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"En lisant 'Les Faits' de Philip Roth, j'ai compris pourquoi il faisait son one man show !" : Josée Kamoun signe une nouvelle traduction du roman

Josée Kamoun nous parle de sa nouvelle traduction du livre "Les Faits, autobiographie d'un romancier" de Philip Roth, ce grand écrivain américain disparu en 2018, qu'elle connaissait bien.

Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 19min
La traductrice Josée Kamoun, chez elle à Paris le 22 juin 2020, et la couverture de sa nouvelle traduction du roman de Philip Roth, "Les Faits" publié aux éditions Gallimard (Laurence Houot / FRANCEINFO Culture)

Les éditions Gallimard publient une nouvelle traduction du livre de Philip Roth, Les Faits, sorti en 1988. Dans ce livre sous-titré non sans facétie Autobiographie d'un romancier, l'auteur de La Pastorale américaine, de La Tache, ou encore de Mnémesis fait le récit de sa propre vie, de son enfance au succès de Portnoy et son complexe.

"Un livre radicalement à rebours"

Le livre s'ouvre sur une lettre que le romancier adresse à son personnage et alter ego Zuckerman, dans laquelle il s'interroge sur les raisons de cet exercice autobiographique. Pour la plupart des romanciers, souligne-t-il, "l'imagination est stimulée par les faits" et il s'étonne lui-même de vouloir "écrire un livre radicalement à rebours, à partir de l'imaginé", qu'il se propose de "dessécher en quelque sorte, à dessein de restituer son expérience de la factualité originelle, avant passage dans la fiction". Vaste programme, auquel le romancier s'attaque à sa manière, c’est-à-dire en baladant joyeusement son lecteur.

Ce récit "autobiographique" du romancier disparu en 2018 est coincé entre deux lettres, celle adressée à son personnage Zuckerman, et la réponse qu'il lui fait en épilogue. On découvre dans ce livre un enfant poussé dans un "foyer parfait", un étudiant qui s'essaie à la littérature avec des histoires "hors sol" qu'il qualifie lui-même de "bluettes". Puis on assiste à la naissance d'une carrière littéraire, avec le succès de Portnoy et son complexe, qui a "germé sous la forme d'un numéro à l'intention de ses amis". Les Faits est aussi l'histoire d'un homme démoli par la folie de son épouse, puis réjoui par sa mort… Le  récit est comme toujours chez Roth entremêlé d'une réflexion sur la "judéité", et sur le sentiment d'appartenance à la grande Amérique.

"Ne le publie pas"

Cette incursion dans le réel comporte des limites que le personnage de Zuckerman ne manque pas de rappeler à son créateur : "Dans la fiction, tu peux être tellement plus près du vrai, sans devoir te soucier en permanence des blessures que tu pourrais infliger à tel ou tel. Ici, tu voudrais faire passer pour de la franchise une espèce de danse des sept voiles – ce qui est sur la page se lit comme le cryptage de ce qui en est absent. Cette inhibition fait l’effet d’une réticence à dire certaines choses et – autre déception – elle se traduit par un ralentissement du tempo, un évitement de l’explosion, un renoncement au besoin qui me paraît te caractériser d’ordinaire : celui de dynamiter l’instant". Zuckerman n'y va pas par quatre chemins : "J’ai lu le manuscrit deux fois. Tu m’as demandé d’être franc, je vais l’être : ne le publie pas. Tu t’en sors beaucoup mieux quand tu écris sur moi que quand tu entreprends de raconter ta vie 'avec exactitude'."

Où est le vrai ? Où est la fiction ? Comment faire le récit d'une vie ? Philip Roth se garde bien de nous installer dans une photographie figée par les mots, qu'il utilise au contraire habilement pour nous raconter une histoire tissée de fils réels et imaginaires indébrouillables, qui finissent par composer un portrait d'homme et d'écrivain d'une sincérité bouleversante.

