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Bernard Pivot quitte l'Académie du Goncourt : "J’ai envie de reprendre une gestion libre, tranquille de mon temps"

Âgé de 84 ans, l'ancien présentateur de l'émission littéraire "Apostrophes", veut pouvoir profiter "des étés qu'il lui reste" sans avoir à lire "entre 50 et 60 romans".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Bernard Pivot, le 27 octobre 2015 à Tunis (Tunisie). (FETHI BELAID / AFP)

Bernard Pivot s'est retiré lundi 2 décembre de l'Académie Goncourt, société littéraire dont il était membre depuis 15 ans et président depuis 2014. Il explique mardi sur franceinfo que c'est à cause de son âge "canonique" de 84 ans, rappelant que ses fonctions à l'Académie Goncourt exigeaient qu'il lise "entre 50 et 60 romans en deux ou trois mois". "J’ai envie de reprendre une gestion libre, tranquille de mon temps, notamment pendant l’été (…) je n'ai plus beaucoup d'étés devant moi", a-t-il ajouté pour expliquer ce choix qu'il juge "un peu égoïste".

franceinfo : Pourquoi avez-vous décidé de vous retirer de l'Académie Goncourt ?

Bernard Pivot : La raison tient dans un chiffre : 84. 84 ans, c’est mon âge, et il est prudent, quand on arrive à un âge aussi canonique, de laisser sa place à plus jeune et de se retirer alors qu’on est encore assez lucide pour en prendre la décision.

C’est sans doute un petit pincement au cœur ?

Oui, parce que 15 ans à l’Académie Goncourt, c’est 15 années de plaisir, de beaucoup de conversations, de beaucoup d’échanges littéraires avec mes camarades de l’Académie Goncourt qui n’étaient pas les mêmes qu’il y a 15 ans. L’Académie évolue au fil des années. De celle dans laquelle je suis entrée il y a 15 ans, il ne reste plus que deux membres, Didier Decoin et Françoise Chandernagor. Les autres sont des nouveaux, donc le renouvellement de l’Académie, c’est sa vivacité, son intérêt. C’est comme "Apostrophes", je suis parti au bout de 15 ans, c’est une décision personnelle d'arrêter mes émissions littéraires. Je peux regretter. Je peux aussi regretter de ne plus être jeune, de ne plus avoir la vie devant soi, ce sont des regrets continuels. Mais je pense avoir fait du bon travail avec l’Académie Goncourt, enfin, j’ai fait ce que j’ai pu ! Et donc je pars serein et content ! Et non pas avec de l’aigreur, de la mélancolie ou de la tristesse.

Est-ce que vous allez moins lire à l’avenir ?

Je lirai moins en juin, juillet et août, ça c’est sûr ! Je lisais entre 50 et 60 romans en deux ou trois mois, là c’est fini ! C’est l’une des raisons [de son départ NDLR]. J’ai envie de reprendre une gestion libre, tranquille de mon temps, notamment pendant l’été. Je n’ai plus beaucoup d’étés devant moi, à 84 ans. Et là c’est un choix un peu égoïste de dire : "Pour les dernières années qu’il me reste, privilégier mon plaisir de vivre, d’exister, d’avoir des relations avec mes proches, de profiter du soleil, de la mer, plutôt que de continuer à lire mes jeunes confrères".

Vous lirez sans doute moins, mais peut-être twitterez-vous davantage ?

Non je ne pense pas, il n’y a pas de raison que je twitte davantage, non pas du tout.

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