Nobel : cette année la littérature s'offre deux prix, une femme au moins devrait être primée
Cette année la littérature s'offre deux lauréats après une saison blanche l'an dernier. L'annonce est attendue jeudi 10 octobre.
2019 doit marquer l'An 1 de la résurrection pour cette institution fondée en 1786 sur le modèle de l'Académie française, mise au supplice depuis deux ans par l'exposition de ses turpitudes internes après un scandale d'agression sexuelle.
L'académie avait dû reporter d'un an l'annonce du Nobel 2018 - une première depuis 70 ans - faute du quorum d'académiciens requis, et il aura donc cette année deux médailles à graver dans l'or, l'une pour 2018, l'autre pour 2019, chacune agrémentée d'un chèque de 9 millions de couronnes (830.000 euros).
Sauf... Sauf si "les lauréats n'acceptent pas le prix" dévalorisé à leurs yeux, avertit Madelaine Levy, critique au quotidien Svenska Dagbladet. Comme chaque année depuis 1901 les salons littéraires bruissent de mille rumeurs qu'on devine être l'écho du désir de ceux qui les propagent.
Des rumeurs et des femmes...
La Polonaise Olga Tokarczuk et le Kényan Ngugi Wa Thiong'o voisinent ainsi dans les colonnes des journaux avec l'Albanais Ismaïl Kadaré, l'Américaine Joyce Carol Oates et, éternel oublié, le Japonais Haruki Murakami.
Leçon apprise, l'académie ne devrait pas faire de vagues et une femme au moins sera primée, prédit-on. "Les Nobel (...), surtout la littérature et la paix, sont toujours controversés", prévient Olivier Truc, auteur de "L'affaire Nobel" (Grasset).
Le sacre de Bob Dylan en 2016 avait indigné les gardiens du Temple. En 2017, celui de l'écrivain britannique d'origine japonaise Kazuo Ishiguro, plus consensuel, avait été perçu comme une réparation.
Le 'Weinstein' français
Aux sources du scandale, la publication en novembre 2017 de témoignages anonymes accusant une personnalité proche de l'Académie d'agressions sexuelles, de harcèlement et de viols.
La vindicte, apparue quelques semaines après la mise en cause du producteur de cinéma américain Harvey Weinstein et le lancement du mouvement #MeToo, visait le Français Jean-Claude Arnault, marié à une académicienne, la poétesse Katarina Frostenson. Lui a depuis été condamné à deux ans et demi de prison pour viol, elle a rendu son fauteuil.
La déflagration a entraîné une avalanche de départs au sein de l'Académie, corrompue par les clans et les luttes d'orgueil. A telle enseigne que le roi Carl XVI Gustaf, protecteur de l'académie, a dû intervenir, événement rarissime dans cette démocratie où la monarchie est tenue à un rôle d'apparat.
L'Académie suédoise a depuis fait peau neuve ou presque, modifié ses statuts, promis plus de transparence dans son fonctionnement.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.