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George Sand de retour dans la Pléiade, cinquante ans après une première incursion

Il y a un demi-siècle, la prestigieuse collection de Gallimard avait consacré deux volumes aux œuvres autobiographiques de la romancière. Cette fois, la Pléiade publie - enfin - deux nouveaux volumes consacrés à ses romans.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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George Sand dans une photographie datée de 1864 (PHOTO 12 / ANN RONAN PICTURE LIBRARY / AFP)

Romancière, dramaturge, épistolière, critique littéraire et journaliste, l'écrivaine George Sand (1804-1876) figure parmi les plus grands écrivains du XIXe siècle. Intellectuelle engagée, esprit libre, militante avant l'heure de la cause féministe, George Sand, née Amantine Aurore Lucile Dupin, doit aussi sa légende à ses amours tumultueuses avec deux grandes personnalités de son temps, l'homme de lettres Alfred de Musset et le compositeur Frédéric Chopin.

La Pléiade, prestigieuse collection de Gallimard, avait consacré il y a près de cinquante ans deux volumes aux œuvres autobiographiques de la romancière. Ce jeudi 7 novembre, elle publie cette fois deux volumes présentant une petite partie de son immense œuvre romanesque.

La Pléiade publie 15 romans de Sand, "une première salve"

George Sand a publié plus de 70 romans. La Pléiade en a choisi quinze dont Indiana, le premier qu'elle signa de son nom de plume en mai 1832. Les deux volumes "n'ont pas de prétention à l'exhaustivité", souligne José-Luis Diaz qui a dirigé cette édition, cité par l'AFP. Ils constituent "une première salve", selon l'universitaire, ce qui laisse entendre que d'autres volumes pourraient suivre, même si rien n'est programmé pour le moment.

Parmi les œuvres dont il faudra encore attendre pour les lire dans la Pléiade, on citera notamment Consuelo, ouvrage mythique de la romancière. Durant sa prolifique carrière de femmes de lettres, George Sand a écrit non seulement des romans mais aussi des contes, des nouvelles, des essais, des récits de voyages, des centaines d'articles, une vingtaine de pièces de théâtre, une copieuse correspondance... Alors qu'elle repose dans un coin discret du parc de son beau domaine de Nohant avec plusieurs membres de sa famille, son nom est cité régulièrement par les partisans d'un transfert de ses cendres au Panthéon - qui ne compte que cinq femmes.

Parmi les textes retenus dans la Pléiade, on trouve Lélia (1833), son deuxième roman, qui fit scandale par la façon très libre pour l'époque dont il abordait la sexualité féminine. On trouve également des textes peu connus comme Pauline (1841) ou Isidora (1846). On retrouve bien sûr ses célèbres œuvres "champêtres", trop longtemps remisées au rayon des livres pour enfants : La mare au diable, François le Champi, La petite Fadette.

"Pionnière de l'ethnographie"

"Trop souvent cantonnés au genre de la pastorale naïve voire de la 'bluette' pour enfants, ces romans révèlent une romancière pionnière de l'ethnographie et de l'ethnolinguistique qui ne renonce en rien, bien au contraire, à la poésie", fait remarquer José-Luis Diaz dans la présentation des deux volumes.

Le second volume de la Pléiade compte sept titres dont Elle et lui (1859), un des chefs-d'œuvre de Sand qui transpose sa relation avec l'un de ses amants les plus célèbres (Musset) et peint l'échec de l'amour romantique. On trouve également une rareté, La ville noire (1861), roman réaliste et utopiste mettant en scène des ouvriers couteliers en quête de dignité qui finissent par unir leurs forces en fondant une association.

Un engagement féministe, républicain, social

En lisant son œuvre, plusieurs constances s'imposent. Il y a évidemment le combat en faveur de la cause des femmes mais aussi - à partir de Mauprat qu'on retrouve dans le premier volume - un combat en faveur de la République. George Sand fut un écrivain "engagé", républicaine puis socialiste d'inspiration chrétienne.

"La dénonciation d'une société bourgeoise inique, cruelle aux plus faibles, matérialiste, rongée par une maladie morale, est au centre de toute son œuvre", affirme José-Luis Diaz. "S'il est un idéal qui traverse toute l'œuvre, c'est la fraternité", ajoute l'universitaire. Un idéal porté, roman après roman, par de lumineuses figures de femmes.

Parallèlement à la publication des deux volumes de la Pléiade, les amateurs ou les curieux de l'oeuvre de George Sand pourront lire avec intérêt la correspondance entre l'écrivaine et les Dumas père et fils qui vient de paraître chez Phébus dans une édition établie par Thierry Bodin et Claude Schopp. Par ailleurs, il ne faut pas manquer également Mes maisons d'écrivains (Stock) d'Évelyne Bloch-Dano qui consacre deux beaux chapitres à George Sand, la Berrichonne, à Nohant et à Gargilesse.

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