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Les premiers mots des romans de la rentrée littéraire 2013

Les premiers mots d'un roman, c'est un pacte signé avec le lecteur : ils donnent la tonalité du livre et certains restent gravés dans nos mémoires, comme le seront, peut-être, les plus percutants de la rentrée 2013. Voici un florilège des premiers mots ou "incipit" de quelques-uns des 555 romans publiés à partir du 21 août.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Les premiers mots des 555 romans prévus pour la rentrée littéraire 2013
 (Laurence Houot / Culturebox)

- "Tout ce que l'on aime devient une fiction. La première des miennes fut le Japon". Amélie Nothomb retourne au Japon avec "La nostalgie heureuse" (Albin Michel), son 22e roman.

- "Je suis un homme sans âge et un meurtrier. Oh je sais, tu te moques, tu trouves ça prétentieux": Boris Razon se confie au lecteur dans un premier roman bouleversant, "Palladium" (Stock). Ce journaliste s'est retrouvé en 2005, du jour au lendemain, tétraplégique et ne pouvant plus communiquer. A 37 ans, il entre en littérature avec ce récit autobiographique mêlant réalité crue de l'hôpital et monde fantasmagorique.

- "J'allais naître. Pour moi, l'enjeu était de taille. Si c'était à refaire, je naîtrais beaucoup moins - on naît toujours trop": ainsi commence "Naissance" de Yann Moix (Grasset), roman d'initiation étincelant et multiple de 1.200 pages, "gros comme une femme enceinte de neuf mois", dit l'auteur.

- "Nous sommes tous censés nous être lavés du passé lors de la traversée jusqu'ici". Le prix nobel de littérature J.M. Coetzee explore les douleurs de l'exil et la question de la parentalité et de la transmission dans "Une enfance de Jesus" (Seuil).

- "Je déteste voyager, c'est ce que Richard B. se répétait en bouclant sa valise": dans ce roman envoûtant, "Les évaporés" (Flammarion), Thomas B. Reverdy nous emporte au coeur du Japon de l'après Fukushima. Certains y choisissent de disparaître pour survivre. C'est le cas du père de Yukiko, installée à Los Angeles. Elle part à sa recherche, aidée par son ex, détective privé américain toujours fou d'elle.

- "Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps": Pierre Lemaître, dans "Au revoir là-haut" (Albin Michel), fait une première incursion hors du polar avec ce roman époustouflant sur deux rescapés de la Grande Guerre condamnés à l'exclusion. Ils imaginent une arnaque spectaculaire pour défier l'Etat qui glorifie ses disparus et rejette les survivants.

- "Anne Sinclair. Tel est le nom de la jeune inconnue sur la photo accrochée dans le bureau de Grand-Père", explique Franck, le narrateur de "Une matière inflammable" (Stock), de Marc Weitzmann, qui donne une vision acerbe des relations familiales, du gotha parisien et de la société française, sur fond d'affaire DSK.

- "Quelqu'un m'a craché dessus aujourd'hui": scandale encore avec "Le fils de Sam Green" (Anne Carrière), de Sibylle Grimbert. Sam Green, c'est Bernard Madoff, roi déchu de Wall Street, condamné pour escroquerie. Dans le roman, son fils, élevé comme un nabab, perd pied et se torture: est-il une victime de son père ou son complice? Le fils aîné du vrai Madoff s'est suicidé en 2010, deux ans après l'arrestation de son père.

- "Maria Cristina Väätonen, la vilaine soeur, adorait habiter à Santa Monica". Dans "La grâce des brigands" (L'Olivier), Véronique Ovaldé raconte par la voix d'un narrateur anonyme comment son héroïne quitte le grand Nord pour s'installer en Californie, comment elle devient écrivain, tente de résister à l'emprise familiale et aux pièges de son amant romancier.

- "On prend la mer et on atteint un fleuve": Marie Darrieussecq parle dans "Il faut beaucoup aimer les hommes" (P.O.L) du racisme, du culte des apparences à Hollywood mais aussi des faiblesses et des égarements de l'amour.

- "C'était le jeudi 29 mai 2003, en fin d'après-midi": amour toujours dans "Moment d'un couple" (Gallimard) de Nelly Alard. Quand son mari journaliste lui avoue sa liaison avec une élue, l'univers de Juliette vacille. Comment survivre à la trahison?

- "Je n'ai pas le sens de l'orientation: je ne saurais même pas dessiner la forme approximative de mon trajet": après une fresque sur les années sida, Tristan Garcia dissèque, dans "Faber. Le destructeur" (Gallimard), la tentation de la radicalité et les rêves perdus de ceux qui ont eu vingt ans à l'aube du XXIe siècle.

- "J'ai égaré ma fille". Après avoir raconté l'histoire de ses deux premiers fils hadicapés, Jean-Louis Fournier adresse cette fois à sa fille "La servante du Seigneur" (Stock) , un chant d'amour paternel à sa fille.

- "C'est l'époque où je vivais dans une voiture": Yannick Haenel ausculte dans "Les Renards pâles" (Gallimard) la rencontre entre un solitaire en attente d'un bouleversement politique et un groupe de sans-papiers masqués, baptisé "Renard pâle", dieu anarchiste dogon.

- "Ce matin-là, elle se leva tard et aussitôt elle sut : Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux.". Le dernier roman de Laura Kasischke "Esprit d'hiver" (Bourgois), donne le frisson dès la première phrase. Glaçant.


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