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"Mailman" de J. Robert Lennon : le grand art du fiasco !

Dix ans après sa sortie aux Etats-Unis, "Mailman" arrive enfin en France. Ce gros roman décrit l’errance d’un facteur perclus d’obsessions, aussi névrosé qu’attachant. Un bijou a découvrir en librairie le 20 février.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
J. Robert Lennon auteur de "Mailman"
 (courtesy of the author )

Au premier abord, ce type n’a vraiment pas grand-chose pour retenir notre sympathie. Albert Lippincott a une conception assez particulière du métier de facteur qu’il exerce dans la petite ville de Nestor, Etat de New York : depuis des dizaines d’années, il ouvre le courrier, le photocopie, et tient d’impeccables archives sur les secrets de ses concitoyens. Tout va commencer à se gripper avec le suicide d’un usager, drame qui aurait sans doute pu être évité si une certaine lettre était arrivée à temps…

Albert est malhonnête, pas net du tout. Mais après nous avoir exposé toutes la gamme de son agressivité et de son caractère de cochon, il nous révèle aussi ses fractures, ses obsessions, sa paranoïa, sa dépression, son incapacité à vivre l’amour, ses rapports quasi incestueux avec sa grande sœur…

Nous voilà donc partis pour vivre plus de six cents pages avec un type très bizarre, qui ne se détend jamais, sans pitié pour les autres ni pour lui-même. Sa vie, qui n’a jamais été un modèle de rectitude, commence à se déglinguer sérieusement. Albert colmate, mais ça fuit de partout. Sa quête d’une vague sérénité est très mal engagée.

Panique au Kazakhstan

"Mailman" est un roman étrange, très drôle. Mention spéciale à l’invraisemblable et hilarante séquence au Kazakhstan, où Albert Lippincott, qui n’avait jamais quitté sa ville, se retrouve embarqué pour une mission de deux ans pour les Corps de la Paix.

Tout est noir dans cette comédie qui tourne au vinaigre, récit captivant et d’une intensité rare qui passe allégrement du rire à l’émotion. Comparé – à juste titre – à la cultissime « Conjuration des imbéciles » de John Kennedy Toole, « Mailman » est aussi une chronique impitoyable de l’Amérique, de ses chefaillons, ses barons d’université, de ses centres commerciaux ou ses cités de retraités en Floride. Il était temps que nous découvrions à notre tour cet incroyable bouquin.

"Mailman" de J. Robert Lennon (Editions Monsieur Toussaint Louverture) – 672 pages – 23,50 € - sortie : 20 février 2013

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