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Présidentielle 2022 : quelles propositions pour la culture ?

Elle a été quasiment absente des débats : la culture a du mal à se frayer un chemin dans les programmes des principaux candidats. Et pourtant, déjà affaibli par la crise sanitaire, le secteur culturel s'apprête à affronter de nouveaux enjeux pour les cinq prochaines années. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Cadres vides dans une galerie d'art de Londres. (GRANT FAINT / THE IMAGE BANK RF / GETTY)

C'est une constante des campagnes présidentielles, mais plus encore dans ce cru 2022 sans grand relief : quasiment oubliée dans les débats, la culture est peu évoquée par les candidats, après une deuxième partie de quinquennat principalement marquée par les aides face au Covid. "Il y a des propositions chez les candidats, mais pas vraiment de fil directeur ni de projets qui permettent d'envisager une politique culturelle réenchantée", estime l'économiste Françoise Benhamou, spécialiste de la culture et des médias, interrogée par l'AFP.

Emmanuel Macron : élargissement du Pass Culture

"Il y a peut-être un manque d'idées. Emmanuel Macron reste très centré sur l'élargissement du pass culture pour les jeunes, mais on poursuit dans la même perspective", ajoute-t-elle. Dans sa conférence de presse du 17 mars, le président-candidat a aussi évoqué "l'aide à la création et aux artistes", promettant "une deuxième étape" de la commande publique, pour poursuivre l'appel à projets de 30 millions d'euros lancé pendant le Covid. 

Quant au grand chantier présidentiel de la Cité internationale de la langue française, au château de Villers-Cotterêts (Aisne), il devrait finalement ouvrir à l'automne, après un retard attribué au Covid.

La redevance audiovisuelle en question

Comme ses rivaux d'extrême droite et de droite, Emmanuel Macron propose en outre la suppression de la redevance audiovisuelle, ce qui suscite de fortes inquiétudes chez France Télévisions et Radio France, notamment.

De son côté, Fabien Roussel annonce vouloir créer un "Conseil national des médias" afin de veiller au respect de la liberté d’information dans le pays. Parallèlement, le candidat du parti communiste français propose de faire voter une loi "contre les concentrations dans la presse, les médias et l’audiovisuel".

Le patrimoine en exergue chez Zemmour et Le Pen

De leur côté, Marine Le Pen comme Eric Zemmour accordent la portion congrue à la culture dans leur programme, principalement abordée sous l'angle de la sauvegarde du patrimoine. L'ancien polémiste de CNews souhaite aussi l'adaptation télévisuelle d'oeuvres littéraires et de récits historiques. Une culture Puy-du-Fou, le parc d'attractions vendéen de son ami Philippe de Villiers ? "Le Puy-du-Fou est le mélange entre la modernité et le génie français. On est souvent plus moderne en étant enraciné dans un passé qu'on connaît bien", loue le candidat Reconquête!.

Une augmentation de budget ? Oui pour la gauche

A droite, Valérie Pécresse veut réduire la TVA à 5,5% sur tous les biens culturels, insiste sur l'éducation artistique et le patrimoine et propose "le premier musée national itinérant d'art contemporain et du design". Mais, dans le même temps, la candidate LR n'entend pas augmenter le budget du ministère, à hauteur de quatre milliards d'euros (hors audiovisuel public) en 2022.

La gauche promet quant à elle des augmentations. Comme le communiste Fabien Roussel, l'insoumis Jean-Luc Mélenchon souhaite porter le budget de la culture à 1% du PIB par an. Le candidat LFI veut étendre la gratuité à tous les musées ou l'amélioration du régime des intermittents. Pour l'écologiste Yannick Jadot, c'est un milliard d'euros supplémentaire par an et 25% du budget global dédié à la création.

De nouvelles institutions pour la culture ?

Parmi les différentes promesses des candidats, on retrouve la proposition de créer de nouvelles institutions pour défendre les intérêts de la culture. Pour Fabien Roussel, cela se traduit par la création d'un ministère de la Culture, de l’Education populaire et des Médias dans lequel seront organisés états-généraux de la culture. 

Jean-Luc Mélenchon a annoncé vouloir créer un Centre national du jeu vidéo ou encore un pôle public de l'archéologie.

L'éducation artistique, priorité d'Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse

La socialiste Anne Hidalgo propose de renforcer l'éducation artistique, en accueillant 10 000 artistes dans les établissements scolaires dès l'année 2023. Elle demande aussi que toutes les scènes publiques puissent recevoir "systématiquement et tout au long de l'année" des artistes en résidence.

Valérie Pécresse promet de son côté de tripler le budget consacré à l’éducation artistique et culturelle, pour le porter de 100 à 300 millions d’euros par an. Fabien Roussel prévoit de construire un plan national pour l’éducation artistique à l’école, de la maternelle à l’université.

Le livre et le spectacle vivant boudés dans les débats 

Reste que les différentes filières s'inquiètent du peu de place accordé à leurs préoccupations dans cette campagne, notamment dans le secteur du livre, première industrie culturelle du pays. Le moment est pourtant crucial pour l'édition qui se prépare à un big bang, avec l'OPA promise par Vivendi (Editis), filiale du groupe Bolloré, sur Lagardère (Hachette Livre). Côté spectacle vivant, le Prodiss, syndicat national du spectacle musical et de variété, interpelle les candidats sur les défis du moment comme l'articulation entre le spectacle "live" et l'influence grandissante des plateformes numériques, boostées par la crise du Covid.

Au coeur de l'épidémie, "la culture a été très aidée", considère malgré tout l'économiste Françoise Benhamou qui juge le ministère "moins affaibli qu'à d'autres périodes". Au total, près de 14 milliards d'euros ont été mobilisés en faveur du monde de la culture depuis le début de la crise sanitaire, selon des chiffres de la rue de Valois. Certaines pratiques ont toutefois la vie dure, comme la volonté de l'Elysée de peser dans les nominations à la tête des grandes institutions culturelles. "On a eu un chef de l'Etat interventionniste. Il y a sans doute quelque chose à rééquilibrer, car ça a affaibli la ministre" Roselyne Bachelot, juge Françoise Benhamou.

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