelle" de celui qui fut son ami "pendant plus de 20 ans".
L'auteur brésilien Paulo Coelho a salué l'écrivain qui "a brisé le mur entre la réalité et la fantaisie, ouvrant la voie à toute une génération d'écrivains sud-américains". L'oeuvre de Gabriel Marcia Marquez
Le Nobel colombien de littérature laisse en héritage une oeuvre abondante, dont le chef d'oeuvre "Cent ans de solitude". Voici une sélection de ses principaux écrits, entre romans, nouvelles et autres travaux journalistiques :
Romans
- Des feuilles dans la bourrasque (1965)
- Pas de lettre pour le colonel (1958)
- Cent ans de solitude (1967)
- L'automne du patriarche (1975)
- Chronique d'une mort annoncée (1981)
- L'Amour aux temps du choléra (1985)
- Le général dans son labyrinthe (1989)
- Douze contes vagabonds (1992)
- De l'amour et autres démons (1994) J
- Journal d'un enlèvement (1997)
- Vivre pour la raconter (autobiographie - 2002)
- Mémoire de mes putains tristes (2004)
Nouvelles
- La troisième résignation (1947)
- Les funérailles de la grande mémé (1962)
- L'incroyable et triste histoire de la candide Eréndira et de sa grand-mère diabolique (1972)
Oeuvres journalistiques
- Récit d'un naufragé (1955)
- Chili, le Coup d'État et les Gringos (1974)
- Vive Sandino (1982)
- L'Aventure de Miguel Littín, clandestin au Chili (1986)
- Je ne suis pas ici pour faire un discours (2010)
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