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Nobel de littérature : les spéculations vont bon train

La Bélarusse Svetlana Alexievitch, le Kenyan Ngugi wa Thiongo et le Japonais Haruki Murakami sont les favoris des cercles littéraires et des sites de paris en ligne pour le prix Nobel de littérature, décerné jeudi. L'annonce est attendue en début d'après-midi heure de Paris.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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La cérémonie de remise des prix Nobel (10 décembre 2013)
 (Jonathan Nackstrand / AFP)

Il reste difficile de deviner qui succèdera à la Canadienne Alice Munro. Après des semaines de spéculations, "soudainement, certains noms reviennent plus que d'autres. Cette année, Ngugi wa Thiong'o est l'un d'entre eux", a expliqué à la télévision publique SVT Jessika Gedin, la présentatrice d'une émission culturelle populaire, Babel.
 
Mais le mystère entourant les délibérations de l'Académie suédoise, qui décerne le prix, reste entier. Sur son blog, le secrétaire perpétuel Peter Englund a simplement publié mardi une photo de la majestueuse salle de la Bourse, où il annoncera le nom du lauréat, indiquant : "Les préparatifs sont en cours".
 
210 candidatures, cinq finalistes retenus
 
Sur les 210 candidatures soumises à l'Académie cette année, cinq ont été retenues. Les membres du jury, chargés de lire attentivement ces cinq auteurs, ont traditionnellement recours à toutes sortes de stratagèmes pour garder secrète cette liste de finalistes.
 
Le continent africain est le parent pauvre du Nobel : seuls quatre auteurs ont été récompensés depuis la création du prix, le dernier étant le Sud-Africain John M. Coetzee, en 2003.
 
Le Kényan Ngugi wa Thiongo est un candidat d'autant plus crédible qu'il a "un style élaboré, c'est un conteur populaire et un dissident anticolonialiste  pur jus", soutient une critique littéraire d'Aftonbladet, Pia Bergström.
 
Murakami est le préféré des lecteurs et des journalistes
 
Ngugi wa Thiongo a également les faveurs du site de paris en ligne Ladbrokes, où sa cote était à 7/2 mercredi après-midi, devant Haruki Murakami, alors en tête chez Betsson et Unibet.
 
Haruki Murakami "est le préféré des lecteurs et de beaucoup de journalistes, mais il manque à ses oeuvres ce supplément de profondeur qui ferait de lui un  Nobel", pense Elise Karlsson, critique auprès du quotidien Svenska Dagbladet. Selon elle, il ne faut pas perdre de vue que "l'Académie aime bien surprendre".
              
"Rien ne serait plus étonnant que de choisir des Canadiennes deux années d'affilée", affirme-t-elle. Pourtant les noms d'Anne Carson et de Margaret Atwood apparaissent souvent dans les discussions.
 
Claes Wahlin, critique au tabloïd Aftonbladet, remarque qu'il est "vraiment très rare que l'Académie récompense la même langue deux années d'affilée", ce qui exclurait la littérature anglophone, primée en 2013.
 
 
Le lauréat doit transmettre un message
Mais, si la même langue est choisie, "il faut que ce soit dans deux parties du monde très éloignées", ce qui éliminerait l'Américaine Joyce Carol Oates.
 
Le Syrien Adonis, le Français Yves Bonnefoy ou le Sud-Coréen Ko Un seraient des lauréats plausibles, si l'Académie veut se détourner du roman.
 
"Le lauréat doit pouvoir transmettre des sentiments forts, son écriture ne doit pas seulement être divertissante, elle doit surtout transmettre un message qui permet au lecteur de réfléchir, de contempler l'existence d'une autre  manière", estime Elisabeth Grate, éditrice à Stockholm.
 
Le prix pourrait plébisciter le reportage littéraire et aller à la Bélarusse Svetlana Alexievitch, avance Elise Karlsson.
 
Pourquoi pas Milan Kundera ?
 
Svetlana Alexievitch, donnée comme archifavorite chez les parieurs en 2013, est pour Lidija Praizovic, d'Aftonbladet, une lauréate idéale qui "se concentre toujours sur les expériences et les sentiments du petit individu",  explique-t-elle dans son quotidien.
 
Le Français Patrick Modiano, qui a dépeint Paris sous l'occupation allemande, et le Somalien Nuruddin Farah, qui a évoqué l'histoire complexe d'un pays méconnu, sont également cités.
 
Enfin, si l'Académie veut choisir un auteur âgé, Milan Kundera, 85 ans, pourrait être récompensé.
 
"De toute façon, on ne sait jamais", a conclu amusée Jessika Gedin. "Cette semaine, dans les rédactions culturelles (...), on lit dans le marc de café".

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