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Gallimard aura-t-il le Goncourt pour ses 100 ans?

Alors qu'elle célèbre son centenaire, Gallimard aura-t-elle une fois de plus en 2011 le prestigieux prix littéraire ? Deux des quatre finalistes encore en lice pour le plus connu (et le plus lucratif) des prix littéraires ont été publiés sous la fameuse couverture blanche : Alexis Jenni pour son premier roman,"L'art français de la guerre", et Carole Martinez pour son second, "Du domaine des murmures".
Article rédigé par franceinfo - Anne Brigaudeau
France Télévisions
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Alexis Jenni sur le plateau de "La Grande Librairie" (France 5)
 (BALTEL/SIPA)

Reste également en course le journaliste Sorj Chalandon pour "Retour à Killybegs" (Grasset), déjà couronné par le Grand prix du roman de l'Académie Française et inspiré de son ami Denis Donaldson, figure emblématique de l'IRA qui s'avéra traître à la cause républicaine irlandaise. L'écrivain haïtien Lyonel Trouillot  clôt la liste avec "La belle amour humaine" (Actes sud).

Un pourfendeur des guerres coloniales peut-être récompensé

Si Alexis Jenni décroche le Goncourt, ce sera un primo-romancier, un professeur de biologie lyonnais de 48 ans jusque là inconnu et un pourfendeur des guerres coloniales qui sera triplement récompensé par le chèque symbolique de 10 euros de l'Académie Goncourt.

Que relate "L'art français de la guerre", roman de 600 pages qui alterne ironie (« en 1939, la France était prête à affronter dans d’excellentes conditions les batailles de 1915") , tendresse et scènes d’horreur ? L’amitié entre un jeune homme, le narrateur, et son professeur de dessin, Victorien Salagnon. Cet ancien officier des guerres coloniales, qui a trouvé dans l'art sa planche de salut, raconte à son disciple les guerres sales qu'il a menées, d'Indochine en Algérie.

Alexis Jenni, qui avait essuyé"15 ou 17 refus" d'éditeurs" pour une première oeuvre en 2005, a mis cinq ans à rédiger celle-ci. "Cinq ans tranquille. J’étais désespéré, je me disais, de toute façon, ça ratera." Le voici désormais à la dernière marche avant le Goncourt.

Le groupe Gallimard a remporté 4 des 5 derniers prix Goncourt

Si Gallimard sort vainqueur mercredi 2 novembre du conclave chez Drouant, ce sera un prix Goncourt de plus pour une maison d'édition qui en a obtenu quatre depuis l'an 2000 sous l'étiquette Gallimard (2000 : Jean-Jacques Schuhl pour "Ingrid Caven", 2001: Jean-Christophe Rufin pour "Rouge brésil",  2006 : Jonathan Littell pour "Les bienveillantes", 2009 : Marie NDiaye pour "Trois femmes puissantes). Et six si l'on parle du groupe (aux quatre précédents, il faut rajouter  les Goncourt décernés en 2007 à Gilles Leroy pour Alabama Song, publié au Mercure de France, et en 2008 à Atiq Rahimi pour "Syngué Sabour Pierre de Patience" chez POL).

Quoi d'étonnant au demeurant ? Sur les dix membres du jury Goncourt, plusieurs sont ou ont été des auteurs Gallimard (Régis Debray, Françoise Chandernagor, passée depuis à Albin Michel, Jorge Semprun, Tahar Ben Jelloun...).

Si le trio Galligrasseuil a vécu (le dernier Goncourt Seuil remonte à ...1988 avec Eric Orsenna pour "L'exposition coloniale"), la célébration du centenaire de la maison fondée par Gaston ne saurait faire oublier  l'emprise de plus en plus marquée du seul groupe Gallimard sur le Goncourt. Depuis 2006, le groupe a remporté quatre fois la plus enviée des distinctions littéraires hexagonales.

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