INTERVIEW : Josée Kamoun, traductrice 

Josée Kamoun a signé la traduction de ce livre singulier de Philip Roth. Nous l'avons rencontrée chez elle, à Paris dans son appartement comme une maison, plein de lumière et de livres. Pour cette traductrice audacieuse -sa traduction de 1984, de George Orwell a fait récemment couler de l'encreLes Faits est une œuvre "quintessentielle, frappée du sceau de l'ironie et du paradoxe". Josée Kamoun a traduit de nombreuses œuvres de Philp Roth. Outre son oeuvre, elle connaissait bien l'homme, pour avoir passé du temps avec lui à l'occasion de chacune des traductions de ses livres. Josée Kamoun nous raconte ses séances de travail avec lui, nous décrit un Philip Roth "bateleur", et cette verve aux racines de sa vocation littéraire. La traductrice nous explique la place de ce livre dans l'œuvre de Philip Roth et ce qu'il nous révèle du romancier et de l'homme. Elle invite enfin à entrer dans les coulisses de la traduction, et les joies que ce métier lui procure.

La traductrice Josée Kamoun, chez elle à Paris le 22 juin 2020 (Laurence Houot / FRANCEINFO Culture)

Franceinfo Culture : C'est la première fois que vous traduisez une œuvre de Philip Roth depuis sa disparition en 2018, comment cela s'est-il passé ?

Josée Kamoun : Pour chacun des livres que j'ai traduits de Philip Roth (j'en ai traduit sept, Les faits est le huitième), les éditions Gallimard me dépêchaient à New York une semaine avec le "maître". Je ne l'avais jamais fait avec aucun auteur. C'était extraordinaire d'avoir "le grand homme" pour moi toute seule du matin au soir. Il faisait son one-man-show ! Et j'ai compris pourquoi en lisant Les Faits.

Comment se déroulaient ces séances de travail ?

A cause de ses douleurs de dos, il écrivait debout, sur un lutrin, comme Victor Hugo. Et donc pendant nos séances de travail il restait debout. Il arpentait son studio de long en large pendant que moi j'étais assise en tailleur par terre. Et il lisait. Par exemple il m'a lu La bête qui meurt en intégralité ! De temps en temps il s'arrêtait et il me demandait : "Et ça, comment vous l'avez traduit ?" Et souvent il répondait : "Non, ça ne sonne pas pareil". Il voulait savoir "l'effet que cela faisait en français".

Traduire un texte littéraire, ce n'est pas traduire des phrases et des mots, c'est traduire des effets.

Josée Kamoun

Avec J'ai épousé un communiste par exemple, situé en plein maccarthysme aux États-Unis, l'effet de ce titre n'était pas du tout le même sur les lecteurs français. Pour rendre l'impact de ce titre en France, il aurait fallu quelque chose comme "J'ai épousé un pédophile". Évidemment nous avons quand même gardé le titre original, mais cela montre la difficulté parfois pour le traducteur à rendre les effets d'un texte. Et cela montre aussi qu’une traduction littérale n’est pas nécessairement une traduction fidèle.

Philip Roth vous faisait-il confiance ?

Philip Roth était très soupçonneux de ses traducteurs. Il était obsédé par la trahison, il avait toujours peur que les traducteurs lui "fassent des enfants dans le dos". Donc on échangeait beaucoup (par fax à l'époque !) Et quand j'allais le voir à New York, je préparais et listais tout un tas de questions, et notamment des questions culturelles pour élucider certains passages. La plupart du temps j'obtenais des réponses ; il était infiniment disponible. J'ai compris beaucoup de choses, en profondeur, en lisant Les Faits.

Couvertures des versions originale et française du livre "Les Faits" de Philip Roth, 22 juin 2020 (Laurence Houot / FRANCEINFO Culture)

Que diriez-vous de cette œuvre, en deux mots ?

Je ne l'avais jamais lu avant de le traduire. J'ai été décontenancée par ce livre, ironiquement sous-titré Autobiographie d'un romancier, mais dont on ne sait quel genre lui attribuer ! Pour moi c'est un livre quintessentiel. Les Faits est un livre qui concentre à la fois les thèmes et la "manière" de Roth. On y retrouve toutes les obsessions et les questions qui traversent son œuvre : qu'est-ce qu'un Juif, un Américain, un auteur et surtout, qu'est-ce qu'un homme.

