Livre Paris : rencontre avec Emily Blaine star française de la romance Harlequin
On a rendez-vous avec elle sur le stand de l'exposition consacrée à la collection Harlequin. Créée en 1949 au Canada, la célèbre collection fête cette année ses 40 ans en France. Emily Blaine est une des jeunes auteures françaises de cette collection. Toute en jolies rondeurs, pantalon noir et baskets, cheveux lâchés sur les épaules, Emily Blaine n'a rien des héroïnes qui font vibrer ses lectrices. La jeune femme nous accueille d'une franche poignée de mains, naturelle, souriante. Quand on lui demande son âge : "Ah ben ça commence bien ! ", suivi d'un éclat de rire. "J'ai 36 ans. Je préférerais avoir moins, mais c'est comme ça".
A la SNCF le jour, romancière le soir
Emily Blaine, c'est son nom d'écrivain, travaille pour la SNCF dans le civil et le succès ne lui a ni monté à la tête, ni donné envie d'arrêter de travailler. "Rester chez moi toute seule toute la journée, j'avoue que ça m'angoisserait un peu", confie la romancière. "J'ai besoin de l'interaction sociale. J'aime mon travail. et pour moi, ce serait un trop gros choc de quitter l'entreprise".Rien ne prédestinait cette jeune femme bretonne d'origine (elle vit à Paris depuis une quinzaine d'années) à la romance. "Je n'en lisais même pas quand j'étais ado", dit-elle. "Je préférais Agatha Christie aux romans Harlequin". Alors comment tout cela a-t-il bien pu arriver? "J'ai participé à un concours sur les conseils d'une amie. A l'époque, j'écrivais de la 'fan fiction' (écrire des histoires en empruntant des personnages à des séries ou des romans existants, que l'on publie sur internet), cette fameuse copine m'a envoyé le lien pour participer à un concours lancé par la collection Harlequin", se souvient-elle.
Elle avoue tout à son mari, et se lance dans l'aventure
"Au début j'ai dit non, et puis je me suis dit qu'en participant, je lui prouverais que je n'avais aucune chance. Le problème, c'est que j'ai gagné le concours. Je me suis retrouvée prise à mon propre piège. Mon plan a un peu foiré quoi !", s'amuse Emily Blaine. Elle avoue tout à son mari et se lance dans l'aventure.Elle publie alors son premier roman "Dear you", en plusieurs épisodes, et en numérique. Devant le succès, la maison décide de publier en version papier. Depuis, Emily Blaine a publié 10 romans, et vendu 400.000 exemplaires de ses livres. Mais où donc cette jeune femme qui vit une vie tout à fait ordinaire, mariée, deux enfants, trouve-t-elle l'inspiration pour faire vibrer des centaines de milliers de lectrices ?
L'inspiration puisée dans le quotidien et l'actualité
"C'est plus difficile de faire rêver avec des histoires ancrées dans le réel, mais c'est ce que je préfère. Quand j'ai vu le nombre de commentaires sur ce livre, je me suis dit que finalement le deuil est un sujet qui intéresse plein de gens. Mon prochain livre raconte une histoire avec un libraire, vous voyez, c'est mon environnement qui m'inspire !", s'amuse Emily Blaine.
"Les scènes de sexe, c'est compliqué à écrire"
Est-ce que c'est difficile d'écrire de la romance ? "Ah oui c'est très difficile. Il faut faire rêver, faire fantasmer, il faut des paillettes mais il faut que ça reste cohérent, rester réaliste tout en étant créatif, savoir écrire des dialogues..." Et elle tient à préciser que les lectrices de romance sont exigeantes. "Il faut que ça finisse bien, mais entre temps il faut qu'il y ait des péripéties. Si ça se finit mal, la lectrice va se sentir blessée, lésée, il faut remplir le contrat, tenir la promesse, et avant le dénouement heureux, il faut qu'il y ait de l'action. Si ça se règle trop facilement, elle n'est pas contente non plus !", insiste-t-elle.Qu'est-ce qui est le plus difficile pour elle dans l'écriture ? "Les scènes de sexe", répond-elle sans hésiter. Chez Harlequin on appelle ça les 'scènes graphiques' (parce que ça doit être visuel). Chaque fois que je m'y colle, c'est bien le mot, c'est difficile. Dans ces scènes on doit trouver des émotions, mais aussi de la localisation, de la technique, et en même temps il faut que ça fasse rêver... Il y a pas mal de paramètres qui entrent en compte et vraiment pour moi c'est une vraie difficulté". Peut-être par pudeur, reconnait-elle.
