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L'écossais Douglas Stuart remporte le Booker prize, prestigieux prix littéraire britannique

L'auteur a été récompensé pour son premier roman "Shuggie Bain" sur l'histoire d'un garçon qui protège sa mère alcoolique dans le Glasgow des années Thatcher.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Temps de lecture : 5min
L'écrivain écossais Douglas Stuart, lauréat du Booker prize pour son premier roman "Shuggie Bain", le 19 novembre 2020. (MARTYN PICKERSGILL / THEBOOKERPRIZES)

Le Booker prize, prestigieux prix littéraire britannique, a été attribué jeudi 19 novembre à Londres à l'Ecossais Douglas Stuart pour Shuggie Bain, son premier roman, qui se déroule dans la ville de son enfance, Glasgow, laminée par la pauvreté pendant les années 1980, sous la gouvernance de Margaret Yhatcher.

"Une époque incroyablement difficile"

Margaret Busby, présidente du jury, a qualifié le roman d'"audacieux, effrayant et bouleversant" lors d'une cérémonie dans la salle de spectacles Roundhouse, dans le nord de Londres.

Shuggie Bain raconte l'histoire d'un garçon solitaire, Shuggie, en quête d'identité, qui voue un amour inconditionnel à sa mère alcoolique, Agnes, et lui reste fidèle dans sa descente aux enfers, dans le Glasgow des années 1980 sous le thatchérisme, marqué par la pauvreté, la crise économique, la marginalisation des classes populaires et le communautarisme religieux.

La première de couverture de  "Shuggie Bain" (Grove Press), premier roman de Douglas Stuart, Booker Prize 2020. (HANDOUT / AFP)

Cette grande fresque de vies ordinaires ravagées, qui met magistralement en scène amour, frustration, addiction et autodestruction, est un ouvrage aussi prenant que douloureux. "J'ai grandi à Glasgow dans les années 1980, à une époque incroyablement difficile", a raconté Douglas Stuart par vidéoconférence. Ecrire ce livre a agi comme une thérapie, a-t-il confié.

Il a rendu hommage à sa mère qui "a souffert d'addictions et n'a pas survécu à ces addictions". "Ma mère serait ravie (...) et je pense qu'elle serait fière", a ajouté le primo-romancier, qui gagne une récompense de 50.000 livres (environ 55.000 euros) et l'assurance d'une renommée internationale. Agé de 44 ans, l'auteur vit à New York où il travaille dans la mode.

"Donner du sens à notre monde"

La cérémonie était organisée à Londres mais les six finalistes du prix, qui récompense chaque année l'auteur du "meilleur roman écrit en anglais", l'ont suivie à distance, en visioconférence, pandémie oblige.

Dans un message vidéo diffusé pendant la soirée, la duchesse de Cornouailles Camilla, épouse du prince Charles, a souligné l'importance de la lecture dans cette période difficile. "Tant que nous pouvons lire, nous pouvons voyager, nous échapper, explorer", a-t-elle déclaré. L'ex-président américain Barack Obama, a aussi salué le pouvoir des mots, expliquant dans une vidéo s'être "toujours tourné vers l'écriture pour donner un sens à notre monde".

Les six finalistes

Quatre primo-romanciers - les Américains Diane Cook, Avni Doshi et Brandon Taylor, et l'Ecossais Douglas Stuart -, figuraient en finale, leurs oeuvres explorant des thèmes allant du changement climatique au racisme en passant par les liens familiaux.

The New Wilderness de Diane Cook est une fiction dystopique sur fond de crise climatique. L'Américaine élabore actuellement un scénario basé sur ce roman dont Warner Bros a acheté les droits pour l'adapter en série.

Comme dans The New Wilderness, Burnt Sugar de l'Américaine Avni Doshi explore la relation conflictuelle entre une mère et sa fille, mais cette fois dans l'Inde contemporaine.

Dans Real Life de l'Américain Brandon Taylor, on suit Wallace, un jeune homosexuel noir confronté au racisme lors de ses premiers pas sur un campus du Midwest américain, à mille lieues de son enfance en Alabama.

Figuraient également l'écrivaine zimbabwéenne Tsitsi Dangarembga pour "This Mournable Body", le troisième tome d'une trilogie débutée avec "Nervous Conditions" ("A fleur de peau" en français, L'Ecole des loisirs), sur le parcours d'une jeune fille du Zimbabwe sombrant dans la pauvreté.

Première autrice éthiopienne à figurer en finale du Booker Prize, Maaza Mengiste avait été retenue pour The Shadow King qui décrit le soulèvement de citoyens ordinaires contre l'invasion italienne dans l'Ethiopie des années 1930, à travers le personnage d'Hirut.

"Je fais toujours la lessive"

Ces six finalistes ont été sélectionnés après lecture de 162 romans publiés au Royaume-Uni ou en Irlande entre le 1er octobre 2019 et le 30 septembre 2020. Parmi les romanciers déjà distingués par ce prix figurent Hilary Mantel, Salman Rushdie et Julian Barnes.

L'an dernier, fait rare, le Booker prize avait été remis à deux lauréates: les écrivaines canadienne Margaret Atwood et anglo-nigériane Bernardine Evaristo, respectivement pour Les Testaments et Girl, Woman, Other.

"Ma vie quotidienne n'a pas changé, je fais toujours la lessive, je regarde toujours la télévision le soir etc, mais j'ai l'impression d'avoir été lancée dans le monde en tant qu'écrivaine", a raconté jeudi Bernardine Evaristo.

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