La nuit en vérité, touchant portrait d'enfant signé Véronique Olmi
Liouba et son fils vivent dans un bel appartement qui donne sur les arbres du Palais-Royal à Paris. A charge pour elle de tenir impeccables les différentes pièces pour le retour des propriétaires - susceptibles de revenir à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit d'une destination lointaine.
Enzo a douze ans, adore sa mère - pas encore trentenaire- et vit un cauchemar au collège où ses condisciples l'ont pris pour cible. Trop doux, trop rêveur, trop enveloppé...
Il veut fuir cet enfer, lui qui n'aime que la lecture, les sucreries, les rires et l'affection de sa mère. Il va s'échapper en entrant en osmose avec l'un des fantômes de l'appartement, mort à la guerre de 14-18. Et le roman noue avec le fantastique en convoquant l'âme des morts.
Les tourments de l'enfant qui se veut invisible
Qu'est-ce qui donnne cette force, cet allant au roman ? L'analyse du couple mère-fils, ici soudés parce que seuls au monde ? Les tourments de l'enfant trop gros (pas obèse, non, "en surpoids", précise-t-il inutilement), qui se veut invisible, sujet très contemporain auquel la littérature française s'est si peu attaqué ? Le récit, qui glisse le lecteur dans la peau d'Enzo comme en caméra invisible ? La fluidité de l'écriture ? La parfaite maîtrise de la romancière qui signe ici son dixième roman ?
Difficile à dire, mais l'oeuvre laisse dans son sillage un souvenir marquant et une émotion durable. Véronique Olmi délaisse ici l'intrigue sentimentale qui constituait le coeur de ses derniers romans (Le premier amour, Cet été-là, Nous étions faits pour être heureux) au profit d'un couple mère-enfant qui reste longtemps en mémoire.
La nuit en vérité Véronique Olmi (Albin Michel - 19 euros)
Extrait :
"C'est déjà fini, se répète l'enfant, c'est déjà fini. Mais ça ne finit pas. C'est la nuit mais il n'y a ni étoile ni lune, juste une force d'attraction terrible, une chute interminable. Il n'a aucun repère. ESt-ce lui ce type sans slip qu'on force à ramper dans le vomi ? On le filme et il ferme les yeux, comme si ne pas regarder le téléphone portable le soustrayait à l'appareil. Mais la vidéo à peine finie est postée sur Facebook. Est-ce à lui, cette douleur au bas des reins ?"
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