"Des chevaux et du vent" : chevauchée fantastique à Hanajima, une ode à la nature d'Akiko Kawasaki
Le livre d’Akiko Kawasaki, Des chevaux et du vent (Editions Picquier), est un bijou littéraire, un éloge de la nature et de l’abnégation. On suit une famille japonaise éleveuse de chevaux sur plusieurs générations. Tout commence avec Sutezô, condamné dès sa naissance à une vie de misère. Né d’un amour passion hors mariage, il a été exclu du domicile familial par un grand-père conservateur. Et dans une société traditionnelle, cela signifie une condamnation sociale. Sutezô a, donc, décidé de faire mentir le destin et de l’écrire au son des sabots des chevaux. Il quitte son village sur son cheval et rejoint l’île de Hokkaidô, en manque de main d’œuvre, en espérant des terres fertiles et un avenir moins stérile.
Sutezô aime les chevaux
Avec un style poétique, Akiki Kawasaki invite le lecteur à suivre pleinement ses sens. Sutezô trouve une lettre de sa mère qui changera à jamais sa vie. Emprisonnée avec son cheval dans une grotte après une avalanche, enceinte de plusieurs mois, la mère de Sutezô narre avec ses mots son combat pour survivre, son désespoir, son amour pour sa jument qu’elle embrasse et qu’elle découpe, vivante, pour se nourrir, afin de donner une chance à son enfant à naître. Cette faim ogresse provoque un déséquilibre mental, la satiété exige un prix élevé. L’autrice, avec des phrases-images, décrit sur une vingtaine de pages une relation humain-animal d’une rare intensité. Il est impossible de se remettre d’un tel passage.
Des chevaux et du vent est d'une puissance phénoménale. Akiki Kawasaki a su trouver le ton juste pour rendre hommage à la nature, personnage central du roman. Une harmonie entre les humains, les animaux et la nature est-elle possible ? L’écrivaine, en étalant son histoire sur plusieurs générations, suit aussi l’évolution sociologique de la population japonaise aux prises avec la question écologique, environnementale. Quand Hikari, l’arrière arrière-petite-fille de Sutezô se rend sur l’île inaccessible de Hanajima à la recherche du dernier cheval en liberté, une évidence lui saute aux yeux : l'humain et l'animal sont inextricablement liés. Des chevaux et du vent, un grand roman, à mettre entre toutes les mains.
(Des chevaux et du vent, Akiko Kawasaki, traduit par Patrick Honnoré et Yukio Maeda, éditions Picquier, 21 euros)
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