Cet article date de plus d'onze ans.

Quel avenir pour la bande dessinée sur le Net ?

Internet est l'un des principaux personnages de la 40e édition du festival d'Angoulême qui s'est ouvert ce jeudi. Plusieurs conférences et ateliers sont dédiés aux innovations et aux défis qui attendent les éditeurs et les auteurs sur le Web.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Izneo)

Il n'y a pas que la musique, le cinéma ou la presse qui
vivent leur révolution numérique. Depuis une petite dizaine d'années, le monde
la bande dessinée tente de trouver la bonne formule économique et d'accrocher
de nouveaux lecteurs.

 La France est à la traîne

La plateforme en ligne Izneo, qui groupe une quinzaine de
grands éditeurs de BD, a vendu 150.000 exemplaires l'an dernier. "On a
triplé nos ventes en trois années d'existence
", se réjouit Nicolas
Lebedel, directeur commercial d'Iznéo.

Pour autant, la part des ventes
numériques reste marginale. Elle représente seulement 1% du total des ventes de
Casterman, Dargaud ou Dupuis. Alors que "chez les Anglais et les
Américains, la part du livre numérique représente près de 25% de parts de
marché par rapport au physique
", explique Nicolas Lebedel. Au Japon, le
chiffre d'affaires des mangas numérisés frôle les 200 millions d'euros.

 Un marché potentiellement énorme

Malgré ces chiffres encore timides, les éditeurs et les
auteurs hexagonaux continuent de se développer et d'investir sur Internet. Selon
le cabinet GfK, près d'un quart des Français a déjà acheté un produit culturel dématérialisé,
et les ventes dans ces secteurs se font désormais à 18% sur Internet.

Un essor
d'autant plus intéressant pour la BD que les tablettes et autres liseuses s'arrachent
comme des petits pains : + 140 % en 2012. Bref, la conjoncture est bonne. Sauf
que le secteur doit faire face à deux défis : le piratage et l'absence de
modèle économique solide.

 La catégorie éditoriale la plus piratée sur internet

Le Motif, observatoire du livre et de l'écrit en Ile-de-France,
s'est penché sur l'offre illégale de bd en 2011. Et le constat inquiétant :
"La bande dessinée est la catégorie éditoriale la plus piratée sur
internet
".

Le piratage sur le Web est d'autant plus gênant pour le
secteur que l'offre l'égale, elle, "progresse beaucoup moins vite, avec à
peine 6.000 albums disponibles
", note l'Association des critiques et
journalistes de bande dessinée (ACBD)

Quels modèles économiques ?

D'après le rapport 2012 de l'ACBD, "les tentatives de
transfert vers les nouveaux supports numériques ne sont pas encore à maturité
".
Et malgré "les nouvelles pistes, le développement du 9e art sur les
supports digitaux est encore très faible
".  

Il y a d'abord ceux qui créent des passerelles entre le
support physique et le Web. C'est notamment le cas d'Izneo, qui fonctionne comme une plateforme
de distribution entre les quinze éditeurs adhérents et leurs clients : lecteurs
et libraires en ligne.

D'autres se sont lancés dans le financement participatif. Il
s'agit de demander aux internautes de faire des dons en ligne pour financer la
publication physique d'auteurs méconnus dans un marché saturé (5.015 nouveautés
en 2012, +4,7%). C'est notamment le cas de Sandawe

Les blogs BD aussi permettent d'attirer l'attention des internautes
et des éditeurs papier. L'idée fonctionne aussi pour plusieurs auteurs qui ont
réussi à attirer l'attention de maisons d'éditions traditionnelles grâce à
leurs blogs, comme l'explique cet article de neuvième art 2.0.

La tendance des magazines numériques

Les auteurs sont-ils donc condamnés à être imprimés pour
pouvoir être payés ? Malgré l'absence de modèle économique encore viable,
plusieurs d'entre eux ont décidé de tenter l'aventure exclusivement sur le Web. 

C'est la tendance du moment, à l'image du tout nouveau Professeur cyclope . Dévoilé pendant ce festival d'Angoulême, le magazine sera lancé officiellement en mars prochain par cinq dessinateurs. 

"On va de plus en plus trouver sur Internet ce que les magazines
Metal Hurlant, Pilote ou L'Echo des Savanes étaient dans les années 70-80 : le
lieu où la BD se fait
", d'après Jean-Christophe Ogier, critique bande
dessinée sur France Info

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