Goncourt des lycéens 2021 : Clara Dupont-Monod lauréate pour son roman "S'adapter", sur le handicap
Avec "S’adapter", roman sur l’arrivée d’un enfant "inadapté" dans une fratrie cévenole, Clara Dupont-Monod remporte le Goncourt des Lycéens 2021, après avoir raflé le Prix Femina et le Prix Landerneau, il y a quelques semaines.
Avec son roman, S’adapter (éd. Stock), Clara Dupont-Monod remporte le Goncourt des Lycéens, face à Lilia Hassaine, (Soleil Amer, éd. Gallimard), Anne Berest (La carte postale, éd. Grasset), Patrice Franceschi (S’il n’en reste qu’une, éd. Grasset), et Christine Angot (Le Voyage dans l’Est, éd. Flammarion).
Son livre est une déclaration d’amour à la fratrie. La sienne a accueilli, alors qu'elle était âgée de 10 ans, un enfant qui ne parlait pas, ne voyait pas, ne bougeait pas, entendait seulement.
S’adapter à un être "inadapté"
C’est en s’inspirant de sa propre histoire qu’elle raconte l’ébranlement d’une famille à l’arrivée d’un enfant handicapé auquel les membres de la fratrie doivent s’adapter. Le livre se concentre sur trois personnages, les frères et la sœur de l’enfant, tous traversés par différentes réactions face à cet humain "inadapté" : l’amour protecteur, le refus ou encore la nécessité de réparer. "J’ai mis un peu de moi dans chacun des personnages", confiait-elle aux lycéens, lors d’une rencontre digitale organisée, il y a une semaine.
Le livre plante le décor dans les montagnes cévenoles. Là, certains murs sont faits de pierres sèches. Il n’existe aucun liant, chacune des pierres reposent sur les autres permettant ainsi à l’édifice de de ne pas céder. "Ça pour moi c’est la fratrie, c’est le lieu du grand soutien", commente l’autrice. Dans le roman, ces pierres parlent et deviennent les narratrices, donnant à l’ouvrage un air de fable.
Une dimension sur laquelle Clara Dupont-Monod insiste : "J’aime animer l’inanimé", avouant par là même une passion pour le Moyen Age, et l’habitude alors de nommer les objets en leur donnant des prénoms. "A l’époque, le découpage du temps n’existait pas encore, et le seul moyen qui permettait de se calibrer, c’était le son de la cloche. Alors on les a nommées."
Une existence pure
Le roman fait donc la part belle à une nature intransigeante : "c’est une nature qui demande une humilité de l’homme et pas l’inverse", déclare Clara Dupont-Monod. Elle aime d’ailleurs comparer l’enfant à la montagne : "Ces êtres-là ne jugent pas, ils sont capables de poésie, il n’y a pas le filtre de la malveillance. L’enfant est exactement comme la montagne : la montagne est, l’enfant est, une existence pure, et ça suffit."
Nous avions demandé à Clara Dupond-Monod ce qui pourrait interpeller les jeunes à la lecture de son roman : "C’est un texte qui parle d’adolescence mais je pense qu’il y a un rapport à la différence que visiblement les lycéens ont tout à fait intégré, beaucoup plus que nous adultes. Eux sont très ouverts, intéressés par la différence. J’ai vu à leurs questions une approche qui est infiniment plus tendre, souple et heureuse que pas mal d’adultes."
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