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Nathacha Appanah et Patrizia Paterlini-Bréchot lauréates des Prix France Télévisions

Deux jurys de téléspectateurs ont choisi les lauréats des prix France Télévisions parmi six essais et six romans présélectionnés par les animateurs et journalistes culturels du groupe. Le prix Roman est attribué à Nathacha Appanah pour "Tropique de la violence" (Gallimard). Le prix Essai récompense "Tuer le cancer", de Patrizia Paterlini-Bréchot (Stock).
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture
France Télévisions
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Nathacha Appanah, auteur de "Tropique de la violence" (Gallimard)
 (C. Helie)

Le prix Roman France Télévisions a été décerné à Nathacha Appanah pour son roman "Tropique de la violence" (Gallimard). Un choix arrêté au 2e tour par 9 voix contre six pour "Continuer", de Laurent Mauvignier.

"Tropique de la violence" fait le récit d’une jeunesse livrée à elle-même sur l’île française de Mayotte, dans l’océan Indien. Cinq destins se croisent et révèlent la violence de ce "Paradis" sauvage au bord du chaos. "Tropique de la violence" est un réquisitoire contre la misère, un appel au secours pour cette île coincée entre pression migratoire et montée infernale de la violence.

Nathacha Appanah est née à l'île Maurice et vit en France. Ses précédents ouvrages ont été traduits dans plusieurs pays et couronnés de prix littéraires. "Tropique de la violence" est son sixième roman.

Nathacha Appanah "honorée par ce prix décerné par les lecteurs"

"Je suis très honorée. C'est un prix de lecteurs, et ce sont les meilleurs", a déclaré Nathacha Appanah à l'annonce de son prix. "C'est très gratifiant pour un écrivain. On passe des années dans la solitude, à essayer de dire, de la manière la plus sincère et la plus juste ce que nous avons à dire, et ensuite, quand un livre rencontre comme ça un échos, c'est formidable", explique souriante Nathacha Appanah. "Cela veut dire que des jurés ont défendu et voté pour votre livre. Cela apporte beaucoup d'honneur, et cela m'incite aussi à l'humilité", ajoute la romancière, qui espère avec ce prix que son roman trouvera d'autres lecteurs, "mais cela ne changera rien à mon travail, car je tiens à garder toute ma liberté", insiste Nathacha Appanah.

"Quand on me dit que mon livre est violent, je suis toujours un peu surprise. Mais je crois que j'ai une conscience aiguë de la violence dans laquelle nous vivons à chaque instant et partout. Sans doute cela se décuple-t-il dans une oeuvre littéraire, mais cette violence n'est pas inventée. Ce n'est pas une œuvre de sciences fiction", conclut la romancière.

"Un roman qui donne une petite claque sur le museau des préjugés"

La lauréate a été désignée après de vifs et passionnants échanges entre les 15 lecteurs du jury du prix Roman France Télévisions. Des discussions riches et animées, où chacun a pu défendre son point de vue avant de voter à bulletin secret.

"'Tropique de la violence' m'a vraiment interpelée", explique mercredi Noélie, chef de projet web. "C'est un roman brutal, mais qui m'a beaucoup plu. C'est très bien écrit, et j'ai apprécié le côté pas manichéen du propos", ajoute la jeune femme. "C'est un livre choral, qui transmet une idée de la fin des paradis", ajoute Cécilia. Florence ajoute :"Je l'ai lu comme une pièce de théâtre, avec les points de vue de ces cinq personnages". Pour Benjamin, "Tropique de la violence" est "éblouissant".
 
Les autres romans de la liste des six romans sélectionnés ont retenu l'attention des jurés. Marion, professeur des écoles, dit avoir été particulièrement sensible à la langue de "Continuer", le roman de Laurent Mauvignier. Henri, viticulteur, lui, dit avoir eu un vrai coup de cœur pour "La Sonate à Bridgetower" (Actes Sud), d'Emmanuel Dongala, "un livre qui nous offre du dépaysement, qui nous parle d'autre chose que de notre quotidien, d'histoire, et qui ne manque pas d'humour". De son côté, Olivier, gendarme, confie avoir pris une claque en lisant "Apatride", de Shumona Sinha (L'Olivier). "J'ai apprécié le style littéraire, sec, tranchant", insiste-t-il. Marc, juriste, a été conquis par "Denise au Ventoux", de Michel Jullien (Verdier).

