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"Le rêve de l'okapi", un conte hors du temps signé par la romancière allemande Mariana Leky

Une fable merveilleuse, avec des personnages mis en scène comme dans une pièce de théâtre.

Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La romancière allemande Mariana Leky (Fraziska Hauser)

Deux enfants amis pour la vie, un opticien secrètement épris d'une vieille dame vivant dans une maison branlante, une jeune fille amoureuse d'un moine bouddhiste, un père globe-trotteur, un okapi de mauvais augure… Best-seller en Allemagne, en projet pour une adaptation au cinéma, Le rêve de l'okapi (JC Lattès, avril 2019) est le premier roman traduit en Français de Mariana Leky. Une fable hors du temps qu'il fait bon déguster dans un monde sous pression numérique.

L'histoire : dans ce village qui n'est pas nommé (on sait juste qu'il se situe dans le Land allemand de Rhénanie-Palatinat), quand Selma rêve d'un okapi, tout le monde se met à trembler. Il faut dire que ce songe est de mauvais augure. Chaque fois que Selma rêve de ce bel animal, quelqu'un au village meurt dans les 24 heures. Qui cette fois sera la cible de la grande faucheuse ?

L'amour, la mort et la poésie

Selma a un chien qui s'appelle Alaska, et une petite fille prénommée Luise, qui dort souvent chez elle. Son fils, le père de la petite fille, est un voyageur invétéré, et sa mère passe beaucoup de temps dans le lit du glacier. Luise a un ami très cher, Martin, le fils de Palm, un homme souvent pris d'alcool et de violence.

Quand ils prennent le train chaque jour ensemble pour aller à l'école, Luise et Martin répètent le même jeu. "Martin, le dos à la fenêtre et les yeux fermés, pouvait réciter presque tout ce qui défilait à travers la vitre embuée". Selma a aussi un amoureux transi qui n'ose pas lui avouer sa flamme, c'est l'opticien, et une belle-sœur superstitieuse. Après l'apparition de l'okapi, cette fois la mort se fait attendre, mais c'est pour mieux emporter un membre du village, et pas celui qu'on croit… Après cette mort, Luise grandira, travaillera dans une librairie, tombera amoureuse d'un moine bouddhiste aux yeux bleus, très beau, prénommé Frederik, exilé au Japon.

Cette histoire, dont on ne sait pas très bien à quelle époque elle se déroule, est racontée à la première personne, par Luise. Le temps semble suspendu dans ce petit village où les évènements se déroulent selon une logique plus onirique que réaliste. Une très belle galerie de portraits, avec des personnages dessinés comme dans une pièce de théâtre, tourmentés par leurs démons, se dépatouillant comme ils peuvent avec leurs secrets, et une intrigue irriguée par des questionnements sur la présence de chacun au monde, sur la mort, l'amour ou l'amitié, font de ce roman un très joli livre poétique et relaxant, à emporter dans ses valises cet été. Une lecture qui peut se partager avec de jeunes lecteurs. 

Couverture du roman "Le rêve de l'okapi", Mariana Leky (JC Lattes)

Le rêve de l'okapi, Mariana Leky, traduit de l'allemand par Céline Meurice
(JC Lattès - 365 pages - 18 euros)

Extrait :

"Selma avait rêvé de d'un okapi trois fois dans sa vie et, chaque fois, quelqu'un était mort juste après. Nous étions donc persuadés que le rêve de l'okapi et la mort étaient inextricablement liés. ainsi fonctionne notre esprit : il est capable, en un clin d'oeil, d'associer les choses les plus curieuses. des cafetières et des lacets, par exemple, ou des bouteilles en verre et des sapins."

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