Version originale du livre de Philip Roth, "Les Faits", sur laquelle a travaillé la traductrice Josée Kamoun (Laurence Houot / FRANCEINFO Culture)

C'est un livre sur la façon dont se construit une "judéaméricanité" qu'il résume en racontant comment enfant il ressentait du réconfort en humant l'odeur de son gant de base-ball, qu'il compare au plaisir de son grand-père "à retrouver l'odeur de cuir familière des tefillin, dont il s'enveloppait à même la peau tous les matins". L'"américanéité" et la "judéité", on retrouve ces deux dimensions osmotiques chez Roth dans Les Faits. On retrouve aussi la question de la trahison, présente dans toute son œuvre. La trahison politique, la trahison en amour. Pour lui il n'y a que ça de vrai ! Et bien entendu, la genèse d’une vocation littéraire.

C'est une œuvre pleine d'ironie aussi, non ?

Oui complètement. Les Faits est aussi une œuvre d'ironie, au sens étymologique  du mot "ironie", c’est-à-dire la question de la rhétorique, la question de ce qu'est le langage.

Ce livre permet-il de dévoiler le "vrai" Philip Roth ?

Roth ne cesse de faire, défaire et refaire le récit de sa vie. Philip Roth était "réversible", Je trouve que c'est le meilleur adjectif pour le décrire.

Philip Roth voulait à la fois tout contrôler, et il avait tout un tas de masques, comme chacun sait. 

Josée Kamoun

Voilà ce que Zuckerman déclare dans La Contrevie, à Maria, sa compagne anglaise qui lui demande où se cache son "moi" derrière tous ces masques : "La seule chose que je puisse avancer, c’est que moi, je n’ai pas de 'moi' et que je refuse de faire les frais de cette farce – car pour moi ce serait une vaste blague. M’en tient lieu tout un éventail de rôles que je peux jouer, et pas seulement le mien…Je suis un théâtre et rien d’autre". Cela me fait penser aussi à une phrase de Simone de Beauvoir : "On ne peut jamais se connaître, mais seulement se raconter". Roth n'a cessé de faire le récit de sa vie. Et d'ailleurs il y a cette formule simple et forte au début du livre quand il s'adresse à son personnage Zuckerman : "Après cinquante ans, on cherche moyen de se rendre visible à soi-même". Dans Les Faits, Philip Roth est si habile, si retors, qu'il nous perd avec maestria dans un infini en forme de huit.

C'est un livre qui montre aussi comment le romancier met en scène sa vie ?

Ce qui me fascine avec Les faits, c'est cette manière de glisser ce texte "autobiographique" entre deux serre-livres que sont les deux lettres, la sienne adressée à son personnage, et à la fin la réponse de Zuckerman. Dès lors qu'il s'adresse à son personnage, à sa créature, Roth devient "Roth" et bascule dans la fiction. Et tout au long de la lecture, on se dit "hum, peut-être, c'est à voir…". On s'interroge sur ce qui est vrai, sur ce qui est faux, et on accumule toutes ces questions. Mais à la fin, le personnage va beaucoup plus loin que le lecteur en ré-interrogeant tous les faits relatés par Philip Roth. C'est jubilatoire ! Le lecteur est blousé, et content d'être blousé ! C'est le génie du romancier. On retrouve cette idée à la fin du livre, quand son personnage Zuckerman lui dit : "Je fais l'hypothèse que, à force de te métamorphoser dans tes livres, tu n'as plus la moindre idée de qui tu es, ni même de qui tu as été. Aujourd'hui, tu n'es plus qu'un texte ambulant." Ce qui reprend le propos de Zuckerman sur le théâtre du "moi" dans La Contrevie. La Contrevie et Les Faits, infinies mises en abyme.

J'ai toujours pensé que Philip Roth savait tout sur le monde. Quand je l'écoutais, quand je le lis, je sens à quel point il savait tout.