Mais c'est finalement Nathacha Appanah qui a emporté la majorité des suffrages. "Un très bon choix", confirme François Busnel, président du jury de sélection, qui a présidé (sans intervenir) aux délibérations. "Tous les livres de cette sélection méritaient un prix. Avec ce roman de Nathacha Appanah, vous avez choisi un roman extrêmement fort, qui donne une petite claque sur le museau des préjugés", conclut François Busnel.

"Tuer le cancer" : "C'est un livre qui m'a donné envie de faire des choses"

Du côté des essais, les débats ont été passionnants également autour de cette sélection qui réunissait des ouvrages très divers, où il était  question de sciences, de chemins de vie, de maladie, de l'histoire, ou bien de la nuit ou de l'âme. C'est finalement "Tuer le cancer" de Patrizia-Paterlini Bréchot (Stock), qui a emporté le prix avec 8 voix contre 6 pour "De l'âme", de François Cheng (Albin Michel).

Le livre du professeur Patrizia Paterlini-Bréchot fait le récit de son parcours personnel vers une découverte essentielle pour lutter contre le cancer : une simple prise de sang qui permet aujourd’hui de détecter, en amont, les prémisses d’un cancer.

Patrizia Paterlini-Bréchot est oncologue, hématologue, Professeur de Biologie Cellulaire et Moléculaire appliquée à l’Oncologie à l'Université Paris Descartes et directeur d'équipe de recherche. Son travail a été récompensé par plusieurs prix français et internationaux.

"C'est un livre qui m'a donné envie de faire des choses", raconte Camille, pharmacienne à Marseille. "C'est plus le parcours de madame Paterlini-Bréchot, que le sujet scientifique en lui-même, qui m'a plu. Pour moi, elle représente un exemple en tant que femme, qui a dû se battre pour atteindre ses objectifs. Elle est inspirante". "C'est un livre qui dégage quelque chose de formidable", ajoute Claudine, 69 ans, à la retraite. "C'est un livre d'espoir et d'optimisme, qui tranche avec le côté sombre des autres livres de la sélection", ajoute-t-elle. Gilbert vote aussi pour "Tuer le cancer", un livre "humaniste, très profond, qui mérite vraiment un coup de chapeau".
 
De son côté, Jean-Jacques, cadre de santé, a fait une vraie découverte avec "La nuit. Vivre sans témoin", de Michaël Foessel (Autrement). "J'ai vraiment le sentiment que c'est un livre que je pourrais lire plusieurs fois, et que chaque fois j'en sortirais grandi", explique-t-il. "De l'âme" a enthousiasmé également plusieurs membres du jury. "Je ne pensais pas être aussi touchée par 'De l'âme', le livre de François Cheng", explique-t-elle. "Je ne suis pas particulièrement versée dans la philosophie, ou dans la spiritualité, et je ne pensais vraiment pas que ce serait le livre qui me plairait le plus. Et finalement, j'ai eu le sentiment que c'était un livre qui m'élevait, que j'ai lu lentement, que j'ai dégusté, et qui m'a donné l'impression qu'il me nourrissait. Je l'ai trouvé à la fois érudit et accessible, fluide et profond", conclut-elle.

"Moi c'est le livre de Sylvain Tesson qui m'a conquise", explique Marie, étudiante. "Sur les chemins noirs" (Gallimard), "j'ai aimé partir en voyage avec lui. Cela m'arrive de partir sur les routes moi aussi, et j'y retrouvé l'idée que je me fais du voyage", conclut-elle.

Grandes discussions, chacun défend son point de vue, certains avec opiniâtreté, comme Gilbert, fermement décidé à emmener sa favorite Patrizia Paterlini-Bréchot. Le vote final lui donnera finalement raison.

"Encore un très bon choix", commente François Busnel. "Un coup de chapeau, comme le disait Gilbert, à un livre utile". Les deux lauréats sont les invités ce soir de la Grande Librairie.

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