Arundhati Roy, l'écrivaine contestataire indienne revient avec un second roman
Vingt ans après son roman phénomène "Le Dieu des Petits Riens", Arundhati Roy, l'intellectuelle contestataire et écrivaine indienne revient avec un second roman intitulé "The Ministry of Utmost Happiness" ("Le Ministère du Bonheur Maximal" en français), publié en anglais aujourd'hui.
Article rédigé par franceinfo
- franceinfo Culture (avec AFP)
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Après deux décennies occupées par son militantisme sur le terrain, Arundhati Roy retourne au royaume de l'imagination avec un second roman "The Ministry of Utmost Happiness" ("Le Ministère du Bonheur Maximal" en français), que ses lecteurs désespéraient de tenir un jour entre leurs mains. "Lorsque j'écris de la fiction, j'ai une relation très apaisée avec, au sens où je n'éprouve pas le besoin de me presser", expliquait l'auteur, désormais âgée de 55 ans, dans un entretien au quotidien The Hindu la semaine dernière.
Rédigé dans le plus grande discrétion pendant dix ans, "The Ministry of Utmost Happiness" (éd. Penguin en Inde, Hamish Hamilton en Grande-Bretagne, Knopf aux États-Unis) paraît mardi 6 juin dans le monde anglo-saxon où sa sortie constitue un événement littéraire.
Disponible en français début 2018
La version française, qui sera publiée par Gallimard, devrait elle voir le jour en début d'année prochaine. Le nouveau livre aura fort à faire pour sortir de l'ombre de son aîné qui, traduit dans le monde entier, s'était écoulé à plus de six millions d'exemplaires. Roman foisonnant tant dans la langue que dans sa structure, "The Ministry of Utmost Happiness" embrasse les grandes lignes de fracture de l'Inde moderne.
Avec pour point de départ le destin d'un hijra (transsexuel) des d'Old Delhi, il trace une histoire de la violence publique et intime de ce pays d'Asie du Sud, allant de la fronde contre un barrage sur la rivière Narmada aux sanglantes émeutes du Gujarat de 2002, de l'insurrection au Cachemire à la montée du fondamentalisme hindou.
La mauvaise conscience de l'Inde
En vingt ans, l'Inde a changé, la stature d'Arundhati Roy aussi. Sortie de l'anonymat avec le "Dieu des Petits Riens", elle s'est transformée en éminence intellectuelle critique, sorte de mauvaise conscience de l'Inde dans la veine d'un Noam Chomsky aux États-Unis.
Défenseure intarissable de l'altermondialisme, l'écologie et les droits humains, soutien infatigable de mouvements sociaux, la résidente de New Delhi n'a en réalité jamais lâché la plume. Dans l'espace entre ses deux romans, elle a ainsi signé une dizaine d'ouvrages d'écrits politiques explorant la face sombre du développement de l'Inde.
Les déclarations engagées d'Arundhati Roy et ses essais au vitriol font régulièrement fracas dans le débat public de son pays. Ses remarques sur la poigne de fer de l'Inde dans la région poudrière du Cachemire, ou ses semaines de reportage auprès des guérilleros maoïstes des forêts du centre du pays, lui valent des haines tenaces. L'écrivaine est abonnée aux tribunaux, et a même effectué un très bref séjour en prison.
"Il y a une sorte de construction de la terreur"
Depuis l'arrivée au pouvoir du nationaliste hindou Narendra Modi, Arundhati Roy dit regarder avec inquiétude la montée conjointe d'un discours identitaire et de violences politico-religieuses. "Actuellement, l'Inde se trouve au bord d'un grand danger", déclarait-elle à The Hindu. "Il y a une sorte de construction de la terreur ici dont nous n'avons toujours pas pris la mesure."
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