Josée Kamoun

Un jour je lui ai dit comment j'avais été impressionnée par une scène dans son roman La Tache, dans laquelle il décrit les préparatifs de son personnage Delphine Roux pour un entretien d'embauche à l'université. Comment elle s'habille, choisit ses vêtements (féminins, chics, mais avec une pointe de masculinité troublante), comment elle se met en scène. Je me demandais comment il savait ces choses, si on les lui avait dites. Il m'a dit "ah, ça vous a convaincue ? Parce que des amies féministes m'ont dit que les femmes ne font jamais ça, ne pensent pas comme ça !"

Et c'est compliqué à traduire ?

Philip Roth a une capacité quasi chamanique de se projeter dans des personnages très éloignés de lui-même. C'est très grisant à traduire. Dans La tache encore une fois, il y a un personnage de vétéran totalement dérangé, plein de rage et d'imprécations. Traduire les élucubrations de ce personnage étranger en tous points à ce que je suis a été une expérience très forte ! Le traducteur est un peu comme un comédien, qui veut vivre plusieurs vies. C'est pourquoi je lui ai dit : "Vous augmentez ma vie".

Qu'est-ce que ce livre vous a appris sur l'écrivain ?

Beaucoup de choses entre autres sur la naissance de sa vocation littéraire et sa nature de bateleur. Philip Roth a commencé à écrire très tôt. A l'Université déjà, il écrivait des "bluettes" idéalistes dont il disait lui-même qu'elles ne valaient pas un clou. En même temps, dans les dîners en ville, il amusait la galerie en racontant des histoires de sa vie, de son univers, de son enfance avec une verve et une truculence qui régalaient son auditoire. Les gens à l'époque lui ont dit : "mais pourquoi tu ne racontes pas ces histoires au lieu d'écrire tes bluettes ?"

Philip Roth était à sa façon un bonimenteur, il aurait pu vendre des robots mixeurs sur le coin d'un trottoir, il aurait fait fortune ! En quelques mots il vous campait un personnage, une situation.

Josée Kamoun

L'écrivain Philip Roth à New York, le 8 septembre 2008. (RICHARD DREW / AP / SIPA / AP)

Cette capacité à raconter des histoires est à l'origine, au principe de sa vocation littéraire. Il n'y a évidemment pas que cette dimension dans l'écriture de Roth, mais elle y est. Il y a beaucoup d'oralité, de rhétorique dans son écriture et cela lui confère une singularité, une niaque, une nervosité, presque quelque chose d'une écriture journalistique dans l'accroche ! Quand j'allais le voir, j'entendais ça. Et c'est aussi la raison pour laquelle je lui demandais de me lire ses textes à voix haute. C'est aussi pour cette raison que quand vous lisez des textes de Philip Roth, vous l'entendez, vous entendez une voix. Cette qualité oratoire est particulièrement présente dans Les Faits.

Qu'est-ce qui a été compliqué dans la traduction de ce livre ?

Quand j'ai lu la première lettre, qui ouvre le livre, je me suis dit que ça n'allait pas être commode ! Il y avait tous ces "un" "privatifs", beaucoup de "re", et un propos, un discours fortement coloré par une kyrielle d'adverbes, et des phrases très longues, avec des incises… Bref, tout ce qui va être plus long et plus problématique en français.

Version originale du livre de Philip Roth, "Les Faits", sur laquelle a travaillé la traductrice Josée Kamoun (Laurence Houot / FRANCEINFO Culture)

Dans ce livre, Roth décortique le réel et décortique les mots de la même manière. Pour aller aux racines du réel, il va à la racine des mots. C'était une gageure de traduire ça, sans perdre le lecteur. Mais en même temps, je ne pouvais pas faire l'économie de cette manière d'écrire, très mimétique par rapport au propos du livre. Pour le coup, cela aurait été vraie trahison ! L'autre difficulté, c'est de traduire le déni, la double dénégation présente dans le livre. Comment faire passer intellectuellement cette idée au lecteur ? J'étais obligée de naviguer à vue…

Philip Roth est un auteur complexe à traduire.

