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"Et moi, je vis toujours", l'ultime cadeau de Jean d'Ormesson à ses lecteurs

Disparu le 5 décembre 2017, l'Académicien français Jean d'Ormesson offre "Et moi, je vis toujours" (Gallimard), roman posthume et ultime clin d’œil de l'immortel à ses lecteurs, sort jeudi en librairie.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Jean d'Ormesson, Paris en janvier 2017
 (JOEL SAGET / AFP)

Ce livre-testament dont le titre s'inspire d'un vers de la complainte du Juif errant (un compagnon fidèle de l'écrivain que l'on retrouve dans plusieurs de ses livres dont "L'histoire du Juif errant" publié en 1991) revisite l'histoire du monde et des hommes.

Le narrateur, érudit et charmant n'est rien de moins que l'Histoire. Sans coup férir, le lecteur est transporté à l'aube de l'humanité avant de se retrouver à Louxor, à Troie ou Byzance... On assiste à la naissance de Jésus. On transcende les époques, sans souci de la chronologie, et les nations. Le narrateur est ici l'assassin d'Archimède et là un marin sur la caravelle de Colomb qui vogue, sans le savoir, vers l'Amérique. On le retrouve sous les traits d'une femme, servante à l'auberge de la Pomme de Pin où se retrouvent La Fontaine, Boileau, Racine et Molière.

Le narrateur (à moins que ce soit une narratrice) est la maîtresse de Napoléon pendant la campagne d'Egypte. Ce livre qui traverse plusieurs milliers d'années pourrait se révéler indigeste. Le talent de Jean d'Ormesson est de le rendre accessible et aussi léger qu'une plume.

"Le dernier masque"

Le livre de 288 pages, publié chez Gallimard, fourmille d'anecdotes comme cet échange (qu'on imagine vrai) entre le Titien et Charles Quint. Dans les dernières pages du livre, dans un chapitre intitulé "Le dernier masque", l'auteur se découvre. C'est l'Histoire/narrateur qui parle bien sûr mais on ne peut s'empêcher d'entendre la voix si familière de l'écrivain. "J'ai fait des choses immenses et toutes petites (...) J'ai trop aimé, d'un côté, les batailles, les conquêtes, le pouvoir, de l'autre, la gaieté, la légèreté, l'ironie. J'ai eu un faible pour les livres", dit Jean d'Ormesson caché sous le masque de la grande Histoire.

"Le dernier masque que j'ai pris est celui d'un garçon, déjà vieilli sous le harnais, qui s'était mis en tête de rédiger mes Mémoires. Il avait pondu, dans sa jeunesse, une chronique truquée de sa famille ("Au plaisir de Dieu", ndlr), une fausse histoire du monde ("Histoire du Juif errant", ndlr), une biographie bien imparfaite de Dieu ("Dieu, sa vie, son oeuvre", ndlr)".

Jean d'Ormesson, disparu le 5 décembre à l'âge de 92 ans, comptait parmi les écrivains français les plus populaires. "Et moi, je vis toujours" est son 41e roman. Un autre texte posthume doit paraître prochainement dans la maison d'édition de sa fille Héloïse d'Ormesson.
 

"Et moi, je vis toujours", Jean d'Ormesson
(Gallimard - 288 pages - 19€)

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