Et c'est obligatoire ? Affirmatif. "C'est quand même une composante essentielle de la relation amoureuse : la première fois qu'on se prend par la main, le premier baiser, la première relation sexuelle..." Pas question d'éluder donc, et encore moins avec les nouvelles générations de lectrices. "'50 nuances de Grey' est passé par là".
"Je consacre deux heures le dimanche matin à répondre à mes lectrices, c'est très important"
Son mari lit-il ses histoires ? "Non, il a essayé, mais lui son truc c'est plutôt les aliens", s'amuse la romancière. La jeune femme prétend n'avoir pas changé grand chose dans ses habitudes, mais elle reconnaît que pour mener de front sa double vie, entre le boulot, l'écriture, les rencontres et les dédicaces et le temps passé à échanger avec ses lectrices, son travail à plein temps à la SNCF et les enfants, il a quand même fallu s'organiser"."Heureusement, j'ai un mari très conciliant. Sinon, je ne pourrais pas faire tout ça". Alors elle écrit le soir, entre 21h00 et minuit, "quand les enfants sont couchés. Il faut quand même que je dorme".Il y a aussi la relation avec ses lectrices, via les réseaux sociaux, qui compte beaucoup. C'est une des caractéristiques de ce genre : une grande proximité avec les lectrices. "Je consacre deux heures tous les dimanches matins à répondre à mes lectrices, c'est très important", confie la romancière. "Souvent elles sont surprises que je réponde directement. Elle pensent même que c'est un stagiaire planqué dans une petite salle obscure qui leur répond. Mais non. Je réponds moi-même et j'ai beaucoup de plaisir à échanger avec elles ou avec eux".
"Il y a des hommes qui lisent les romans de leurs femmes en cachette"
Mais ils sont peu nombreux, les hommes qui lisent ouvertement la romance. "Il y en a qui piquent les romans à leurs femmes ! Mais c'est intéressant d'échanger avec ceux qui assument. Ils n'ont pas la même lecture que les femmes. Les hommes s'intéressent plus à l'histoire, à l'intrigue, alors que les femmes focalisent sur le héros masculin, et me posent surtout des questions sur lui".Confirmation dans la file de fans qui attendent leur tour pour une dédicace. Qu'est-ce qu'elles aiment dans les livres d'Emily Blaine ? Et toc : "Les héros masculins !" lâche Clarisse L'Hostis, 21 ans, venue de Normandie. "Ils sont attachants, charmeurs, des hommes améliorés quoi !", dit-elle en riant. "J'adore les romans d'Emily Blaine, on passe un bon moment, c'est comme manger des chamallows, c'est agréable, on oublie tout, même les ados de la maison !", confie Nathalie, 45 ans, qui travaille dans la confection. "Sa plume ! Et quand je lis ses romans, je ressens du bonheur", ajoute Mélanie, 32 ans, Atsem (agent territorial spécialisée des écoles maternelles).
"On se dit que c'est encore possible de rencontrer la bonne personne !"
"C'est une lecture doudou, c'est comme se mettre un plaid sur les épaules, ça fait du bien", poursuit Louise, 27 ans, psychologue. "On essuie souvent des échecs sentimentaux dans la vraie vie, et lire ces livres, ça redonne de l'espoir. On se dit que c'est encore possible de rencontrer la bonne personne", dit-elle."Moi parfois j'éclate de rire toute seule en lisant un roman d'Emily Blaine", raconte Adeline, 34 ans assistante maternelle. "Ce sont des héroïnes à la Bridget Jones", confirme Louise. L'humour fait partie des ingrédients, elles sont plusieurs à le dire, qui séduisent les lectrices d'Emily Blaine.Sur le stand, Emily Blaine signe, enchaîne les selfies avec les fans, toujours le sourire, un mot gentil pour chacune. La file est encore longue, mais les fans patientent en papotant, ou en lisant... Emily Blaine !
Tous les livres d'Emily Blaine sont à retrouver sur le site de la collection Harlequin.
Emily Blaine sur les réseaux :
Page Facebook : @EmilyBlaineauteur
Compte Twitter : @BlaineEmily
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