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"Berlinoise", de Wilfried N’Sondé : une passion amoureuse en pleine chute du mur
Dans "Berlinoise" (Actes Sud), le romancier, dramaturge et musicien Wilfried N'Sondé fait le récit d’une grande histoire d’amour, qui naît dans l’élan de la chute du mur de Berlin. On y découvre l’effervescence de cette période et les déconvenues qui ont suivi dans l’Allemagne réunifiée.
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L'histoire : derniers jours de l'année 1989. Deux hommes, Stan et Pascal, la vingtaine bien tassée, arrivent à Berlin pour le réveillon. Ils sont musiciens. Stan a laissé derrière lui une vie plan-plan qui lui convient peu. Ils arrivent dans une ville en pleine effervescence. Le mur est tombé. Partout on pioche, on casse, on grimpe en haut du mur, accolades, effusions… La chute du mur a fait naître l'espoir. Les deux hommes se plongent dans cette ambiance de liesse. Et Stan rencontre Maya, une Allemande de l'Est, venue de Thuringe en RDA dès novembre 1989 juste après l'ouverture de la frontière.
Stan tombe sous le charme de cette artiste passionnée, belle brune aux yeux vairons… Avec Pascal, ils décident de se laisser porter par le mouvement d'euphorie générale et s'installent à Berlin, leur vie ponctuée par les concerts, la vie nocturne, les bars, et pour Stan, ce nouvel amour qu'il partage avec la passionnée et intransigeante Maya.
Puis le temps passant, l'allégresse retombe, le pays se trouve confronté à l'émergence de voix d'extrême-droite, de l'intolérance : "La chute du mur de Berlin avait malheureusement libéré des loups aux crocs acérés, longtemps muselés dans leurs tanières par la chape de plomb et les mensonges de la dictature"". Les désillusions posent un voile sur l'histoire d'amour de Maya et Stan, et sur l'Histoire tout court…
Désillusions
Hymne à la liberté, ce roman sensuel de Wilfried N'Sondé évoque la puissance d'un moment d'histoire touché par la grâce, conjuguée à celle d'un amour naissant, deux mouvements d'une même danse. Puis les désillusions suivent, accompagnées par l'amertume des lendemains qui ne chantent pas. On y retrouve aussi, en arrière plan, les questionnements chers au romancier, sur la différence et l'exclusion.
Wilfried N'Sondé décrit la force des sentiments qui agitent une révolution, celle d'un pays et celle des corps et des cœurs transportés par le sentiment amoureux, la puissance du désir conjuguée à l'enthousiasme suscité par l'envie de changer le monde. "Berlinoise" est aussi un récit d'apprentissage : celui du principe de réalité, du chemin vers la maturité, de la fin de la jeunesse.
Même si le roman s'envole parfois dans un lyrisme un peu débordant, on se laisse porter par ce récit de l'intérieur d'un évènement majeur de la fin du XXe Siècle.
Berlinoise Wilfried N’Sondé (Acte Sud – 172 pages – 18 euros)
Extrait :
"J’ai rencontré Maya le 30 décembre 1989. Pascal et moi étions arrivés à la gare de Berlin Zoologischer Garten le matin même, la mine pâteuse, le cerveau encore embrumé pas des effluves d’alcool, survoltés malgré la fatigue après une courte nuit passée dans le train en compagnie d’autres touristes impatients de participer à la fête. Les bouteilles de bière, de vin, et de mousseux avaient circulé entre les compartiments et les wagons dès la frontière belge. Nous avions communié car nous croyions tous à l’illusion d’un rendez-vous du monde entier sur la scène de l’histoire. Berlin l’exubérante ressuscitait, elle portait des habits d’apparat, une sorte de carnaval improvisé au rythme cacophonique des masses et des maillets contre le béton, la liesse et une réelle insouciance partout les artères de la ville en pleine effervescence, dans les bars et les cafés, un bouillonnement, une excitation juvénile dans l’atmosphère."
Stan tombe sous le charme de cette artiste passionnée, belle brune aux yeux vairons… Avec Pascal, ils décident de se laisser porter par le mouvement d'euphorie générale et s'installent à Berlin, leur vie ponctuée par les concerts, la vie nocturne, les bars, et pour Stan, ce nouvel amour qu'il partage avec la passionnée et intransigeante Maya.
Puis le temps passant, l'allégresse retombe, le pays se trouve confronté à l'émergence de voix d'extrême-droite, de l'intolérance : "La chute du mur de Berlin avait malheureusement libéré des loups aux crocs acérés, longtemps muselés dans leurs tanières par la chape de plomb et les mensonges de la dictature"". Les désillusions posent un voile sur l'histoire d'amour de Maya et Stan, et sur l'Histoire tout court…
Désillusions
Hymne à la liberté, ce roman sensuel de Wilfried N'Sondé évoque la puissance d'un moment d'histoire touché par la grâce, conjuguée à celle d'un amour naissant, deux mouvements d'une même danse. Puis les désillusions suivent, accompagnées par l'amertume des lendemains qui ne chantent pas. On y retrouve aussi, en arrière plan, les questionnements chers au romancier, sur la différence et l'exclusion.
Wilfried N'Sondé décrit la force des sentiments qui agitent une révolution, celle d'un pays et celle des corps et des cœurs transportés par le sentiment amoureux, la puissance du désir conjuguée à l'enthousiasme suscité par l'envie de changer le monde. "Berlinoise" est aussi un récit d'apprentissage : celui du principe de réalité, du chemin vers la maturité, de la fin de la jeunesse.
Même si le roman s'envole parfois dans un lyrisme un peu débordant, on se laisse porter par ce récit de l'intérieur d'un évènement majeur de la fin du XXe Siècle.
Berlinoise Wilfried N’Sondé (Acte Sud – 172 pages – 18 euros)
Extrait :
"J’ai rencontré Maya le 30 décembre 1989. Pascal et moi étions arrivés à la gare de Berlin Zoologischer Garten le matin même, la mine pâteuse, le cerveau encore embrumé pas des effluves d’alcool, survoltés malgré la fatigue après une courte nuit passée dans le train en compagnie d’autres touristes impatients de participer à la fête. Les bouteilles de bière, de vin, et de mousseux avaient circulé entre les compartiments et les wagons dès la frontière belge. Nous avions communié car nous croyions tous à l’illusion d’un rendez-vous du monde entier sur la scène de l’histoire. Berlin l’exubérante ressuscitait, elle portait des habits d’apparat, une sorte de carnaval improvisé au rythme cacophonique des masses et des maillets contre le béton, la liesse et une réelle insouciance partout les artères de la ville en pleine effervescence, dans les bars et les cafés, un bouillonnement, une excitation juvénile dans l’atmosphère."
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