"Les Gentils" ou le deuil impossible de son enfant, un thriller nevrosé de Michaël Mention
Un parent ne doit pas enterrer son enfant. Michaël Mention explore, avec rage et détermination, le sentiment du deuil dans son dernier roman Les Gentils (Belfond). Peut-on survivre à la mort de son enfant ? Peut-on en faire le deuil ? Avec une écriture hantée, nerveuse, l’auteur de Sale temps pour le pays (Rivages noir) nous plonge dans un océan de douleur et de souffrance. Son personnage, Franck, disquaire parisien, a vu son univers s’écrouler à la mort de sa fille dans le braquage d’une boulangerie.
Comment (sur)vivre après la mort de sa fille ? Pourquoi continuer à vivre ? Alors Franck court. Il court derrière la vengeance, qu’il confond avec la justice. Il court pour fuir. Franck s’enfuit de plus en plus loin. L’enquête piétine. Au bout de six mois, un nom émerge. Franck se met aussitôt à la poursuite du meurtrier de sa fille. De Paris à Toulouse, de Marseille en Guyane, Franck se lance dans une fuite en avant, à la destination inéluctable. Il vend tous ses biens, laisse sa vie derrière lui, pour partir en chasse de l'assassin. Il se retrouve en Guyane, sur les traces d'un junkie en recherche de rédemption. Il découvre qu'il y a plusieurs sortes de prisons, et d'aliénations.
Au nom de sa fille
Les Gentils est un roman noir, que l’espoir a déserté. Un roman sur le deuil impossible d’un homme qui voit son monde vaciller de toutes parts, un monde d’où il est exclu, d’où il s’exclut. Michaël Mention mitraille à tout va, ne laissant aucun répit à son lecteur. La descente aux enfers de Franck semble ne pas avoir de fond. Abyssale aussi est sa souffrance. Sa soif de vengeance, sans cesse contrariée et toujours insatiable, le mène à des contrées inexplorées. Les Gentils est un voyage au bout de soi, à la poursuite de son âme perdue.
Toutes les douleurs, aussi grandes fussent-elles, ne sont pas muettes. Certaines sont dévorantes et exigeantes. Michaël Mention est un conteur impitoyable qui ouvre plein d’horizons, plus ténébreux les uns que les autres, surprenants. Comme si le prix de la salvation était toujours très élevé. Les Gentils, un grand roman noir.
("Les Gentils", Michaël Mention, éditions Belfond, 20,50 euros)
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