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Quatre fois où la littérature s'est emparée (avec brio) d'un fait divers

Alors que le sociologue et historien Ivan Jablonka vient de remporter le prix Médicis pour son livre inspiré du meurtre de Laëtitia Perrais, franceinfo revient sur un genre devenu un incontournable de la littérature.

Article rédigé par franceinfo
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"De sang-froid", le chef-d'œuvre de Truman Capote, a fait l'objet d'une adaptation cinématrographique par Richard Brooks en 1967. (PHOTO12.COM / COLLECTION CINEMA / AFP)

Préférer la réalité macabre à l'imagination. L'influence du fait divers en littérature n'est pas nouvelle. De Maupassant, inspiré d'affaires criminelles puisées dans les journaux pour ses contes et nouvelles, en passant par Flaubert (Madame Bovary), Stendhal (Le Rouge et le Noir) ou encore Zola (Le Ventre de Paris), les drames réels ont souvent flirté avec la fiction au XIXe siècle. 

Jamais, en revanche, les récits contemporains inspirés de faits divers ne s'étaient autant affranchis du romanesque les siècles suivants. Quitte à devenir en genre à part entière, le "true crime" (littéralement la "criminalité réelle") remplit chaque année les étales lors des rentrées littéraires, et n'épargne désormais aucun détail, même le plus sordide, aux lecteurs.

Alors que l'ouvrage du sociologue et historien Ivan Jablonka consacré au meurtre de Laëtitia Perrais, en janvier 2011, vient d'être récompensé par le prix Médicis, franceinfo revient sur quatre romans de ce genre incontournable.

"De sang-froid" de Truman Capote

Sans doute le maître et pionnier en la matière. En choisissant d'enquêter en 1959 sur un quadruple meurtre dans une famille de fermiers dans le Kansas repéré dans le New York Times, Truman Capote pose les premiers jalons du roman non fictionnel.

En plus d'une multitude de témoignages et de documents recueillis, Truman Capote est parti à la rencontre des deux jeunes meurtriers. En tissant des liens parfois intimes avec eux, en se rapprochant au plus près de leur psychologie, Truman Capote rend compte de cette tragédie d'une manière complètement nouvelle.

Une démarche qui fut déterminante dans la vie de l'écrivain. Publié en 1966, De sang-froid est en effet le dernier ouvrage de Truman Capote, rentré dans une profonde dépression après la pendaison de Perry Smith, l'un des deux meurtriers. Le livre a fait l'objet d'une adaptation sur grand écran en 1967 et le biopic Truman Capote avec Philip Seymour Hoffmann a raconté plus récemment l'histoire de ce chef-d'œuvre.

"L'Adversaire" d'Emmanuel Carrère

Publié en 2000, L'Adversaire, écrit par Emmanuel Carrère, retrace la vie de Jean-Claude Romand, cet homme qui a menti toute sa vie en faisant croire à sa famille et son entourage qu'il était médecin, avant de tuer sa femme et ses enfants une fois la supercherie découverte. 

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité le 2 juillet 1996, Jean-Claude Roman est incarcéré à la maison centrale de Saint-Maur (Indre). Le récit se construit principalement à partir de la retranscription de la correspondance que Carrère a entretenue avec Jean-Claude Romand. 

Le romancier se met également en scène, rapportant d'abord sa difficulté à trouver sa place dans le récit, avant de finalement narrer sa propre expérience d'enquêteur à la première personne. En 2002, l'ouvrage a été adapté au cinéma par la réalisatrice Nicole Garcia avec Daniel Auteuil dans le rôle-titre.

"L'Enfant d'octobre" de Philippe Besson

C'est probablement l'un des faits divers les plus médiatisés en France ces trente dernières années. Octobre 1984, le corps du petit Grégory est découvert inerte, les mains et les pieds attachés, dans une rivière devenue tristement célèbre, la Vologne, dans les Vosges.

Face à l'émoi suscitée par l'affaire, l'impasse de l'enquête et les accusations portées très tôt sur la mère de l'enfant, Christine Villemin, L'Enfant d'octobre (éd. Grasset) rend compte de l'emballement médiatique de l'affaire et déplore que le "besoin de désigner un coupable fait que la passion l'emporte sur la raison".

Le roman de Philippe Besson oscille ainsi entre une narration à la troisième personne, propre à relayer les discours officiels, et une narration à la première personne relatée du point de vue de Christine Villemin. 

"Le Disparu" d'Anne-Sophie Martin

Sa dernière trace de vie remonte au 11 avril 2011, dix jours après le drame, dans le Var. Cinq ans et demi après le meurtre de cinq membres de sa famille dans leur maison de Nantes, Xavier Dupont-de-Ligonnès est toujours officiellement porté disparu. 

Qu'est-il devenu ? C'est à cette question que tente de répondre la journaliste Anne-Sophie Martin qui a repris l'enquête depuis le début et émet une nouvelle hypothèse dans le roman Le Disparu (éd. Ring).

Anne-Sophie Martin a effectué un travail minutieux de décryptage des nombreux écrits de Xavier Dupont-de-Ligonnès pour dresser un portrait le plus fidèle possible de celui qui est soupçonné d'avoir tué toute sa famille.

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