Quand l’intime est politique
Une nuit d'octobre 2013, Maylis de Kerangal entend à la radio qu'un cargo chargé de 500 réfugiés libyens s'est échoué au large de l'île italienne de Lampedusa. A ce stade de la nuit, ce nom exotique évoquait encore pour elle l'image de Burt Lancaster dans le film de Visconti, Le guépard , adapté du roman de Guiseppe Tomasi di Lampedusa. Ce nom s'est retourné comme un gant écrit-elle, "Lampedusa concentrant en lui seul la honte et la révolte, le chagrin, désignant désormais un état du monde, un tout autre récit ".
Maylis de Kerangal ne veut surtout pas apparaître comme une insurgée, qui se regarderait dans le miroir médiatique de l'indignation. Avec sa plume scalpel, ses mots choisis, elle décrit un état quand, une nuit, cette terrible nouvelle inverse le sens d'un mot, quand des souvenirs de voyages, de lectures, de films, se télescopent avec le récit monocorde des nouvelles à la radio. "Tout changer pour que rien ne change, " disait un personnage du Guépard. Maylis de Kerangal passe par l'intime pour dire la fin d'un monde.
A ce stade de la nuit, Maylis de Kerangal, est publié aux éditions Verticales.
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