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"Le retour de Gustav Flötberg" de Catherine Vigourt : une joyeuse réincarnation

Avec "Le retour de Gustav Flötberg" (Gallimard), Catherine Vigourt nous invite, dans un roman enlevé et plein d’esprit, à suivre une réincarnation bien singulière : celle d’un jeune Gustave Flaubert qui, parti en Egypte avec son ami le photographe Maxime du Camp, se réveille parmi nous un beau matin d’été 2014…
Article rédigé par franceinfo - Max Adelise
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Catherine Vigourt
 (Francesca Mantovani)

Flaubert se mit à la table avec les trois derniers livres de Flötberg, la "fameuse trilogie" comme l'indiquait un bandeau rouge en travers qu'il trouva fâcheux. Pour lui, c'était un travail. Connaître le malheureux écrivain dont il portait le nom, qui choisissait des titres étranges : "La femme qui voulait marcher dans le ciel avec des palmes".


En trois lignes, ce Flaubert se dépoussière des idées toutes faites dont on l’encombre : nous voilà entraînés dans le vertige qui est le sien. C’est que notre homme a changé de monde, mais aussi d’identité : il est désormais le très célèbre Gustav Flötberg, un écrivain islandais de sagas à succès de cinquante-six ans… Il comprend vite qu’il lui faut se glisser dans la peau de son personnage pour ne pas passer pour fou. Même si les petits dérèglements dont il fait preuve sont mis sur le compte d’un accident vasculaire, il ne manque pas d’étonner la charmante Nancy Erocratos, son agent, qui lui trouve à juste titre un charme inédit.

Corps brutalement vieilli

Comment faire pour habiter un corps brutalement vieilli, participer à un colloque dont il ignore tout, et, surtout, se familiariser avec ces nouveaux contemporains, c’est-à-dire… nous tous ?

"Comment se couler dans ce monde extraordinaire où les gens se convoquaient du bout des doigts, où tout était accessible et donné, où tant de spectacles ravissants s’encadraient dans leurs mains ?

Comment faire pour retrouver son époque, sans perdre Nancy ? Y parviendra-t-il quand resurgira un certain Max Van Kamp, l’ami jaloux lui aussi réincarné dans un XXIe siècle qui retient à peine son nom ? A nous lecteurs de découvrir à quel prix il lui fera payer ce compliment envieux : "Est-ce que tu mesures bien toute l’étendue de ta gloire ? Je ne suis qu’un type rivé à sa petite époque, tu es de tous les temps."

Sans pesanteur ni sérieux

L’histoire nous mène ainsi d’émotions en sourires, en cent-quarante pages rythmées et imaginatives en diable, avec une écriture magnifique : Catherine Vigourt nous promène dans une culture qu’elle maîtrise sans pesanteur ni sérieux, et par le biais d’un regard "dépaysé", elle nous conduit à voir notre monde autrement. Par ces temps où l’actualité précipitée devient souvent tyrannique… un délicieux pas de côté à ne pas manquer !

  (Gallimard)

"Le retour de Gustav Flötberg" de Catherine Vigourt (Gallimard- 144 pages-13€50) . Parution le 15 février 2018

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