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"Prends le temps de penser à moi", le livre émouvant de Gabrielle Maris Victorin

L'économiste Bernard Maris est mort dans l'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Gabrielle Maris Victorin, la fille du chroniqueur, livre aujourd'hui ses souvenirs d'enfance et le choc d'un mercredi tragique dans un récit poignant : "Prends le temps de penser à moi". Elle est l'invitée du Grand Soir 3.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Gabrielle Maris-Victorin, la fille de Bernard Maris tué dans l'attentat de Charlie Hebdo, raconte dans un livre sa douleur et son deuil. 
 (France 3 / Culturebox)

7 janvier 2015 - 11h35. Le siège du journal satirique Charlie Hebdo est attaqué en plein coeur de sa rédaction. L'attaque terroriste fait douze morts. Parmi eux, les figures emblématiques du journal : Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychanalyste Elsa Cayat, le correcteur Mustapha Ourrad et l'économiste Bernard Maris. Deux ans après, Gabrielle Maris-Victorin la fille de ce dernier raconte ses souvenirs dans le livre "Prends le temps de penser à moi". 

Invitée sur le plateau du Grand Soir 3, elle confie "les images de l'attentat contre Charlie Hebdo, qui a fait 11 morts le 7 janvier 2015, "je n'arrive pas à les regarder. Je les ai vues le jour de l'attentat. J’ai passé la journée devant la TV, pratiquement toute la nuit et depuis je n'arrive plus à les regarder". 


Tout s'est écroulé

Ce jour-là, Gabrielle Maris-Victorin a deviné qu'il s'était passé quelque chose de très grave. "Sur le moment, je ne me suis pas dit qu'il était mort, mais je me souviens m'être sentie très mal. Je me souviens m'être sentie très angoissée", se rappelle l'auteur du livre. Mais elle cherche aussi à se protéger d'une terrible nouvelle. "J'avais peur d'imaginer ce qui s'est réellement passé, donc je n'ai pas insisté". 

Après le drame, tout se casse et tout change. "Les choses se déroulaient de façon tout à fait banale pour moi et tout à coup quelque chose fait irruption dans la vie et tout est différent", confie-t-elle. 

Faire son deuil 

Le 11 janvier 2015, tout le pays se mobilise. Un immense cortège national marqué par le chagrin et l'abattement défile à travers les villes et les campagnes. "Je suis Charlie", devient un slogan où chacun exprime sa solidarité. 

Mais ce dimanche-là, Gabrielle Maris n'est pas descendue manifester dans la rue, elle reste chez elle avec sa peine. "Ca m'a touché. Ça a été un soutien extraordinaire".
  (France 3 / Culturebox)

Charlie Hebdo, reçoit des soutiens du monde entier et n'a jamais cessé de paraître. Mais pour la fille de Bernard Maris c'est encore difficile de le lire.
"Je n'arrive pas très bien à lire Charlie Hebdo parce que je cherche encore parfois la signature de mon père". Pourtant en découvrant, la Une du dernier "Charlie", la jeune femme rit de bon coeur. 
  (France 3 / Culturebox)

"On ne parlait jamais d'économie"

Revoyant des images de son père sur le plateau du journal, elle affirme que ça lui "fait plaisir. Pourtant, quelqu'un m'avait dit quand il est mort : tu as de la chance, il te reste les images. Et moi ce n'était pas tellement qui m'intéressait. Mais maintenant je me rends compte que c'est une chance".  

Dans son livre, Gabrielle Maris-Victorin dresse un portrait intime de Bernard Maris. La jeune femme, qui travaille dans le milieu du spectacle, évoque avant tout un père. Elle se souvient des moments partagés en famille : "je ne parlais jamais d'économie. Je n'en ai jamais fait. On parlait de littérature, de la famille". 

  (Grassert)

"Prends le temps de penser à moi" Edition Grasset - 04/01/2017 - 128 Pages -13.50 €

Extrait : « Vers midi, le jour de sa mort, je ne lui ai laissé qu’un seul message : “Papa, je t’en supplie, rappelle-moi…” Un seul suffisait. Je savais qu’il m’appellerait s’il le pouvait. Ma voix était grinçante, désagréable. Il m’avait fallu une volonté considérable pour arriver à parler (sans pleurer, sans crier), après l’annonce un peu sèche de son répondeur “Bernard Maris, euh… merci de laisser un message”. Quand j’y pense, quelle étrange façon de commencer ma phrase : “Papa, je t’en supplie.” Jamais je n’avais eu besoin de le supplier de quoi que ce soit. »

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