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Ingrid Betancourt : "La vie des autres est plus importante que ma liberté"

Six ans après la fin de sa captivité dans la jungle colombienne, Ingrid Betancourt partage sa vie entre l’étude de la théologie et l’écriture. Elle sort chez Gallimard son premier roman, « La ligne bleue », une pure fiction qui a pour toile de fond la dictature militaire en Argentine dans les années 70. Invitée du Soir 3, l’ex-otage des Farc raconte sa nouvelle vie et la nécessité de pardonner.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
A 52 ans, Ingrid Betancourt sort son premier roman, "La ligne bleue"
 (AFP PHOTO LOIC VENANCE)

Il y a un temps pour tout, un temps pour raconter, un autre pour imaginer. En 2010, deux ans après sa libération, Ingrid Betancourt avait fait le récit de ses six années de détention dans la jungle colombienne, aux mains des Forces Armées Révolutionnaires. Prisonnière de 2002 à 2008, l’ex-candidate à la présidentielle en Colombie avait raconté les humiliations, la maladie, la promiscuité, la solitude, et le terrible face-à-face avec soi-même. 
 

Ingrid Betancourt retrouve sa mère, Yolanda Pulecio, le 2 juillet 2008, à son arrivée à l'aéroport de Bogota
 (RODRIGO ARANGUA / AFP)

Les mois qui suivirent sa libération en juillet 2008 furent éprouvants. Accueillie comme une héroïne, proposée pour le Nobel de la Paix, Ingrid Betancourt fut ensuite critiquée à travers les témoignages publiés par d’anciens codétenus (14 personnes furent libérées en même temps qu’elle). L’ex-otage s’était alors plongée dans les études : après un master en doctrine moderne, elle étudie désormais la théologie de la libération au Harris Manchester College à Oxford en Angleterre.

Captivité, évasion, choix du pardon : des thèmes qui lui sont chers
 
Dans « La ligne bleue », elle raconte le destin de Julia et Théo, deux jeunes Argentins, sympathisants du mouvement des Montoneros, un mouvement politique qui pratiqua la lutte armée de 1970 à 1979 pour forcer le retour au pouvoir de Juan Domingo Perón, exilé en Espagne en 1955. Opposés à la dictature de la junte militaire, les deux jeunes gens vont être capturés par les Escadrons de la mort mais réussiront à s’évader. Face à cette expérience, Julia (qui a le don de voir des scènes de l’avenir à travers le regard d’un autre) et Théo vont avoir deux attitudes opposées, avec à la clé, le choix de pardonner ou pas.
  (Gallimard)
Interrogée par Le Figaro quant au parallèle qu’on peut faire entre son histoire et celle de son héroïne, Ingrid Betancourt répond ceci : "En réalité ce personnage s'inspire d'une femme avec laquelle je suis devenue amie et qui a été effectivement arrêtée et torturée... Ma propre histoire m'a rendue sensible à celle de ceux qui ont vécu cette dictature. J'ai été séquestrée par une organisation d'extrême gauche, mon amie argentine par une dictature d'extrême droite. Ces crimes n'ont pas d'idéologie".
 
"La Ligne bleue" d'Ingrid Betancourt, Gallimard, 355 pages, 19,90 €.
"Même le silence a une fin" d'Ingrid Betancourt, Gallimard, 704 pages., 25,30 €.

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