Josée Kamoun

L'anglais est une langue compacte. J'avais déjà ressenti cela avec La Pastorale américaine. Je me demandais comment bourrer toutes ces informations dans une seule phrase, avec cette impression de devoir m'asseoir sur une valise trop pleine pour réussir à la fermer !

C'est un travail long ?

Il faut savoir que quand je traduis un livre, il y a au moins six ou sept versions successives avant d'arriver à la version définitive et je peux revenir quinze fois sur certains passages !

Pour quelles raisons les livres sont-ils régulièrement retraduits ?

Il ne s'agit pas de corriger, ou de rectifier, même si cela peut arriver au passage. Retraduire, ce n'est pas faire mieux parce que la traduction était mauvaise, c'est faire entendre une nouvelle voix. Et sur un texte aussi complexe, à la fois ambigu et ambivalent, aussi alambiqué que Les faits, il n'y aura jamais trop de traductions pour explorer la profondeur de cette œuvre. Pour moi, la traduction est un langage pour discuter le texte. Je pense que c'est la somme des traductions qui permet de donner son épaisseur à un texte, de lui donner sa capacité à rayonner. C'est comme le Talmud, c'est une interprétation infinie des textes qui fait la profondeur du Verbe. Si on est unanime, ce n'est pas bon signe !

J'ai une conception chorale de la traduction. Je me dis toujours que je ne suis pas et ne serai pas la dernière traductrice d'un texte, d'autres viendront derrière moi. Cela permet de relativiser ma responsabilité et de me laisser porter plutôt par un sentiment de fraternité.

Josée Kamoun

Les traducteurs ne sont pas des créateurs au sens où ils n'engendrent pas l'œuvre, mais ce ne sont pas non plus de simples artisans. On n'aurait pas idée en musique de dire : "Stop, rentrez chez vous, on arrête l'interprétation de telle ou telle œuvre parce que tel ou tel interprète a atteint la perfection dans une interprétation". Nous sommes là pour offrir une vision kaléidoscopique d'un texte et c'est ce qui m'enchante, c'est ce qui me soulève. Je suis dans une optique diamétralement opposée à la polémique, et je ne voudrais pas faire un autre métier !

Quelle est la place du livre "Les Faits" dans l'œuvre de Roth ?

C'est une œuvre pivot. Après ce livre, Roth ne reviendra plus sur cette question de l'autobiographie. A croire qu'avec ce livre, comme solde de tout compte, il s'est débarrassé de cette question. Après, il est allé vers une universalité plus évidente, vers cette comédie humaine américaine qui nous montre l'homme dans les turbulences de l'histoire.

Les Faits est un livre magistral, et dérangeant, qui nous renvoie au récit de notre propre vie.

Josée Kamoun

C'est un livre sur la manière dont on fait sans relâche le récit de sa propre vie, comme on se raconterait un rêve au réveil en étant obligé d'inventer des éléments de cause à effet pour relier les sensations, les images, les faits. Est-ce que c'est une supercherie, un leurre ? Que vaut ce récit ? Cela nous ramène à la question de la traduction. Ce récit vaut ce qu'il vaut, comme une traduction vaut ce qu'elle vaut ! C’est un instant T, en quelque sorte.

Comment avez-vous vécu cette traduction des "Faits" sans le "maître" ?

Il m'a fallu me passer de lui. C'était déconcertant et mélancolique. J'étais un peu désemparée. Il avait des problèmes de santé depuis des années, mais il tenait le coup et j'avais fini par croire qu'il ne mourrait jamais. Pour moi, traduire Les Faits, c'est l'œuvre du manque et de l'absence, mais c'est aussi l'œuvre de la fidélité. Il est mort, mais je continue à le traduire…avant d'autres.

Couverture "Les Faits", de Philip Roth, mai 2020 (GALLIMARD)

"Les Faits, autobiographie d'un romancier", de Philip Roth, traduit de l'anglais États-Unis) par Josée Kamoun
(Gallimard - 235 pages - 19,50 €)


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