Littérature : le jour où Romain Gary a dit non au Goncourt
Le 17 novembre 1975, Emile Ajar, écrivain inconnu, recevait le prix Goncourt pour son roman "La Vie devant soi". Une récompense à laquelle il a dû renoncer. Il a fallu plusieurs années pour découvrir que derrière ce nom se cachait Romain Gary, déjà lauréat du Goncourt en 1956 pour "Les Racines du ciel".
En 1975, Emile Ajar, écrivain mystère, provoque la surprise en décrochant le prix Goncourt pour La vie devant soi. Une récompense qu'il refuse pourtant, trois jours plus tard. On ne le sait pas encore, mais Emile Ajar est en réalité Romain Gary, écrivain reconnu, respecté, compagnon de la Libération et déjà couronné par le Goncourt, qu'on ne peut recevoir qu'une fois, pour Les Racines du ciel en 1956. À l'époque, la critique ne le ménage pas. "Un concours qui n'est pas attaqué, un concours qui n'est pas discuté, je ne sentirais pas que je l'ai. Maintenant, j'ai l'impression vraiment d'avoir fait quelque chose", expliquait à l'époque l'écrivain.
Un double "Je" assumé
L'écrivain joue alors à cache-cache avec la presse, signant ses écrits tantôt Fosco Sinibaldi, tantôt Shatan Bogat. Un double "Je" qu'il assume parfaitement. Mais pour donner vie à La Vie devant soi, qu'il rédige secrètement sous le nom d'Emile Ajar, il demande à son neveu Paul Pavlowitch d'incarner Ajar si nécessaire. Mais quand il reçoit ce Goncourt, il est allé trop loin et le refuse. Dépressif, il se suicide en décembre 1980 en emportant son secret. Six mois après son décès, son neveu révèle lui-même la mystification.
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