On a moins lu en 2020, révèle le baromètre "Les Français et la lecture"
Le Centre national du livre (CNL) a dévoilé mardi 30 mars son baromètre "Les Français et la lecture" (étude CNL / IPSOS) qui mesure les pratiques de lecture des Français. Que lisent-ils, comment lisent-ils où achètent-ils leurs livres ? En 2020, la crise sanitaire est passée par là, et contrairement à ce que l'on aurait pu attendre, les Français ont moins lu en 2020.
Depuis 2015, le Centre national du livre (CNL) publie avec Ipsos un "baromètre Les Français et la lecture". Ce baromètre a pour objectifs de mesurer, comprendre et identifier les pratiques et perceptions des Français vis-à-vis du livre et de la lecture. En 2020, les pratiques de lectures ont été affectées par la crise sanitaire. Un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population française des 15 ans et plus, interrogées par téléphone entre le 8 et le 26 janvier 2021. Dévoilée ce 30 mars, la 4e étude publiée par le CNL montre les impacts de la crise sanitaire sur les habitudes de lecture des Français.
Les Français ont lu moins en 2020
Traversée par la crise sanitaire, l'année 2020 a été marquée par une baisse de la pratique de la lecture, même si les Français restent encore très nombreux à lire et confirment leur attachement à cette pratique. Les Français sont moins nombreux à se percevoir comme des "lecteurs de livres". Une perception surtout en baisse chez les 15-34 ans et presque autant chez les femmes que les hommes.
Cette baisse s'explique par les contraintes imposées par la crise sanitaire, comme par exemple la diminution des déplacements, un moment privilégié pour la lecture pour bon nombre de Français, ou la fermeture des bibliothèques et des librairies. "On peut aussi expliquer cette baisse par le télétravail et la porosité que cela a entraîné entre la lecture liée au travail ou aux études et la lecture pour le plaisir", explique Régine Hatchondo, la nouvelle présidente du CNL. "Cela a créé chez certains lecteurs une certaine lassitude qui n’a pas joué en faveur de la lecture loisir". L'étude parle même de "burn-out" de la lecture, qui s'explique par le sentiment de "lire plus souvent" que dans les enquêtes des années précédentes.
L'explosion du temps passé sur les écrans peut également expliquer en partie la baisse de la pratique de la lecture, ainsi que les troubles psychologiques consécutifs à la crise révélés par cette étude, qui constituent également sans doute un frein à la lecture, estiment les auteurs de l'étude.
Mais la lecture reste une pratique à haute valeur ajoutée
Si la pratique de la lecture a baissé en 2020, les Français restent néanmoins des lecteurs. Plus de 80% d'entre eux ont lu au moins un livre dans l’année, et ils se disent très attachés à cette pratique. "Les Français n'ont jamais autant valorisé et de manière aussi affirmée, la lecture qu'en 2020", souligne l'étude et le plaisir est cité en premier dans les raisons pour lesquelles il est selon eux important de lire. "Il y a des valeurs très positives qui sont associées à la lecture. Le lecteur nous dit je m'enrichis, j'apprends des choses, je comprends comment fonctionne le monde, je me détends, j'ai du plaisir, je suis plus heureux et plus épanoui, je m'évade", souligne Régine Hatchondo. Les Français ont également continué à offrir des livres, "la preuve que c'est un objet précieux à leurs yeux !", remarque la présidente du CNL.
Moins de romans, plus de livres de reportage et d'actualité
Les romans restent en tête des lectures privilégiées par les Français mais en 2020, ils ont lu davantage de livres "utilitaires", des essais, des livres d'histoire, des livres scientifiques, et aussi plus de livres de reportages et d’actualité, surtout du côté des femmes, et moins de romans (-7 points) et de livres pratiques (-7 points). "Ce phénomène s'explique sans doute par un besoin en ces temps de crise de comprendre, comprendre ce qui se passe, à court terme, dans cette situation tout à fait particulière, et probablement que cela ouvre des perspectives sur le désir de comprendre le monde à plus long terme, aussi", suppose Régine Hatchondo. A noter également dans l'ordre des préférences des lectures des Français, la catégorie des BD-Mangas est détrônée de sa troisième position par les livres sur l’histoire, dont le taux de lecteurs est resté stable en 2020.
Les lecteurs ont privilégié les classiques, les grands noms ou les prix littéraires
Privés un temps de la possibilité de flâner en librairie, et par conséquent de consulter la quatrième de couverture, ou de bénéficier des prescriptions des libraires, les Français ont privilégié les classiques ou les livres d'auteurs déjà reconnus, ou primés, au détriment des premiers romans ou des auteurs plus confidentiels. "Ces livres-là et les petits éditeurs, ont été écrasés par la crise sanitaire", regrette la présidente du CNL.
En 2020, les Français sont allés au bout de leurs lectures
La lecture en entier, de la première à la dernière page a fortement progressé en 2020 pour les genres "utilitaires" comme les livres pratiques, les livres scientifiques ou sur le développement personnel. C'est moins vrai pour les romans, la BD et les mangas.
Les grands lecteurs sont toujours en majorité des grandes lectrices
Dans la catégorie des grands lecteurs de livres papier (ceux qui lisent plus de 20 livres par an), ce sont toujours les femmes qui restent les plus nombreuses, et on constate un vieillissement de cette population, avec un âge moyen passé de 52 à 55 ans et la proportion des plus de 65 qui n'a jamais été aussi élevée (45 %, contre 36 % en 2019. Plus de la moitié de ces grands lecteurs sont diplômés de l'enseignement supérieur. La proportion de jeunes dans cette population de grands lecteurs a en revanche baissé, repassant à son niveau de 2017 (contre 16 % en 2019). Le profil des grands lecteurs sur support numérique est différent : les grands lecteurs sur support numérique sont surtout des hommes (53%), bien implantés en Ile-de-France, et plus jeunes (41 ans d'âge moyen).
Les Français n'ont pas lu plus de livres numériques
Le taux de lecteurs de livres numériques est resté globalement stable en 2020 (alors que ce taux a baissé pour le livre papier). Les hommes et les 15-24 ans sont ceux qui privilégient le plus volontiers ce mode de lecture, tandis que les femmes et les plus de 50 ans restent plus réticents à ce format.
Des Français restent plus que jamais attachés à leurs librairies
Les Français ont acheté moins de livres neufs, mais se déclarent toujours "très attachés à la librairie". Ils se sont mobilisés et ont affirmé leur attachement à leurs librairies dès le premier confinement (#tousenlibrairies). Les librairies générales devancent ainsi en 2020 les grandes surfaces et les achats sur internet dans le classement des lieux d’achat déclarés. Pour ceux qui n'achètent pas en librairie, le premier frein reste le fait de ne pas en avoir une près de chez eux, et en second le prix (ils continuent à croire, à tort, que les livres sont pus chers en librairie).
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