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Julie Héraclès imagine la vie de "La Tondue de Chartres" dans son premier roman "Vous ne connaissez rien de moi", qui fait déjà couler beaucoup d'encre

S'inspirant d'une célèbre photo de Robert Capa prise à la Libération, l'autrice Julie Héraclès signe un premier roman qui est sur toutes les lèvres en cette rentrée littéraire.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
L'écrivaine Julie Héraclès, autrice du roman "Vous ne connaissez rien de moi" sur "La Tondue de Chartres" paru aux éditions JC Lattès. (JOE SAGET / AFP ET EDITIONS JC LATTES)

C'est une photo qui a fait le tour du monde, signée du grand photographe Robert Capa. Prise dans une rue de Chartres le 16 août 1944, au moment de la libération de la ville, elle montre une femme rasée et marquée sur le front au fer rouge pour avoir collaboré avec l'occupant nazi portant dans ses bras un nourrisson. Autour d'elle, la foule l"insulte et lui jette des regards moqueurs ou méprisants. Ce cliché est devenu aujourd'hui l'emblème de l'épuration sauvage qui s'était emparée du pays à la Libération.

Un premier roman, signé de Julie Héraclès (éditée chez JC Lattès), imagine la vie de celle que l'on connaît sous le nom de "La Tondue de Chartres" et qui s'appelle en réalité Simone Touseau. Ce livre, intitulé Vous ne connaissez rien de moi, agite critiques et libraires depuis sa sortie fin août, et a d'ores et déja remporté la médaille du meilleur premier roman de la rentrée littéraire. Signe de l'engouement qu'il suscite, les droits pour une adaptation au cinéma ont été achetés avant même sa sortie en librairie le 22 août 2023.

Raconter un destin dont on ne sait pas tout grâce à la fiction

"Cette photo, je la connais depuis toujours", confie l'autrice de 44 ans au micro de l'AFP. "Je l'avais étudiée au lycée, vue dans la ville... elle ne m'a jamais quittée", explique Julie Héraclès, qui a grandi et vit à Chartres. L'idée de lui consacrer un roman ne s'impose toutefois pas immédiatement à la romancière, mue d'abord par "le désir d'écrire un roman qui se passerait sous l'Occupation".

En 2019, alors qu'elle pose ses valises à des milliers de kilomètres, sur l'île de la Réunion, elle a un "déclic, une évidence". "Par hasard, je retombe sur la photo de Capa. Là, je me dis que je tiens mon premier roman", se remémore-t-elle. Si elle se rappelle que la première émotion qui l'avait traversée lors de la découverte du cliché, des années auparavant, était "la compassion", elle sait que Simone Touseau, "n'était pas seulement une victime" mais une "pro-nazi qui avait, entre autre, travaillé pour l'occupant".

D'emblée, l'autrice est confrontée à un dilemme. Comment raconter un destin que les historiens ne sont pas entièrement parvenus à reconstituer ? Par la fiction et l'imaginaire, assure Julie Héraclès. Écrit à la première personne du singulier, dans une langue populaire et ancrée dans la France des annes 40, le lecteur est transporté dans la psyché de Simone Touseau. 

L'autrice imagine ce qui l'a menée à collaborer avec les nazis

Au détail près que la Simone de Julie Héraclès a un nom de famille différent. La raison ? "Pour moi, le plus important était d'essayer de comprendre comment une jeune femme de ce milieu et de cette époque a pu basculer et devenir collaboratrice. La faire parler à la première personne permet d'atteindre cet objectif", développe-t-elle. Alors, Julie Héraclès a tout imaginé ou presque : le sentiment de déclassement, la première histoire sentimentale qui tourne mal, un avortement...  Elle lui imagine aussi une amie juive - tout en décrivant Simone Touseau comme foncièrement antisémite - ou encore un acte de bravoure où elle aide une résistante.

Quitte à la rendre sympathique, comme écrivent certains critiques ? "Ecrire sur elle n'a jamais été une façon de la dédouaner, mais, peut-être, de la rendre humaine, terriblement humaine dans sa complexité", défend-elle. "Oui, je l'ai humanisée, elle n'est pas ni juste victime, ni uniquement cette coupable. J'ai crée des zones de lumière et des zones d'ombre tout en n'ayant aucune thèse à défendre".

La couverture du roman de Julie Héraclès, "Vous ne connaissez rien de moi", ornée de la photo de Robert Capa connue sous le nom de "La Tondue de Chartres". (JC LATTES)

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