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"La tentation d'être heureux", roman réjouissant sur l'âge mûr de Lorenzo Marone

"La tentation d'être heureux" (Belfond) de l'écrivain italien Lorenzo Marone raconte les pérégrinations d'un sexagénaire napolitain veuf et ronchon. L'arrivée dans son immeuble d'une jeune femme maltraitée par son mari bouleverse sa manière d'appréhender la vie. Un roman tendre sur la vieillesse, la solitude et les relations filiales.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Lorenzo Marone, auteur de "La tentation d'être heureux" (Belfond)
 (Leonardo Cendamo / Leemage / AFP)
L'histoire : Cesare Annunziata, un vieux napolitain désabusé et bourru, un brin misogyne, voire misanthrope, a décidé depuis qu'il est vieux et veuf, de "faire ce qu'il veut de sa vie". Il dresse un bilan de son existence plutôt moche : "J'ai soixante-dix-sept ans et pendant soixante-douze ans et cent onze jours, j'ai jeté ma vie à la poubelle", et compte bien profiter du temps qui lui reste pour faire exactement ce qui lui plaît. Mais le quotidien n'est pas si glorieux. "Le tic-tac du réveil est le seul bruit qui me tienne compagnie", confie-t-il.

Ses journées sont plutôt vides et ses nuits très longues. Il occupe son temps sans enthousiasme à prendre soin de son petit-fils (pour rendre service), à faire des blagues quand l'occasion se présente ou à voir son voisin et ami Marino, qui ne sort plus de chez lui depuis que son fils est mort. Il fréquente aussi Rossana, une plantureuse prostituée qu'il connait depuis longtemps, et qui est devenue une amie.

En dehors de cela, il rumine, ou fulmine contre sa voisine, une vieille dame un peu fofolle qui recueille tous les chats errants du quartier. Ses rapports avec Dante, son fils, sont distants (il est homosexuel et ne l'a jamais avoué à son père, qui le sait très bien et ne comprend pas pourquoi il est le seul à n'avoir pas été mis au courant). Il s'entend un peu mieux avec sa fille Sveva, sans plus.

Hymne à la vie

Cesare traîne cette vie de vieux bonhomme angoissé (mais facétieux), jusqu'à ce que débarque dans son immeuble un jeune couple dont le mari bat sa femme. Le vieux ronchon se laisse attendrir par cette nouvelle voisine, Emma, incapable de réagir à la violence de son mari. Un évènement qui l'oblige à sortir de ses habitudes, à réviser ses convictions, et à remettre de l'ordre dans sa propre vie.

"La tentation d'être heureux" dresse sans concession et avec une bonne dose d'humour le bilan d'une vie d'homme. Rédigé à la première personne par un écrivain né en 1974, ce roman est une plongée dans la tête d'un vieil homme, et le constat amer des épisodes marquants de sa vie : les occasions ratées avec les femmes qu'il a aimées, le ratage de sa vie conjugale et familiale, les petites lâchetés accumulées.

Mais ce roman est aussi un hymne à la vie, une invitation à tracer des chemins clairs, à oser dire et vivre ce qui nous rend heureux (et il n'est jamais trop tard pour s'y mettre). Un roman réjouissant dans cette rentrée morose.  
 
"La tentation d'être heureux", Lorenzo Marone, traduit de l'italien par Renaud Temperini (Belfond, 323 pages)

Extrait :
"Moi, je ne rêve jamais. En tous cas je n'en garde aucun souvenir particulier. Peut-être parce que je dors peu et que je me réveille tôt. Ou que je bois trop. Ou simplement que je suis vieux et que chez les vieillards, les rêves s'épuisent."

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